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créé par ce héros roi ou chef des Hénioques conjointement avec Rhœcus (Justin, XLII. 3 ; Strabon, liv. XI).

AMPHITHÉE, Άμφιθέα, que l’on nomme aussi Eurydice, femme de Lycurgue, le roi de Némée, et mère d’Ophelte (Apollodore, I, ix, 14). — Le même Apollodore nomme une seconde Amphitée, fille de Pronax, et femme du roi argien Adraste. L’Odyssée (XIX, 416) en mentionne une troisième, femme d’Autolycus et grand’mère d’Ulysse.

AMPHITHÉMIS, Άμφίθεμιζ, fils d’Apollon et de la Crétoise Acacallis, eut de la nymphe Tritonide deux fils, Nasamon et Céphalion, autrement Caphaure (Apollonius de Rh., I, v, 1495 ; Hygin, fab. xiv).

AMPHITHOÉ, Άμφίθόη, ἡζ, fille de Nérée et de Doris. Une Océanide s’appelle Amphiroé. Le sens des deux noms est presque le même : ρέω signifie couler, θέω courir, άμφί, autour. Il y a donc dans ce mot une allusion frappante à cette espèce de ceinture liquide que la mer forme autour des continents. Dans l’esprit des anciens l’image était encore bien plus frappante ; car personne n’ignore que pour eux la terre était un disque, dont l’Océan était la limite circulaire.

AMPHITRITE, Άμφιτρίτη, la plus célèbre des filles de Nérée et de Doris, épousa Neptune après avoir long-temps opposé des refus à ses vœux. Sa répugnance pour le mariage allait à un tel point, qu’elle se réfugia secrètement dans une grotte du mont Atlas, et qu’il fallut que Neptune, pour la retrouver, envoyât à sa recherche le fameux dauphin, que plus tard sa reconnaissance plaça parmi les astres (Eratosthène, Catastérism., 31 ; Apollodore, I, ii, 22 ; Hésiode, Théogonie, 243). Devenue ainsi la première des Néréides et la reine des mers, Amphitrite mit au monde, entre autres fils, Triton (Lycophron, v. 886) et Rhode (Apollod., I, iv, 5 ; Schol. de Pindare, sur v. 25 de la VIIe olympique). — Les anciens ont souvent représenté Amphitrite. Tantôt elle siège entièrement nue sur le char de Neptune (Pausanias, II, 1) ; tantôt elle rase la surface des mers, portée soit par un hippocampe (autrement cheval marin) ou par un dauphin, soit sur un char arrondi en conque légère et traîné par ces mammifères ou ces poissons aux formes bizarres (plusieurs pierres gravées nous la montrent de cette façon). Souvent l’Amour précède l’humide déesse : on sait que l’Amour, ainsi que Vénus, naquit des eaux ; et d’ailleurs, selon le dogme de l’Égypte et la doctrine de l’Ionie, d’où naquit le monde ? des eaux. Amphitrite porte quelquefois à la main un sceptre d’or, emblème de sa haute autorité sur le redoutable élément, ou bien elle s’appuie nonchalamment sur une urne. (Voir le groupe du Musée Pio-Clémentin, IV, 18.) Mais son attribut caractéristique est le homard, dont les deux antennes saillent sur son front (Winckelmann, Monumenti inediti, nos 110 et 45). Dans le premier de ces deux monuments la déesse a de plus un aplustre à la main, et dans le deuxième un génie lui présente un coquillage (le mollusque et le crustacé, voilà les indices les plus sûrs d’eaux marines et d’eaux profondes). Au reste on doit être fort circonspect toutes les fois qu’il s’agit de reconnaître Amphitrite sur des monuments anciens. Thalassa, Doris, Téthys, toutes divinités qu’il faut se garder de confondre ou d’identifier avec elle, même la dernière, peuvent se présenter avec des attributs à peu près semblables. Vénus-Marine n’en diffère pas moins. La femme a extrémités pisci-