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ARA

le comte de Roquendolf. D’Arament, par sont crédit, avait fait sortir cet Allemand du château des Sept-Tours, et Roquendolf, par reconnaissance, fit don à d’Aramont de ces îles, que le roi lui avait données. Il parait certain qu’au lieu d’obtenir quelque récompense de ses services, d’Aramont ne parvint pas même à se faire restituer des terres qu’on lui avait confisquées avant son ambassade : ces terres, immédiatement après sa mort, furent données à Diane de Poitiers. Il suivit Soliman II dans une expédition en Perse, et passa de là en Syrie, dans la Palestine et en Égypte. La relation de ses voyages a été écrite par Jean Chesneau, son secrétaire. « Cette pièce, disent avec raison les compilateurs qui l’ont publiée, l’une des plus curieuses du 16e siècle, nous fait connaître l’état de Constantinople, de Jérusalem et du Caire, au milieu de ce siècle. Elle nous apprend des particularités intéressantes de ces régions éloignées, et qui ne se trouvent point ailleurs. On y voit un détail de la campagne de Soliman II en Perse. » D’Aramont, revenu de son ambassade, se retira on Provence, où il mourut vers l’an 1555. V. S-L.


ARANDA (Emmanuel d’), natif de Bruges, passa sa jeunesse en Espagne. en revenant dans sa patrie fut pris par un corsaire algérien, et resta esclave pendant deux ans. De retour dans le Brabant en 1642, il lit, en espagnol, une relation de sa captivité, relation qui a été traduite en latin, la Haye, 1657, in-12 ; en flamand, en anglais. La traduction française, imprimée à Bruxelles, 1656, in-12, a été réimprimée à Paris, sous ce titre : Relation de la captivité et liberté du sieur Emmanuel d’Aranda, jadis esclave d Alger, où se trouvent plusieurs particularités de l’Afrique, dignes de remarque ; nouvelle édition, augmentée de treize relations, Paris, 1665, in-16. Indépendamment d’un sommaire sur l’antiquité d’Alger, et de quelques détails assez instructifs sur la forme du gouvernement et de la police de cette ville, cette relation, et celles des treize esclaves, donnent quelques lumières sur les mœurs et les usages des habitants. Le Dictionnaire historique des Paye-Bas fait mention d’une édition augmentée, Bruges, 1682. On ignore les dates de la naissance et de la mort de l’auteur. — Antoine d’Aranda a publié Verdadera Informacion de la tierra santa, Tolède, 1515, in-4o, gothique. — Jean d’Aranda a laissé : Lugares communes de conceptos, dichos y sententias en diversas materias, Séville,1595, in-4o. A. B-t.


ARANDA (don Pédro-Pablo Abarca de Bolea, compte d’), d’une des familles les plus distinguées de l’Aragon, naquit vers l’an 1719. Il embrassa d’abord la profession des armes ; mais comme il annonça de l’aptitude aux affaires qui demandent un esprit observateur, Charles III, peu après son avènement au trône, le nomma son ministre auprès d’Auguste III, son beau-père. Le comte d’Aranda. passa, en cette qualité, près de sept ans auprès du roi de Pologne, tant à Varsovie qu’à Dresde. À son retour en Espagne, Charles III le plaça comme capitaine général à Valence, d’où il le rappela en 1765, à la suite de l’émeute de Madrid, qui lui avait fait sentir la nécessité de mettre à la tête de son administration un homme d’un caractère vigoureux. D’Aranda justifia son choix, comme président du conseil de Castille : ce fut lui qui prépare dans le plus grand secret, et fit exécuter dans le plus grand ordre, l’expulsion des jésuites hors de tous les États du roi ; mais les intrigues de Rome et du clergé forcèrent le roi à écarter honorablement d’Aranda en le nommant ambassadeur en France. Pendant les neuf ans qu’il résidu à Paris, il s’y concilia la considération universelle : mais la roideur de son caractère, qui souvent servit bien sa cour auprès de celle de Versailles, avait indisposé le roi d’Espagne, ou plutôt le comte de Florida Blanca, son ministre principal. D’Aranda fut rappelé à Madrid en 1784, avec le titre honorifique de conseiller d’État. il vivait dans une sorte de disgrace, lorsque la reine le fit nommer à la place du comte de Florida Blanca, dont elle était mécontente (mars 1792). Ce retour à la faveur fut de courte durée : quelques mois après, au grand scandale de la cour et de la nation, le comte d’Aranda fut tout à coup remplacé par don Manuel Gedoi, si connu depuis sous le nom de prince de la Paix. Il resta cependant doyen du conseil d’État, que, pendant son ministère, il avait remis en activité ; mais ayant, dans ce conseil, énoncé son opinion sur la guerre contre la France, il fut exilé dans ses terres d’Aragon, où il termina, en 1794, sa longue et honorable carrière, en laissant une jeune veuve dont il n’avait pas eu d’enfants. Rigoureusement parlant, le comte d’Aranda ne fut ni un grand homme ni un homme de génie ; mais ce qui le plaçait au-dessus des hommes vulgaires, c’était l’indépendance de son caractère, la force de sa volonté. Exempt de beaucoup des préjugés qu’on prête à ses compatriotes, il méritait, à quelques égards, le titre de philosophe dans l’acception favorable. Pendant qu’il était président du conseil de Castille, il fit contre l’inquisition quelques tentatives, et c’en fut assez pour le faire préconiser par le parti qui distribuait alors les réputations ; mais les éloges des philosophes ne servirent qu’a éveiller la méfiance du pieux Charles III. La capitale de l’Espagne lui doit, en grande partie, sa sûreté, sa propreté et la réforme de plusieurs abus. Il n’avait rien d’imposant ni de prévenant dans son extérieur, qui pouvait même paraître un peu grotesque ; il avait des opinions saines sur beaucoup d’objets, de l’originalité dans les idées, et surtout dans la manière de les rendre. Ses lumières n’étaient pas très-étendues ; mais il savait, dans un certain ordre de choses, concevoir, vouloir, exécuter. Le marquis de Carracioli, ambassadeur de Naples, qui l’avait beaucoup connu à Paris, comparaît assez ingénieusement son esprit a un puits profond dont l’orifice est étroit. B-g.


ARANTIUS (Jules-César), célèbre anatomiste, né à Bologne, vers l’an 1530. Élève de Vesale et de Barthélemy Maggius, son oncle, il concourut aux travaux par lesquels le premier a marqué les progrès de l’anatomie chez les modernes, et l’on pourrait dire chez les anciens ; car leurs institutions religieuses et civiles ne leur permettaient pas de la