Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 10.djvu/521

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son opéra de Sudmer, sur la pièce d’Abdir de Sauvigny, lequel opéra, reçu dès 1783, se trouvait depuis cette époque entre les mains d’un des plus habiles compositeurs français. En 1787 il fit jouer au Théâtre-italien la Fille garçon, opéra en 2 actes, dont la musique était du fameux St-Georges. Desmaillot, d’un caractère indépendant et aventureux, embrassa les principes de la révolution avec beaucoup de chaleur. S’étant fait recevoir au club des Jacobins, il s’y montra l’un des orateurs les plus furieux. Cependant, ayant été chargé d’une mission en 1792 dans le département du Loiret, il s’y conduisit avec assez de sagesse, s’opposa de toutes ses forces aux mesures de rigueur ordonnées par Léonard Bourdon, et fut assez heureux pour obtenir la liberté de plusieurs personnes arrêtées pour cause d’opinion, entre autres d’Aignan, qui plus tard devait lui rendre le même service. Pendant toute la durée de la terreur, Desmaillot ne cessa d’être employé dans les comités ou envoyé dans les départements avec des pouvoirs plus ou moins étendus ; mais il fut un des commissaires de la convention les plus accessibles à la pitié ; et plusieurs fois il eut à se défendre du reproche d’être modéré. Après la journée du 9 thermidor, il fut arrêté par l’ordre de Tallien, qu’il accusait d’avoir, par la mort de Robespierre, préparé le rétablissement de la monarchie[1]. Quelques jours après le 18 brumaire, il reçut du nouveau gouvernement l’ordre de sortir de Paris. Ayant refusé d’obéir, il devint l’objet d’une surveillance spéciale de la police, et fut mis en prison trois jours avant l’explosion de la machine infernale (décembre 1800) ; mais comme il put facilement prouver qu’il n’avait aucune connaissance de cette conspiration, Bourrienne le fit mettre en liberté. Quelques mois après, il fut reconduit à Ste-Pélagie ; et, quoiqu’on ne pût lui reprocher que des liaisons suspectes ou des propos indiscrets, il y resta quatre ans, privé de toute communication avec l’extérieur, manquant de tout ce qui pouvait l’aider a supporter son isolement, mais désolant ses gardiens par ses bons mots et son inépuisable gaieté. Aignan, qui commençait à jouir de quelque crédit à la cour impériale, ayant connu la triste situation de Desmaillot, y prit un vif intérêt et vint à bout de le faire rendre à la liberté. Soupçonné d’être entré dans le complot du général Malet, son compatriote (voyez Malet), il fut arrêté de nouveau en 1808 ; et après l’avoir tenu dans un cachot de la Force au secret pendant près d’un an, voyant qu’on ne pouvait tirer de lui aucun aveu, Fouché le fit transférer à la Conciergerie. Quoique alors affaibli par l'âge, tourmenté de la goutte et affligé de di


DES

verses infirmités, suite des excès de sa jeunesse, Desmaillot n’avait rien perdu de sa gaîté naturelle. Il composait dans sa prison des vers et des pièces de théâtre, faisait de la musique, et cherchait à ranimer ou à maintenir le courage de ses compagnons d’infortune par l’espoir d’un meilleur avenir. Il ne sortit de prison qu’en 1814, après la chute du gouvernement impérial ; et ce fut pour entrer dans un hospice, où il mourut le 18 juillet de la même année, à 67 ans ; il en avait passé plus de dix en état de détention. On ne peut refuser à Desmaillot de l’imagination ; mais c’était sa qualité principale, et, dans sa conduite comme dans ses écrits, il a manqué de jugement et de raison. Comme auteur dramatique, on a de lui : Célesline, opéra-comique en 3 actes, joué au Théâtre-Italien en 1787[2]. — La Fille garçon, 1787. Le Congrès des rois, 1794. — Figaro, directeur de marionnettes[3]. — Madame Angot, ou la Poissarde parvenue, comédie en 2 actes, 1797. — Le Mariage de Nanon, ou la Suite de Madame Angot, comédie en 1 acte, 1797. — La Chaumière, comédie en 1 acte, 1797. — La petite Maison de Proserpine. — Le Repentir de madame Angot, ou le mariage de Nicolas, comédie en 2 actes, 1800. Desmaillot, peu de semaines avant sa mort, a publié : Tableau historique des prisons d’État en France, sous le règne de Bonaparte, Paris, 1811, in-8o. C’est un pamphlet dont le but est de prouver que le nombre des détenus pour cause politique était beaucoup plus grand qu’on ne le croyait, et qu’ils étaient traités avec la plus grande rigueur. On trouve une courte notice sur Desmaillot dans le Petit Album franc-comtois. M. Nodier en parle dans ses Souenirs de la révolution. W-s.


DESMAISEAUX (Pierre), né en Auvergne en 1666, mourut à Londres en juin 1745. Les particularités de sa vie ne nous sont pas connues. Nous savons seulement qu’il fut membre de la société royale de Londres, et lié avec plusieurs hommes de lettres, surtout avec Bayle et St-Èvremont. On a de Desmaiseaux, entre autres ouvrages : 1° la Vie de Boileau Despréaux, Amsterdam, 17 1 2, in-12 ; 2° Vies de Jean Hales et de Chillingworth, en auglais, Londres, 1710, 1725, in-8o ; 3° Recueil, en anglais, de plusieurs pièces del. Locke, 1720, in-8o ; 1° Recueil de diverses pièces sur la philosophie, la religion naturelle, l’histoire, les mathématique, par Leihnitz, Clarke, Newton ; Amsterdam, 1720, 1740, 2 vol. in-12 ; 5° Vie de St-Evremont, sans date ni nom de lieu, in-4o ; La Haye (Rouen), 1711. 1726, in-12 : cette vie se trouve aussi en tête des œuvres de St-Évremont, 1700, 3 vol. in-1° ; 1’351 8 vol. in-12 ; Amsterdam (Paris), 1710, 10 Wlin-t2. Desmaiseaux avait publié, en 1706 et 1708, les Mélanges curieuse de St-Evremont, 2. vol. in-12-6° œuvres diverses de Bayle, La Haye, 1727-1731,

  1. Tallien, dans un discours à la convention, séance du 31 dècembre 1791, aprés avoir expliqué sa conduite et les motifs de la haine que lui portaient les Jacobins, s’ecria : « Vous m'entendez, vous qui êtes là haut... Allez dans les prisons, vous y verrez les Desmail1ot... qui tramaient ma perte (Moniteur du 2 janvier 1793. p.427)- Ève avait pris le nom de Desmail1ot, lorsqu’il se fit comédien. Pendant la révolution il ne signa plus que Mail1ot, par haine pour tout ce qui pouvait rappeler les corps privilégiés.
  2. Cette pièce est indiquée dans l’Almanach du spectacles sous le nom de Magnitot.
  3. On ne cite cette comédie que d'après le Petit Album francc-comtois.