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vices lui avaient mérité le cordon de St-Michel. Il n’a laissé aucun écrit. — Bertrand Dern, médecin de la Faculté de Toulouse, né dans le diocèse de Comminges, a traduit de l’anglais de Daniel Coxe un ouvrage intitulé : Nouvelles Observations sur le pouls intermittent, Amsterdam et Paris, 1761, in-12. Il a ajouté à l’original une préface en forme de lettre, et des notes critiques et `judicieuses. R—n-iv.
DUPUY (Louis, secrétaire perpétuel de l’Académie
des inscriptions et belles-lettres, naquit
dans le Bugey le 23 novembre 1709, d’une des
plus anciennes familles de ce pays, mais qui
avait perdu ses titres, et ceux même de ses biens
patrimoniaux, pendant les guerres civiles de la
igue. Quoique l’aîné de douze enfants, le jeune
Dupuy fut destiné par son père à l’état ecclésiastique.
Il fit avec un succès distingué ses études
au collège de Lyon ; et lorsque l’époque des
études théologiques fut arrivée, il eut la gloire
de voir les deux séminaires se disputer un sujet
déjà célèbre : il se décida our celui des jésuites,
sur l’oll’re que lui fit ll supérieur de cette
maison, de lui remettre la moitié de la pension
pour acheter des livres. À vingt-six ans, il vint
à Paris au séminaire des Trente-Trois, où il fut
successivement maître de conférences, bibliothécaire
et second supérieur. Il lui fallait, pour
entrer dans les ordres, les dispenses nécessaires
quand l’on passe d’un diocèse dans un autre ; il
les demanda à l’archevêque de Lyon, qui motiva
son refus positif sur le ésir de conserver pour
son diocèse un sujet tel que Dupuy. Cette circonstance
le détermine à renoncer pour toujours
à l’état ecclésiastique. Rendu tout entier aux
sciences et aux belles-lettres, il chercha à se
rapprocher des hommes qui les cultivaient avec
le plus de distinction. Il fut accueilli et goûté
de académicien Fourmont, qui jouissait alors
d’une grande réputation, et dont la maison était
le rendez-vous des gens de lettres et de tous les
savants étrangers. Ce fut sous ses auspices et à
sa recommandation, que Dupuy se trouva chargé
de la rédaction presque entière du Journal des
Savants, qu’il dirigea pendant trente ans. On y
distingue de notre académicien une foule de
dissertations et d’extraits, où la critique la plus
judicieuse et le goût le plus sûr s’unissent à la
variété des connaissances en tout genre. Il savait
l’hébreu, le grec et assez de mathématiques pour
se faire à cette époque une réputation par elles,
s’il s’y fût livré tout entier. Mais, fidèle à son
plan de varier ses études et d’entremêler ses
occupations, il passait alternativement des lettres
aux sciences, et revenait bientôt des sciences
aux lettres, qui graissent avoir étéson goût
de préférence. On disait assez ingénieusement
de lui qu’il était la moyenne propoptionnelle
entre l’Académie des sciences et celle des inscriptions.
En 1768, le prince de Soubise lui offrit
la direction de sa bibliothèque. Dupuy l’accepta avec empressement, et présida vinšt âne
à ce vaste et magnifique dépôt ; mais le derangement
de la fortune du prince l’ayant forcé au
sacrifice de ses livres, il fit annoncer au bibliothécaire
le parti qu’il avait pris de les vendre.
Cette nouvelle fut un coup de foudre pour Dupuy,
et le frappa d’une strangurie, qui, après
sept ans de souffrances, le conduisit enfin au
tombeau le 10 avril 1795. Il avait été reçu, en
1756, à l’Académie des inscriptions et belles-lettres.
dont il fut bientôt après nommé secrétaire
perpétuel, fonction qu’i remplit avec zèle et
assiduité jusqu’à l’àge de 72 ans. Sa longue
carrière fut laborieusement partagée entre les
sciences et les lettres ; et il a laissé, sur l’une et
l’autre de ces deux routes si opposées, des monuments
capahles de préserver son nom de l’oubli.
Le P. Brumoy avait laissé, dans son Théâtre
des Grecs. une lacune importante à remplir :
Dupuy s’en chargea, et traduisit en entier les
quatre pièces de Sophocle dont le jésuite n’avait
donné que l’analyse et quelques extraits ;
ce sont : l’Aiax :, les Trachiniennes, l’Œdipe à Colone et l’Antigone. Cette traduction parut
en 1762 in-4o, ou 2 vol. in-12 ; elle se fait
lire avec intérêt, et les notes qui l’accompagnent
annoncent une étude raisonnée de la langue et
des beautés de l’original. Les travaux de l’homme
de lettres ne nuisirent point aux fonctions du
secrétaire de l’Académie ; Dupuy publia six volumes
des Mémoires de cette compagnie (de 36
à 41), et y prononça, suivant l’usage, l’éloge de
plusieurs de ses confrères. Parmi ses productions
mathématiques, on distingue des Observations
sur les infiniment petits et les principes
metaphysiques de la géométrie ; une édition du
Fragment d’Anthémius sur des paradoxes de
mécanique, avec une traduction française et des
notes, Paris, 1777, in-4o, le texte grec y est
corrigé d’après quatre manuscrits. On y trouve
une explication curieuse du Miroir d’Archimède
et de ses effets(muy. Anthémius et Archimèdej ;
mais ce sujet a été mieux traité depuis par Peyrard,
dans son Miroir ardent. Paris, 1807, in-4o.
La collection de l’Académie renferme également
de Dupuy plusieurs mémoires intéressants ;
nous citerons seulement les suivants : sur
l’État de la Monnaie romaine ; - sur la Valeur
du denier d’argent au temps de Charlemagne ;
— sur la manière dont les anciens allumaient
le feu sacré dans leurs temples ;-
sur les voyelles de la langue hébraïque et des
langues orientales qui ont une liaison intime
avec elle, etc. A-D-n.
DUPUY (Annaú-Jnuen). comte et pair de
France, naquit le 1er avril 1753, ù rioude
(Haute-Loire), et«devint, en 1775, conseiller
au Châtelet de Paris. Il se fit bientôt remarquer,
et, à la recommandation d’Angran d’Allera,
fut appelé à l’intendance-générale de l’île de
France sur le rapport du ministre de la ma-