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pieux ; on avait aussi représenté leur dévouement sublime sur un des bas-reliefs qui ornaient le temple d’Apollone à Cyzique. C-r.


ANASTASE Ier (Saint), élu pape en 398 ou 399, succéda à Sirice. Il réconcilia les deux Églises d’Orient et d’Occident. Une traduction du traité des Principes d’Origène, par Rufin, excita son zèle, et il le condamna, ainsi que l’avait fait St. Jérôme. Anastase mourut en 402, regrette par cet illustre Père de l’Église. On a de ce pontife deux épitres dans les Epist. rom. Pontif. de D. Constant, in-fol. Le recueil d’Isidore contient de fausses Décrétales sous le nom de ce pape. On lui attribue quelques règlements, entre autres celui qui défend d’ordonner prêtres les hérétiques convertis, et un autre, pour défendre l’entrée dans le clergé à ceux qui viendraient d’outremer, à moins qu’ils n’eussent par écrit le témoignage de cinq évêques ; ce qui prouve qu’à cette époque, un grand nombre d’hérétique, venus principalement de l’Orient, faisaient de leur conversion une espèce de trafic. Sa vie fut très-exemplaire ; il gouverna avec beaucoup de sagesse, et maintint la discipline ecclésiastique avec zèle. Il mourut en 402, après avoir occupé le saint-siége un peu plus de 3 ans. D-s.


ANASTASE II, Romain, élu pape le 28 novembre 496. Il eut à combattre l’arianisme, qui était protégé par l’empereur d’Orient, Anastase Ier. Il envoya des légats, et écrivit à ce prince, pour faire ôter des sacres dyptiques le nom d’Acace, dernier patriarche de Constantinople. Il félicita, par écrit, Clovis sur sa conversion à la foi catholique. On a de lui une lettre touchant les différends qui partageaient les Églises de Vienne et d’Arles. Ces écrits sont contenus dans le recueil de conciles de Labbe. Baluze a publié, en outre, des fragments d’une autre lettre relative aux hérésies de l’Église d’Orient. Ce pape mourut le 17 novembre 498. D-s.


ANASTASE, antipape en 855. Voyez Benoit III.


ANASTASE III, élu pape en 911, après Sergius III. Il est loué pour la douceur de son gouvernement, qui ne dura que 2 ans et quelques mois. C’est tout ce que l’histoire nous en apprend. D-s.


ANASTASE IV, élu pape le 9 juillet 1153, après Eugène III. Son nom était Conrad ; il était Romain, évêque de Sabine, et cardinal. Élevé sur le siége de St-Pierre, dans un âge très-avance, il n’y resta qu’un an et cinq mois. Il favorisa l’ordr- naissant de St-Jean de Jérusalem. C’était, dit Fleury, un vieillard de grande vertu et de grande expérience dans les affaires de la cour de Rome. Nous avons neuf lettres de ce pontife dans le recueil de Labbe. D-s.


ANASTASE. Deux saints, deux écrivains ecclésiastiques de ce nom, placés à un siècle d’intervalle, on été souvent confondus en un seul personnage. ─ Le premier, élevé, en 561, sur le siége d’Antioche, se déclara avec beaucoup de zèle contre les hérétiques qui soutenaient que Jésus-Christ, pendant sa vie mortelle, avait une chair incorruptible et impassible. L’empereur Justinien, qui les protégeait, était sur le point de faire sentir à Anastase les effets de son ressentiment, lorsqu’il mourut. Justin le Jeune, son successeur, exila Anastase pour la même cause. Rappelé sous Maurice, il vécut paisiblement dans son église, jusqu’à sa mort, arrivée cinq ou six ans après son retour. Anastase avait traduit en grec, à la prière de ce dernier empereur, le Pastoral de St. Grégoire, pour l’usage des églises d’Orient, et composé, contre les incorruptibles, un traité dont les anciens louent la solidité et l’élégance. Il ne nous reste de lui que trois discours dans l’Auctuarium de Combelis, et cinq dans les Antiquæ Lectiones de Canisius. — Le second Anastase, surnommé Sinaïte, parce qu’il était moine du mont Sinaï, sortit souvent de sa solitude pour combattre les acéphales, les sévériens et les théodosiens d’Égypte et de Syrie. Il vivait encore en 678. Nous avons de lui : 1° Odegos, ou le Guide du vrai chemin. Cet ouvrage est dirigé contre les cutychiens, et il contient d’excellentes règles pour prémunir les fidèles contre la séduction de tous les hérétiques. Gretser l’a publié en grec et en latin, Ingolstadt, 1606, in-4o, rare ; il se trouve, en latin seulement, dans les œuvres de ce jésuite. Richard Simon pensait que ce n’est pas le véritable ouvrage d’Anastase, et il avait promis de le faire imprimer sur les manuscrits ; mais il, n’a pas exécuté ce dessein. 2° Considérations anagogiques sur l’Hexameron. Les onze premiers livres étaient dans la Bibliothèque des Pères, en latin seulement. Allix, s’étant procuré le 12°, crut y trouver des choses contraires au dogme de la transsubstantiation ; il le publia en grec et en latin, de la traduction d’André Dacier, Londres, 1682, in-4o. 3° Les Cent cinquante-quatre Questions et Réponses, qui ne sont qu’une compilation de passages des Pères et des conciles sur la vie spirituelle. Il y a des auteurs qui les attribuent à Anastase de Nicée, ou même à un écrivain du 11e siècle. Gretser les données, dans les deux textes, Ingolstadt, 1617. Elles ont été insérées, en latin seulement, dans les œuvres de l’éditeur, et dans la Bibliothèque des Pères. On n’a pas même eu soin, dans cette dernière collection, de distinguer du texte les notes de l’éditeur. 4° Des sermons, à la suite de la Philocalie d’Origène, Paris, 1618, dans lesquels respire une piété affectueuse. Anastase avait composé d’autres ouvrages contre les juifs et contre les hérétiques de son temps, qui sont restés inédits. T-d.


ANASTASE Ier, empereur de Constantinople, né à Dyrrachium, vers l’an 430, remplissait les fonctions obscures de silentiaire prés de l’empereur Zénon, lorsque ce prince, détesté de ses sujets, perdit la vie l’an 491. Ariadne, sa veuve, que la plupart des historiens ont accusée de cette mort, entreprit aussitôt de faire franchir à Anastase l’intervalle qui le séparait du trône, et que l’amour de sa souveraine, suivant les mêmes auteurs, avait oublié depuis longtemps. On peut remarquer cependant qu’Anastase, à soixante et un ans, n’était plus en âge d’inspirer une violente passion ; il était presque chauve, et avait un œil noir et l’autre bleu, ce qui le fit surnommer Dicore. Le sénat, le peuple et l’armée secondèrent d’ailleurs les vues de l’impératrice. Longin, frère de Zénon, qui seul pouvait les traverser, s’était attiré la haine générale par son immoralité et son abrutissement ;