Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1811 - Tome 84.djvu/71

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réchal de France, à la première promotion, mais avant l’exéculion de cette promesse, le comte de Thiard mourut, en novembre 1701, à Toul, dont son fils, depuis cardinal, était évêque et lui administra les sacrements. Le comte de Bissy, comme tous les membres de sa famille, cultiva les lettres autant que ses fonctions militaires le permirent. Il était fort lié avec le poète Santeuil, qui fit pour lui le distique latin qui se trouve encore aujourd’hui sur le frontispice du château de Pierres, restauré en 1672. Il a laissé un journal manuscrit de son expédition de Hongrie, où l’on trouve des détails assez curieux sur les usages de cette époque. Dans la narration qu’il donne du retour des troupes françaises, après la paix qu’amena la bataille de Saint-Gothard, il dit: « l’Empereur voulut faire des présents à tous les officiers de l’armée française et, quand il fut expliqué qu’il voulait donner de l’argent, on lui fit dire que les troupes du roi n’en prenaient jamais que de leur maître ; ce qui engagea l’empereur à les défrayer dans toute l’étendue de ses Etats par lesquels elles devaient passer. Il envoya des commissaires qui faisaient fournir les vivres nécessaires dans tous les endroits de la route. » Dans ses mémoires Saint-Simon, ennemi déclaré du cardinal de Bissy, et par conséquent de son père, s’exprime ainsi sur son compte : « Le vieux Bissy, ancien lieutenant général et commandant depuis longtemps en Lorraine et dans les Trois-Evêchés mourut à Metz (c’est à Toul) fort regretté pour son équité, sa discipline et la netteté de ses mains, » preuve que c’était alors, comme aujourd’hui, chose rare. Le comte de Bissy eut un grand nombre d’enfants, outre le cardinal, Claude de Thiard, tige de la branche des comtes de Bissy ; Ponthus-Auxonne de Thiard, colonel de cavalerie, tué à la bataille d’Hochstett en 1704 ; un abbé de Saint-Faron de Meaux, Claude de Thiard, grand’croix de Saint-Jean de Jérusalem, grand-prieur de Champagne. Son fils aîné, Jacques de Thiard, marquis de Bissy, naquit en 1649 ; en 1676 il obtint le régiment de son père. Brigadier en 1693 ; gouverneur d’Auxonne en 1701, après la mort de son père, lieutenant général en 1704, il fit toutes les campagnes de cette époque, quitta le service en 1704, par suite d’un démêlé avec le ministre Chamillard, et mourut le 2 janvier 1744. J. de Thiard avait épousé en 1681, Marguerite de Haraucourt, seule héritière de cette illustre famille, qui mourut en couche l’année suivante et lui laissa une grande fortune.M—dj.

THIARD (Anne-Louis de), marquis de Bissy, fils de Anne-Claude et de Thérèse de Chauvelin, naquit à Paris le 6 mai 1715. Mousquetaire à quinze ans, il eut une compagnie dans le régiment de Villars cavalerie, qu’il rejoignit au camp de la Saône. A dix-sept ans il fut nommé colonel du régiment d’Anjou cavalerie ; servit en cette qualité à l’armée du Rhin et se trouva au siége de Philisbourg. En 1736, il obtint la charge de commissaire-général de la cavalerie, l’une des plus importantes de l’armée, en remplacement du marquis de Clermont-Tonnerre, nommé mestre-de-camp général de cette arme ; et, le même jour, il fut nommé brigadier des armées du roi. La guerre s’étant rallumée en