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Religion catholique en France, ou de l’Etat présent et de l’Avenir de l’Eglise de France. Quelques critiques reprochèrent à l’auteur d’avoir trop rembruni ses couleurs. L’avenir s’est chargé de le justifier. Nous ne blâmerons pas un pieux évêque d’avoir montré dans cet écrit une foi vive, un profond attachement à la religion et un ardent désir de la voir recouvrer son empire sur les coeurs. D—s—e.

THARREAU (le baron Jean-Victor), général français, né vers 1770, dans un village de l’Anjou, près de Chollet, d’une famille considérée, fit d’assez bonnes études, et venait de les achever, lorsque la révolution commença. Plein d’enthousiasme pour la guerre, il s’enrôla en 1792, dans un bataillon de volontaires nationaux du département de Maine-et-Loire, dont il devint bientôt l’adjudant-major, puis le commandant. Dès le commencement de 1794 il était général de brigade et chef d’état-major de l’armée des Ardennes. C’était le temps de l’horrible terreur qui désola si cruellement la France. Tharreau n’en approuva pas les excès, et il le témoigna assez haut pour que les représentants du peuple en mission près de cette armée crussent devoir le priver de son emploi. Il ne le recouvra que par la chute de Robespierre, après le 9 thermidor. S’étant alors rendu dans la capitale, il y fit connaissance de Bonaparte qui, se trouvant dans une position semblable à la sienne, lui donna de fort bons conseils. Tous deux rentrèrent dans leur grade à la même époque ; et, lorsque Napoléon allait débuter en Italie dans sa brillante carrière, Tharreau se rendit à l’armée du Rhin sous les ordres de Moreau. Il s’y distingua surtout dans la fameuse retraite de 1796, où on lui donna le commandement d’une division, bien qu’il ne fût que général de brigade. Chargé de flanquer l’aile droite ; souvent privé de communications et forcé de combattre à la fois les corps autrichiens de Frœlich et de Wolf, qui furent encore renforcés par celui du comte de Saint-Julien, il prouva que les talents et la valeur peuvent quelquefois suppléer au nombre. Après s’être éminemment distingué à la prise et reprise de Kempten, et au combat de Ravensbourg, il ramena en France sa division, couverte de gloire et n’ayant fait que de légères pertes. Il fut un des généraux chargés de la défense de Kell. On sait ce que fut la longue résistance de cette place à des forces de beaucoup supérieures. Tharreau y eut une grande part. Cependant ce ne fut que deux ans plus tard, en 1799, qu’il obtint le grade de général de division, et qu’il se rendit en cette qualité à l’armée d’Helvétie, sous les ordres de Masséna qu’il seconda merveilleusement aux batailles de Zurich et de Winterthur, où il commandait quatre divisions. Après cette glorieuse campagne, Tharreau passa au commandement supérieur de Strasbourg qu’il conserva jusqu’en 1800, où Moreau lui donna un nouveau témoignage d’estime, en l’appelant au conseil qui fut chargé d’arrêter le plan de la belle campagne que termina la victoire de Hohenlindem, à laquelle il eut encore une très-grande part. Ce fut à cette époque que commencèrent les secrètes divisions qui devaient avoir, entre les armées du Rhin et d’Italie, des résultats si funestes. Tharreau, très réservé par