Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1811 - Tome 3.djvu/52

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intervalle de plusieurs années. Il limita lui-même au terme de dix ans, son autorité, laissant aux circonstances le soin de la renouveler. Il abandonna au sénat la nomination des gouvernements des provinces, à l’exception, cependant, de celles qui étaient exposées aux attaques de l’ennemi, et dans lesquelles se trouvaient rassemblées les légions ; il conserva au peuple le droit de choisir les principaux magistrats. L’esprit de sa politique fut toujours de conserver les anciens noms et les anciennes formes, persuadé que les formes et les noms ont plus d’empire sur l’esprit des peuples, que les institutions elles-mêmes. Un de ses plus grands soins était de rendre sa domination insensible, et de cacher la main qui tenait les rênes du monde ; il rejeta jusqu’aux noms qui pouvaient déplaire, et, sur toutes choses, la qualité de dictateur, détestée dans Sylla, et odieuse dans César même. Le peuple courut au devant d’une autorité dans laquelle il voyait encore quelque chose de l’ancien gouvernement. « A la réserve, dit un moderne, de quelques ames fières que rien ne peut contenter, chacun se faisait honneur de l’apparence de la république, et n’était pas fâché, en effet, d’une douce et agréable domination. » Le règne d’Auguste appartient plus à l’histoire générale qu’à la biographie ; nous nous contenterons d’en retracer un rapide tableau. Il eut plusieurs guerres à soutenir en Afrique, en Asie, et surtout dans les Gaules et en Espagne, où les légions, animées par sa présence, eurent beaucoup de peine à triompher des Cantabres. Ses armes soumirent l’Aquitaine, la Pannonie, la Dalmatie, l’illyrie ; elles continrent les Daces, les Numides et les Éthiopiens. Il fit une alliance avec les Parthes, qui cédèrent l’Arménie, et rendirent les drapeaux enlevés à Crassus et à Antoine. Après avoir pacifié la terre et la mer, Auguste ferma, pour la troisième fois, l’an 744 de Rome, le temple de Janus, qui n’avait été fermé que deux fois avant lui ; mais cette paix ne tarda pas à être troublée par la défaite de Varus, qui perdit trois légions dans une bataille contre les Germains, commandés par Arminius (voy. Arminius), et se tua lui-même après sa défaite. La nouvelle de cet échec affligea vivement Auguste, qui laissa croître sa barbe et ses cheveux, et s’écria souvent, dans ses accès de douleur : « Varus ! imprudent Varus ! rends-moi mes légions ! » Cependant, les Germains furent contenus par Tibère, et cessèrent de donner de sérieuses alarmes au chef de l’empire. Auguste, pendant la paix, fit un grand nombre de réglements utiles, et s’occupa de perfectionner son gouvernement, en corrigeant les abus ; il donna une nouvelle organisation au sénat ; il s’occupa de la réforme des mœurs, surtout dans ce qui concerne les mariages, qu’il encouragea ; il fit aussi des lois somptuaires ; régla la discipline de l’armée, qu’il avait besoin de contenir ; rétablit l’ordre dans les jeux du cirque et dans les spectacles, et travailla à l’embellissement de Rome, qu’il se vanta, avec raison, de laisser de marbre après l’avoir trouvée de brique. Il fit plusieurs voyages, afin de porter partout, selon l’expression de Paterculus, les bienfaits de la paix qu’il avait donnée au monde. Il visita la Sicile et la Grèce, l’Asie mineure, la Syrie, la Gaule, etc. ; fonda, dans plusieurs contrées, des villes et des colonies. Les peuples lui élevèrent des autels, et, par un décret du sénat, le mois de sextilis prit le nom d’Auguste. On conspira deux fois contre la vie d’Auguste ; Cœpio, Murena, Egna-