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ler en Moscovie, faire des propositions pour rétablissement du commerce français à Narva. Il avait ordre de passer en Danemarck, et de traiter avec le roi pour le droit de passage par le Sund, et d’aller aussi en Suède, pour la liberté du passage par les mers voisines. Il fut reçu avec les plus grands honneurs par le grand-duc de Moscovie, qui le chargea pour Louis XIII d’une lettre dans laquelle il se plaint de ce que le roi de France ne lui a pas domié dans la sienne tous les titres qui lui sont dus, et flnit par accéder aux propositions qui lui étaient adressées. On a sous le nom de Deshayes : 1° Voyage du Levant, faítpar lecommandementduroien 1621, par le sieur D. C. (de Courmemin), Paris, 1621, in-4°. Cette relation fut publiée par ordre du roi. Dans la 2° édition, qui parut en 1629, l’éditeur avertit que l’auteur y a ajouté plusieurs choses notables observées en un troisième voyage que depuis deux ans il a fait à Constantinople par la Grèce. Il y en a une 3° édition, Paris, 1643, in-»1’. Dans ce livre, il est toujours question de Deshayes à la troisième personne. L’auteur, dont on ignore le nom, mais qui était secrétaire de Deshayes, avait accompagné cet envoyé dans trois voyages au Levant, tous faits, jusqu’à Constantinople, par des routes différentes qui y sont décrites. Il donne des détails intéressants sur la Hongrie, dont une partie était alors au pouvoir des Turcs ; sur Constantinople, sur la cour du Grand-Seigneur, et l’administration de l’empire ottoman ; le voyage de Constantinople à Jalla contient des notes curieuses sur Smyrue, les îles de Rhodes, et de Chypre. La description de Jérusalem, celle des lieux saints, et de plusieurs endroits de la Galilée, ont toujours été regardées comme unissent l’exactitude à la clarté. M. de Châteaubriand, dans son Itinéraire de Paris à Jérusalem, a inséré en entier la description du saint sépulcre par Deshayes. Il la regarde comme la mieux faite de toutes celles qui ont été publiées par les voyageurs qui ont visité les saints lieux. L’ourage est accompagné de quelques figures, et d’un plan de Jérusalem, qui est encore le plus exact que nous ayons de cette ville. Duval, dans un Atlas où il trace les routes de plusieurs voyageurs modernes, a cousacré deux cartes au Voyage de Deshayes ; 2“ Voyages au Danemarck, enrichis d’annotation-ns par P. M. L., Paris, 1664, in-12. C’est la relation du voyage entrepris en 1629. On qualilie Deshayes, dans le titre, de baron de Cotumesvin, ce qui est inexact. Deshayes alla par mer jusqu’à Elseneur. Nkyant pas trouvé le roi Christian IV à Copenhague, il alla joindre ce prince à Eutin dans le Holstein. Il obtint, pour huit ans, la diminution de droits qu’il était chargé de demander et s’embarqua à Lubeck, pour retourner à Copenhague. Le narrateur donne ensuite une courte notice des États danois, et en particulier des îles de Zélande, de Fionie, des duchés de Holstein et de Sleswig, de la ville de Lubeck, et de quelques petites îles des parages voisins. On y lit aussi des particularités curieuses sur Christian IV, et sur sa cour. Les noms danois et 9

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allemands y sont tellement défigurés, que l’on a peine à les reconnaître. Deshayes se joignit dans la suite aux ennemis du cardinal de Richelieu, qui avait refusé de le charger d’une négociation avec la Suède. Arrêté en Allemagne, où il cherchait à emprunter de l’argent sur les pierreries de la reine mère, et à obtenir quelques secoius de l’empereur, il l’ut amené en Languedoc, où se trouvait la cour. et décapité à Béziers en 1632. Il montra beaucoup de faiblesse, et reçut la mort en versant des torrents de lariñes. E-s.


DESHAYS (Jean-Blrrisra), peintre, naquit à Rouen, en 1729. Ayant montré un goût décidé pour le dessin, son père lui en donna les premiers principes. Colin de Vermont fut ensuite son maître ; il le quitta, pour entrer dans Patelier de Restout. Il ne tarda pas à s’y faire remarquer par ses heureuses dispositions pour la peinture. Il n’était encore qu’élève, lorsqu’il fit le tableau représentant la Femme de Putiphar. Les amateins et les artistes prévirent, dès ce début, que Desbays était appelé ä de plus grands succès. En etfet, il obtint, en 1751, le premier prix de l’Académie de peinture. Ce succès lui procura l’avantage d’être admis dans l’atelier de Vanloo. Deshays reçut pendant trois ans des leçons de cet artiste. Le premier des tableaux qu’il composa dans cette école, représente Loth et ses filles ; le second, Psyché évanouíe ; le troisième Cephale enlevé par PA urofe. Rome, terre classique des beaux-arts, Rome, où se trouvent réunis les chefsd’œuvrc des peintres dont s’honore l’Italie, Rome est la première école du monde pom* les talents ; c’est là seulement qu’on trouve les admirables modèles de l’antique, et les belles productions sorties du pinceau des artistes ; depuis le pontificat de Léon X. Deshays se rendit donc dans la mère patrie du goût ; mais le chagrin d’être éloigné des bords de la Seine, le poursuivit sur les bords du Tibre. La vue de tant de chefs-d’œuvre nouveaux pour lui, l’amour de son art, l’ambition d’atteindre à la perfection dont les modèles étaient sans cesse devant ses yeux, parvinrent enfin à rendre moins amer l’ennui dont il se sentait dévoré. De retour dans sa patrie, il épousa la fille aînée de Boucher, et fut reçu en 17ä8 àl’Académie royale de peinture. Son tableau de réception représentait Vénus wrsant sur le corps d’Hector›une essence divine pour le garantir de la corruption. Cet ouvrage marqua la place de Deshays parmi les meilleurs peintres de son temps. Il ne s’écoulait pas d’année, que les tableaux qu’il exposait au Louvre n’ajoutassentã sa réputation, quand une chute funeste, et qu’occasionna sa mort, vint tout à coup l’enlever aux arts à l’âge de 34 ans. Quoique ravi si jeune à la peinture, dont il promettait d’être un des plus dignes soutiens, lleshays a laissé plusieurs tableaux qui doivent être comptés au nombre des bons ouvrages de l’école française ; ceux qui représentent l’Étude, Jupiter et Antíope, le Comte de Comminges, et le martyre de St. André, sont du nombre ; mais, de tous les tableaux de Deshays, il n’en est