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commandement d’une division sous les ordres de Mack. On connaît la malheureuse issue de cette courte campagne. Le corps du comte de Damas fut le seul qui, dans la retraite, ne se déshonora point par une honteuse précipitation. Poursuivi sans relache, blessé d’un coup de feu à la bouche, et ne pouvant plus parler, il excitait encore ses soldats par ses gestes et son exemple. En 1801 il commandait un corps napolitain dans les États de Rome, quand le mouvement rétrograde de l’armée autrichienne qui devait le soutenir le força de faire lui-même une retraite qui ne fut ni moins difficile, ni moins honorable que celle de 1798. La paix ayant été rétablie, le comte Roger se retira à Vienne, où il passa trois ans, environné de l’estime et de la considération de tout ce qu’il y avait de plus distingué dans cette capitale, et il ne s’en éloigné qu’en 1805, lorsque le roi de Naples, entraîné dans une nouvelle coalition, dut, après la défaite d’Austerlitz et d’imprudentes démonstrations, supporter tout le poids de la colère du vainqueur (voy. FERDINAND IV). Cette fois ce fut encore le comte de Damas qui, presque seul, soutint l’honneur des armes napolitaines. Retiré dans le fond de la Calabre, il y défendit le terrain pied à pied, et ne s’embarqua avec ses troupes pour la Sicile que quand la défection des habitants, sur lesquels il devait compter, lui eut ôté tout moyen de résistance. Arrivé à Palerme, il reçut du roi et de la reine l’accueil le plus touchant. Mais voyant bientôt cette cour dominée par les Anglais, et ne pouvant plus la servir de son épée, il se rendit encore à Vienne, où il attendit des temps plus heureux. Ce ne fut qu’en 1814, lorsqu’il vit son ancien protecteur, le comte d’Artois, près de rentrer en France, qu’il accourut auprès de lui. Il rejoignit ce prince à Nancy, et l’accompagna dans la capitale. Ayant alors recouvre tous ses titres, et pourvu du grade de lieutenant général, il reçut le commandement de Lyon. Il s’y trouvait en mars 1815, époque où Napoléon revint de l’île d’Elbe. Après avoir fait de vains efforts pour maintenir les troupes dans le devoir et assuré la retraite de Monsieur, le comte de Damas revint à Paris, et il suivit le roi dans la Belgique. Il reçut ensuite de ce prince une mission en Suisse, et fut destiné à commander les régiments qui, ayant refusé de prêter serment à Napoléon, étaient retournés dans leur patrie ; mais le gouvernement helvétique, qui avait besoin de ces troupes, ne voulut pas consentir à leur éloignement, et M. de Damas rentra en France avec l’armée autrichienne. Nommé aussitôt après membre de la chambre des députés par deux départements à la fois, celui de la Côte-d’Or et celui de la Haute-Marne, il siégea peu dans cette chambre, le roi l’ayant renvoyé dans son gouvernement de Lyon. Il était dans cette ville lorsque les troubles de Grenoble s’y communiquèrent, et il contribua beaucoup par sa fermeté à les réprimer. Revenu dans sa famille peu de temps après, il mourut au château de Cirey, en septembre 1823.

M-D j.

DAM


DAMAS (FRANÇOISTIENNE), général français, né à Paris le 22 juin 1764, fit ses études au collège d’Harcourt. Comme Kléber, dont il devait un jour partager la gloire, il se destinait à l’architecture, lorsqu’à l’approche des dangers auxquels la révolution allait exposer la France. il quitta l’équerre et ceignit l’épée. Ses connaissances mathématiques, et ses talents comme dessinateur, le firent choisir pour aide de camp par le général du génie Meunier, qui l’emmena à l’armée du Rhin, alors commandée par Custine. Pendant le siège de Mayence, auquel il prit la part la plus active, il fit tomber à ses côtés, dans une sortie, son général, mortellement atteint. Pen de temps après, il fut nommé adjudant général. Kléber, avec lequel il s’était lié dans Mayence, le prit pour son chef d’état-major, lorsqu’il fut appelé au commandement du corps de troupes envoyé à l’armée des côtes de Brest. Il contribua beaucoup à l’organisation de ce corps, fut élevé au grade de général de brigade, et rejoignit Kléber, investi du commandement de l’armée qui bloquait Mayence sur la rive gauche du Rhin. Ce général s’étant retiré en Alsace pour rétablir sa santé, Damas eut le commandement de la brigade de gauche, repoussa plusieurs sorties tentécs contre les lignes du blocus et prit part aux attaques dirigées contre la place. En 1795, il se rendit à l’armée de Sambre-et-Meuse, qui, sous les ordres de Jourdan, allait effectuer le passage du Rhin. À la tête de la brigade d’avant-garde de la division Lefebvre, formant la gauche du corps aux ordres de Kléber, Damas passe le Rhin, enlève à la baïonnette la position occupée par les Autrichiens, et, frappé d’une balle à la jambe gauche, tombe en montrant à l’armée le chemin de la victoire[1]. À peine rétabli de sa blessure, il reçoit le commandement de l’une des brigades de la division Championnet ; force le passage du Rhin vis-à-vis de Neuwied le 2 juillet 1796 ; enlève cette position de vive force et fait sa jonction sur la Sayuback avec Bernadette, qui le même jour avait aussi passé le fleuve au-dessous de Coblentz. Pendant cette campagne, il dirigea avec une grande habileté plusieurs corps détachés, assista aux combats de Butzbach, de Friedberg, de Forcheim, d’Amberg, de Wurtzbourg, de Banberg, et commanda l’arrière-garde depuis, le départ de l’armée des rives de la Naab jusqu’à son arrivée sur le Rhin. En 1798, il quitta Championnat pour aller exercer encore une fois les fonctions de chef d’état-major de Kléber, à qui venait d’être confié le commandement de l’aile gauche de l’armée d’Angleterre. L’expédition ayant changé de destination, Damas suivit Kléber en Orient, et prit une part aussi active que glorieuse aux mémorables campagnes d’Égypte et de Syrie. Kléber, blessé dans l’assaut d’Alexandrie, laissa le commandement de sa division au général Dugas. Damas en suivit tous les mouvements, s’empara de Rosette,

  1. Expressions de Jourdan dans son rapport officiel.