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traduction tançasse en 1688. Manger en a publié le texte, accompagné d’une traduction latine, à Lewardin, en 1761 et 1772, 2 vol. in-4o. On en a imprimé en outre, à Constantinople, une traduction turque, l’an 1142 de l’hégire (1729 de J.-C.). La bibliothèque royale en possède deux beaux manuscrits, d’après lesquels on pourrait en publier un texte pur. Arab-Schah est auteur de plusieurs ouvrages ; il mourut en Égypte, l’an 854 de l’hégire (1450 de J.-C.). On trouve des détails sur cet historien dans la biographie d’Aboul-Mahaçan. J-n.


ARACKTSCHEJEF, célèbre général russe. Dès son entrée au service, il se fit remarquer par une certaine aptitude pour la tactique militaire, et par un zèle passionné pour la discipline. Il poussait si loin ses rigueurs contre les hommes placés sous ses ordres, que ses camarades eux-mêmes le taxaient de cruauté. Précédé, à la cour, de cette réputation, il ne pouvait manquer de plaire au grand-duc Paul, auquel il fut donné pour former une compagnie d’artillerie. Plusieurs feux d’artifice qu’il composa pour les fêtes de Pawlowski contribuèrent également à attirer sur lui l’attention. Aracktschejef semblait né pour être l’instrument du czarewitch, qui déjà donnait des preuves de ses exigences si minutieuses, si bizarres et parfois si cruelles, dans les détails de costume et de discipline militaires. À l’avènement de Paul au trône impérial, la complaisance et les talents du jeune officier furent largement récompensés : il fut comblé de richesses, de titres et d’honneurs ; il parvint aux premières dignités de l’empire, au gouvernement de la capitale ; et par cette fonction, qui mettait en ses mains l’administration de la police, ce nerf des gouvernements absolus, il devint en quelque sorte le bras droit de l’empereur. Cependant sa sévérité, qui ne connaissait point de bornes, souleva contre lui des haines puissantes auxquelles l’oreille du maître ne put rester longtemps sourde. Paul fit à ses intérêts le sacrifice de son favori : il lui retira son gouvernement, sans oublier toutefois la reconnaissance qu’il devait à son dévouement et a ses services. Aracktschejef ne remonta point au rang d’où il était tombé ; mais il eut encore à remplir plusieurs missions de haute confiance. Il fut donné pour adjoint au czarewitch Alexandre, qui venait d’être nommé gouverneur militaire de St-Pétersbourg. Sous prétexte d’alléger les travaux du jeune prince, il devait surveiller sa conduite, qui déjà excitait quelques soupçons dans l’esprit de son père. Lorsque les pressentiments d’une conspiration prochaine, éveillés par les démarches mystérieuses de Palhen, devinrent plus vifs, Aracktschejef fut chargé du commandement d’un régiment dévoué qui était alors caserné à quelque distance de St-Pétersbourg. Palhen ignorait le dessein de Paul à cet égard ; mais, ayant fait arrêter le courrier porteur des dépêches impériales, il trouva dans ses papiers une lettre du czar, par laquelle il appelait à St-Pétersbourg Aracktschejef et un autre officier nommé Lindner. L’empereur voulait, avec le secours de leurs bras, opérer un coup de main sur sa famille, jeter en prison l’impératrice et ses fils. La découverte de Palhen ne fit que hâter la chute et l’assassinat de Paul. Sous le nouveau règne, Aracktschejef, dont Alexandre avait pu apprécier les talents, fut nommé ministre de la guerre. C’est alors qu’il conçut son plan pour l’organisation des colonies militaires. L’idée première de ces établissements n’appartenait point précisément au ministre ; elle n’était point née sous le règne d’Alexandre ; on en trouve des germes dans les ouvrages du célèbre Munich, et des applications informes et sans succès dans l’histoire des règnes précédents. Aracktschejef eut le mérite de la formuler, d’en faire ressortir la fécondité aux yeux intelligents du prince. Il avait en vue l’accroissement de la population offensive et défensive de l’empire, l’économie de sommes énormes pour l’entretien de l’armée, l’organisation d’une force militaire immense[1]. Il obtint la direction générale des travaux d’exécution (1817). Il commença par établir des colonies d’infanterie sur les bords du Volkoff, et des colonies de cavalerie sur ceux de la Siguiska, du Bug et du Dnieper. Les espérances fondées sur les premières ne se réaliseront point ; et quant aux secondes, elles subirent, en 1821, une réforme proposée parle général de Witt, qui était placé sous les ordres d’Aracktschejef. Néanmoins Aracktschejef demeura toujours a la tête des colonies militaires, qu’Alexandre regardait comme une des belles créations de son règne, et l’empereur témoigna plusieurs fois et publiquement à Aracktschejef la satisfaction que lui faisait éprouver son administration éclairée. À la mort d’Alexandre, Aracktschejef fut maintenu dans ses fonctions, mais pour un temps bien court : il ne put éviter une disgrâce. Après les troubles de St-Pétersbourg, il fut envoyé à Naples. Sa carrière politique était terminée. H. D-z.


AHADON (Jerôme), de Qumipily, l’un des principaux officiers du duc de Mercœur dans la guerre de la ligue, fut obligé de rendre, en 1589, au prince de Dombes, la ville d’Hennebon, où il commandait ; mais il contribua, l’année suivante, à la reprise de cette place, dont le gouvernement lui fut rendu. On a de ce capitaine un journal très-inexact et très-partial des événements qui eurent lieu dans cette partie de la Bretagne. Aradon de Quinipily demeura dans le parti des ligueurs, même après la conversion de Henri IV, et il ne se soumit à l’autorité légitime qu’en 1597, époque a laquelle le duc de Mercœur lit sa paix. Toute la famille d’Aradon, composée de cinq frères, était dévouée à ce chef, et lui rendit de grands services ; l’un d’eux était gouverneur de Vannes ; un troisième (Duplessis d’Aradon), évêque de cette ville, fut député aux états généraux de la ligue, en 1595. D. N-l.


ARAGO (Jean), général au service du Mexique, naquit en France, à Estagel, département des Pyrénées-Orientales, en 1788. Il était caissier de la monnaie de Perpignan lors de la seconde restauration. Sur une dénonciation absurde, Jean Arago,

  1. Les colonies militaires sont composées de soldats-cultivateurs mis à la charge de cultivateurs-soldats. Ces derniers, qui sont la base des établissements, sont des cerfs de la couronne. Ainsi les colonies militaires reposent sur le principe du servage.