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années de captivité prédites par les prophètes ne s’étaient pas sans doute écoulées, lorsque Assuérus, qui avait répudié Vasthi, fit chercher dans toutes les provinces de son vaste empire les plus belles personnes qu’on pût trouver. Édissa, à qui les Persans, avaient donné le nom d’Esther, qui veut dire cachée, sortit de sa retraite et fut menée à la cour, où elle fut confiée à un eunuque et à sept femmes qui la disposèrent par l’usage des parfums, à être présentée devant le roi. Sa beauté toucha le cœur d’Assuérus ; elle ceignit le diadème royal, et fut déclarée reine à la place de Vasthi, Cet événement fut célébré par des réjouissances publiques et par des remises que le monarque fit à ses peuples. Esther qui avait perdu ses parents en bas âge, avait été élevée par Mardochée, son oncle paternel. Mardochée, qui, ainsi que tous les Israélites fidèles, refusait de rendre au favori d’Assuérus, nommé Aman, des honneurs semblables aux honneurs divins, engagea. Esther à demander au roi la révocation d’un édit de mort que la noble résistance de la nation juive avait provoqué contre tous les individus de cette nation. Esther ne pouvait sans s’exposer à perdre la vie paraître, devant Assuérus avant d’avoir été appelée. Elle cède enfin aux instances de Mardochée, et se prépare par la prière, par le jeûne et par les larmes à une démarche qui devait la perdre ou sauver sa nation tout entière. Elle se montre au monarque parée de ses plus beaux habits ; le prince étend vers elle son sceptre d’or en signe de grâce ; il lui promet de lui accorder ce qu’elle lui demandera, quand ce serait la moitié de son royaume. Assuérus et Aman se rendirent le lendemain à un festin auquel Esther les avait invités ; le jour suivant, le roi et son favori se rendirent encore à une nouvelle invitation de la reine, qui, profitant du moment où Assuérus, échauffé par le vin, lui avait réitéré ses promesses, osa demander le salut du peuple juif, et signaler Aman comme le plus implacable ennemi des enfants d’Israël. Le roi se leva de table tout en colère, et alla dans le jardin ; en rentrant dans la salle du festin, il surprit Aman prosterné aux genoux d’Esther, et qui lui demandait grâce. « Comment, s’écria-t-il, il veut encore faire violence à la reine en ma présence ! » On se saisit aussitôt d’Aman, on lui couvrit le visage, et on le mena dehors pour le faire mourir. L’édit porté contre les Juifs fut révoqué, et ils furent même autorisés à tuer leurs ennemis dans tout l’empire. Le nombre des victimes de cette terrible vengeance monta jusqu’à 75,500 ; les deux fils d’Aman périrent dans ce massacre, qui commença le 13e jour du mois adar, et continua encore le lendemain dans la ville de Suse. C’est le 14e jour de ce mois que les Juifs célébrèrent depuis la fête du Purim, parce que, ce jour-là, ils devaient être mis à mort selon le sort qu’Aman avait tiré à cet effet. Le mois adar répond à la lune de février ; c’était le sixième mois de l’année civile chez les Hébreux. Le Livre d’Esther renferme quelques

EST

fragments dont les Juifs n’admettent point la canonicité, mais qui sont reconnus comme canoniques par l’Église romaine, ainsi que tout le reste de l’ouvrage (1)[1], que plusieurs Pères attribuent à Esdras, mais qui a probablement été composé par Esther et par Mardochée. L’histoire d’Esther a fourni un des chefs-d’œuvre de la scène française (voy. RACINE). Josué Barnes a publié : ...grec..., sive Estherae historia poetica graeco carmine, Londres, 1679, in-8o (2) [2].

C-T.

ESTIENNE (Henri Ier), est le chef de cette illustre famille d’imprimeurs qui ont tant contribué aux progrès des lettres en France, dans le 16e siècle, en multipliant les bonnes éditions des auteurs classiques. Henri était né à Paris vers 1470 ; il commença a exercer l’imprimerie vers 1503. C’est du moins cette année que parut l’Abrégé de l’Arithmétique de Boèce, le premier ouvrage que l’on connaisse sorti de ses presses. Son atelier était établi dans la rue de l’École de Droit ; et il avait adopté pour sa marque les anciennes armes de l’Université ; c’est un écu chargé de trois fleurs de lis, avec une main sortant d’un nuage et tenant un livre fermé. Sa devise était : Plus olei quam vini, Henri s’appliqua, à ne livrer au public, que des ouvrages imprimés correctement il revoyait lui-même les épreuves et les soumettait ensuite aux savants qui fréquentaient sa maison. Quand, malgré ses soins, quelques fautes lui ont échappé, il en a averti le lecteur, ou les a indiquées dans un errata, usage inconnu alors à ses confrères. Il mourut à Paris, et non à Lyon, comme le disent sans preuve quelques critiques. Ses biographes placent sa mort au 24 juillet 1520 ; mais on aura de la peine à croire que la date s’en accorde si exactement avec celle du dernier ouvrage qu’il a imprimé. Il laissa trois fils, François, Robert et Charles, qui exercèrent tous les trois la profession d’imprimeur. Sa veuve épousa Simon de Colines, son associé (voy. COLINES). Parmi les ouvrages qu’il a publiés, on recherche le Psalterium quintuplex, de le Fèvre d’Estaples, 1509 et 1513 ; l’Itinerarium d’Antonin, 1512 ; Guillaume Mara, De Tribus fugiendis, etc.

W-s.

ESTIENNE (François), l’ainé des fils de Henri,


Le damage den S N MÉÉL. d !“I ?, â’}.. ?’}}.îî.’.%.’â’î3î ?.1’â zi.....w" raté’] N in-4¤), a publié Ke texte grec du livre d’Esther d’après l’an- N cienne version grecque, en joignant celui des liexaples d’ori- N gène. M. de’Rossi a publi : avec une version latine, latâara- N phrase chaldaïque des nddiflons du livre d’Esther dapw un superbe manuscrit de la bibliothèque particulière de VI, N dans son Specimen variarum lectionum, etc., Rome, 1182, in-8¤, réimprimé la même année avec de nouvelles variantes, N Tubingen, in-8o. N (2) Il a joint une traduction latine et des scholies grecques. N Didier grict a paraphrasé en vers le livre d’EslIm·, Paris, N 158-1, ln-12. De Boisval a composé un poëme héroïque d’8sllier, Paris, 1670, in-4o. Jean Desmarets de St-Sor in en à N publié un autre, Paris, 1678, in-12 ; et Ansaldo Ceba un trot- N stème en italien et en 21 chants Genève, 1615, in-4o. Indé- N pendamment du chef-d’œuvrc de lînche, Antoine le Devin, en N 1570 ; Pierre Mathieu en 1585, et Durycr, en 1668, donnèrent chacun une tragédie d’Bslhar. Nous avons encore la Bells Heslher, tragédie de l’invention de Japien Manière, Rouen, sans (1818, 111·8°. CG DOIT ! est Éviaülllllkht UD pS¢11(1011yl !1C. D. L· N


  1. (1) Le savant Usher, archevêque d’Armagh, dans son Syntagma de septuaginta interpretum versione (Londres, 1656, in-4o), a publié le teste grec du livre d’Esther, d’après l’ancienne version grecque, en y joignant celui des Hexaples d’Origène. M. de Rossi a publié, avec une version latine, la paraphrase chaldaïque des additions du livre d’Esther, d’après un superbe manuscrit de la bibliothèque particulière de Pie VI, dans son Specimen variarum lectionum, etc., Rome, 1782, in-8o, réimprimé la même année avec de nouvelles variantes, Tubingen, in-8o.
  2. (2) Il y a joint une traduction latine et des scholies grecques. Didier Oriet a paraphrasé en vers le livre d’Esther, Paris, in-12. De Boiaval a composé un poëme héroïque d’Esther, Paris, 1670, in-4o. Jean Desmarets de St-Sorlin en a publié un autre, Paris, 1673, in-12 ; et Ansaldo Ceba un troisième en italien et en 21 chants, Genève, 1615, in-4o. Indépendamment du chef-d’œuvre de Racine, Antoine le Devin, en 1570 ; Pierre Mathieu, en 1585, et Duryer, en 1666, donnèrent chacun une tragédie d’Esther. Nous avons, encore la Belle Hesther, tragédie de l’invention de Japien Marfière, Rouen, sans date, in-8o. Ce nom est évidemment un pseudonyme. D. L.