Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1811 - Tome 84.djvu/78

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occasion, qu’il redoutait les Grecs, même quand ils lui faisaient des présents. Ce présent, que lui fit la Restauration, ajouta beaucoup à sa fortune déjà si considérable, et dont il ne faisait guère usage que dans l’intérêt de son parti, soit à la ville, soit à la campagne, où il habitait son magnifique château de Pierres. Plusieurs de ses collègues y avaient un appartement. Celui de Benjamin Constant portait le nom de ce député, et il l’a conservé longtemps après sa mort. Réélu plusieurs fois, le comte de Thiard était encore membre de la chambre des députés en 1848. Alors il fut nommé envoyé de la République française en Suisse, où il resta jusqu’à la révolution de 1852. A cette époque, il revint à Paris, où on le vit exprimer des opinions tout à fait différentes de celles qu’on lui avait vu professer jusqu’alors, et se vanter hautement d’avoir fait célébrer un service à la mémoire de Louis XVI, le 21 janvier 1853. Il mourut en 1854, dans son hôtel de la rue Jean-Goujon, aux Champs-Élysées, après avoir rempli ses devoirs de religion et demandé à Dieu pardon de ses erreurs. M—dj.

THIBAUDEAU (Antoine-René, Hyacinthe), député aux états généraux de 1789, était avocat à Poitiers, et par conséquent fort enclin à la révolution, lorsqu’il fut nommé député du tiers-état par la sénéchaussée du Poitou. Doué de facultés oratoires assez distinguées. il marqua cependant peu dans cette assemblée, où on le vit constamment voter avec le parti révolutionnaire, dont toutefois il n’adoptait pas les principes exagérés. Revenu après la session dans sa province, qui était devenue le département de la Vienne, il y fut élu président du tribunal criminel. En 1793, il remplissait les fonctions de procureur général, dans lesquelles il eut souvent occasion de manifester son caractère de modération et de prudence, ce qui le compromit plusieurs fois avec les hommes sanguinaires de cette époque, surtout après la révolution du 31 mai. Il fut alors accusé, ainsi qu’un de ses fils, de favoriser le parti de la Gironde qui avait été vaincu. Incarcéré comme suspect, son fils aîné, qui siégeait alors à la Convention nationale se crut obligé de prendre sa défense. Il est probable que ce fut à ce zèle filial que celui-ci dut son salut. Ce ne fut toutefois qu’après la mort de Robespierre, au 9 thermidor, qu’il recouvra la liberté. Après la révolution du 18 brumaire, où son fils avait joué un des principaux rôles, Antoine Thibaudeau fut nommé président du tribunal d’appel de la Vienne, et deux ans plus tard appelé au corps législatif par le sénat conservateur. C’est alors qu’il fit une chute grave dont il pensa mourir. Rentré dans la vie privée, il retourna à Poitiers et y mourut vers 1804. On a de lui un ouvrage peu connu sous le titre d’Abrégé de l’histoire du Poitou, Paris, 1788, 6 volumes in-12. Z.

THIBAUDEAU (Antoine-Claire), conventionnel, conseiller d’État, préfet, sénateur. — Chaque jour voit disparaître quelques-uns des derniers membres de la convention nationale, et Thibaudeau, je crois, en termine la liste ; sombre cortége aux funérailles de la maison de Bourbon. Qui peut nier la culpabilité des régicides ? mais ceux-là furent plus coupables encore qui préparèrent par leurs doctrines la révolution elle-même : les