Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1811 - Tome 3.djvu/40

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proportions du corps humain, qu’il a gravé d’après ses dessins ; son Martyre de S. Laurent, d’après Le Sueur ; la Peste d’Eaque, et le plafond du Val-de-Grâce, d’après Mignard ; le Martyre de Ste. Agnès, d’après le Dominiquin ; la Femme adultère ; le Pyrrhus ; le Coriolan ; le Baptême du Pharisien, d’après le Poussin, et surtout l’Enlèvement de la Vérité, d’après le même. Les épreuves avant la draperie de cette dernière estampe, sont fort rares. L’académie de peinture, qui avait reçu Audran dans son sein, le nomma un de ses conseillers, en 1681. Un grand sentiment de dessin, fier et correct, un burin souple et ferme, un faire large, une touche savante, qui est toujours celle du maître qu’il traduit, caractérisent les productions d’Audran. On ne saurait, sans injustice, lui contester la supériorité sur tous les graveurs qui l’ont précédé ou suivi : les jeunes gens qui courent la même carrière ne sauraient choisir un meilleur modèle. Girard Audran a traité le genre de l’histoire avec la noblesse et la dignité qui lui conviennent. Sans s’attacher à un servile arrangement de hachures, on remarque dans les parties où il a cru devoir en faire usage, qu’il possédait à fond les principes de son art, et qu’il en connaissait toutes les ressources. Son style, sans avoir ce fini précieux, trop souvent le cachet de la médiocrité, est loin de ce désordre et de cette négligence que l’impuissance de mieux faire voudrait présenter quelquefois comme le résultat du savoir et du goût. Entre ses savantes mains, le burin et la pointe semblent s’être métamorphosés en pinceaux, et en avoir acquis l’empâtement et la suavité. Dans sa marche savante, on reconnaît toujours l’artiste habile qui suit pas à pas la nature, qu’il a étudiée et méditée profondement, et le traducteur fidèle qui a approfondi les secrets de son art. Girard Audran termina sa carrière à Paris, en 1703, universellement regretté, autant pour ses qualités aimables et douces, que pour la supériorité de ses talents. P—e.

AUDRAN (Benoît), fils de Germain Audran, graveur à Lyon, né dans cette ville, le 3 novembre 1661, vint à Paris, à l’âge de dix-sept ans, se mettre sous la direction de Girard Audran son oncle. Entre autres ouvrages estimables qu’il a produits, on remarque les sept Sacrements, du Poussin ; Alexandre malade, peint par Le Sueur, et le Serpent d’airain, de Lebrun. Louis XIV, juste appréciateur des talents, répandit ses bienfaits sur Benoît Audran, comme il l’avait fait sur toute sa famille. L’académie le reçut au nombre de ses membres, et le nomma l’un de ses conseillers, en 1715. Cet artiste mourut à Louzouer, près de Sens, en 1721, dans une terre acquise du produit de ses talents. — Louis, son jeune frère, né à Lyon, en 1670, et mort à Paris en 1712, fut aussi élève de Girard ; dans le nombre de ses productions, on distingue les Œuvres de miséricorde, d’après Bourdon. P—e.

AUDRAN (Jean), autre fils de Germain Audran, neveu et élève de Girard Audran, naquit à Lyon en 1667. Sans avoir atteint, comme son oncle, à la sublimité de l’art, il peut être placé au rang des graveurs habiles. Ses Batailles d’Alexandre en petit ; son Enlèvement des Sabines, d’après le Poussin; son Esther et son Athalie, d’après les Coypel, lui assignent une place distinguée parmi ses confrères. Une vie longue et laborieuse le mit à portée d’exécuter un grand nombre d’ouvrages. Louis XIV lui accorda, en