Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1811 - Tome 3.djvu/55

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sans donner atteinte aux libertés germaniques, attendu le ton impérieux que prenait, pour le faire adopter, le chef de l’Église catholique. L’avis d’Auguste fut suivi par tout le parti protestant. Ce prince mourut le 11 février 1586, après avoir embelli la Saxe de plusieurs édifices publics, et dépensé des sommes considérables à faire bâtir le château d’Augustenbourg ; mais ses finances étaient en si bon ordre, qu’il laissa dans son trésor dix-sept millions d’écus. — Son fils, Christian Ier, lui succéda.B—p.

AUGUSTE II (Frédéric), électeur de Saxe et roi de Pologne, second fils de Jean-George III, électeur de Saxe, et d’Anne-Sophie, fille de Frédéric III, roi de Danemarck, naquit à Dresde, le 12 mai 1670. La nature l’avait doué d’une force et d’une adresse qui le firent réussir, dès sa première jeunesse, dans les exercices du corps, et une éducation très-soignée lui inspira, pour les occupations de l’esprit, un goût dont l’influence se retrouve dans tout le cours de sa vie. La guerre que l’Europe entière faisait alors à Louis XIV, l’appela sur les bords du Rhin, où son père, joint à l’électeur de Bavière, commandait l’armée de l’Empire. Il se distingua dans plusieurs rencontres ; mais l’entreprise des impériaux sur la Franche-Comté n’ayant pas eu de succès, la campagne ne fut que défensive, et le jeune prince n’eut aucune occasion brillante de se faire remarquer. Il n’en apprit pas moins de ses ennemis l’art de la guerre : il devait déjà au séjour qu’il avait fait en France, avant la rupture de la trève de Ratisbonne, cette élégance de ton, ce goût du luxe et des arts qui, dans la suite, firent regarder la cour de Saxe comme la plus brillante d’Europe, après celle de Louis XIV. En 1691, l’électeur son père étant mort, Auguste alla à Vienne, où il se lia d’une étroite amitié avec l’archiduc Joseph, depuis empereur, sous le nom de Joseph Ier. Cette amitié l’attacha pour long-temps aux intérêts de l’Autriche. La mort de son frère aîné, Jean George IV, l’ayant rendu maître de la Saxe, il accepta, en 1695, le commandement de l’armée impériale destinée à repousser les Turks, qui se préparaient à entrer dans la Transylvanie, et se rendit à Péter-Waradin pour marcher de là au secours du comte Vétérani, chargé de garder les passages de cette province. Il arriva trop tard : le comte, battu à Lugos, avait été fait prisonnier, et les débris de son armée rejoignirent avec peine celle de l’électeur, qui, après avoir apaisé les troubles de la Transylvanie, et mis les frontières en état de défense, retourna à Vienne pour demander de nouvelles forces. Dans la campagne suivante, Auguste fit avancer les impériaux, et forma le siége de Temeswar ; mais il fut bientôt contraint de le lever ; les Turks se préparaient à l’attaquer dans ses retranchements. Il les prévint, et engagea avec eux, sur les bords du Begh, une action où la victoire resta indécise ; il fit habilement une retraite difficile, et vint camper, le 30 août 1696, à Oltatsch, où il quitta l’armée pour aller consacrer ses soins, son argent et ses troupes à l’acquisition du trône de Pologne, que se disputaient plusieurs rivaux. Jean Sobieski avait laissé trois fils ; mais la cour de France n’avait pas oublié qu’en 1672 ce prince, ne soupçonnant pas qu’il dût bientôt régner, avait écrit à Louis XIV, an nom des grands de Pologne, « pour lui demander de leur donner pour roi, ou Turenne, ou Condé, ou un prince de Conti, encore enfant, dont Turenne serait le tuteur. » Turenne et Condé étaient morts ; mais le prince de Conti n’était plus en-