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ses découvertes géométriques que ses inventions mécaniques, et qu’il n’écrivit point sur ces dernières ; du moins ne nous est-il resté aucune indication précise d’ouvrages où elles soient décrites, si ce n’est à l’égard d’une sphère qui, suivant Cicéron, représentait les mouvements des astres dans les rapports de leurs vitesses respectives : Claudien en parle aussi. Par ce qu’ils en ont dit tous deux, on reconnaît que ce devait être une sphère mouvante ; ou, s’il faut douter qu’elle se soit mue d’elle-même par un mouvement d’horlogerie, il est facile de concevoir qu’elle pouvait ressembler à ces machines inventées pour rendre sensibles les phénomènes astronomiques, et que l’on fait mouvoir à la main. Tzetzès et d’autres écrivains du Bas-Empire, en citant des passages perdus d’historiens plus anciens, ont affirmé qu’Archimède, au moyen de miroirs ardente, incendia la flotte des Romains au siége de Syracuse ; mais, sans entrer dans aucune discussion sur la forme que devaient avoir ces miroirs pour produire l’effet indiqué, je me bornerai à dire que, puisque Polybe, Tite-Live et Plutarque, écrivains beaucoup plus rapprochés de l’événement, surtout le premier, ne parlent point d’un fait si merveilleux et si nouveau, il est au moins très-douteux, et pourrait bien n’être encore qu’un conte auquel aura donné lieu la haute réputation qu’avait laissée Archimède. Ses ouvrages nous sont tous parvenus en original, à l’exception des deux livres sur l’équilibre des corps plongés dans un fluide, et d’un livre de lemmes, que Borelli trouva à la suite des trois livres d’Apollonius qu’il découvrit dans un manuscrit arabe. (Voy. Apollonius de Perge.) Quelques personnes ne regardent pourtant point ce dernier livre comme authentique. Le plus grand nombre des traités d’Archimède est accompagné d’un commentaire d’Eutocius, où l’on trouve, sur l’histoire des mathématiques, des particularités remarquables et des indications d’ouvrages inconnus aujourd’hui, parce qu’ils ont péri sans doute avec la bibliothèque d’Alexandrie. Voici la notice des principales éditions d’Archimede : 1° Archimedis Syracusani, philosophi ac geomctræ excellentissimi, Opera quæ quidam extant, atque a quam paueissimis hactenus visa, nuncque primum et græce et latine in lucem edita. Adjecta quoque sunt Eutocii Arcalonitæ in eosdem Archimedie libros Commentaria, item græce et latine, numquam antea excusa, Basileæ, Jo. Hervagius excud. fecit, an. 1544, in-fol. C’est l’édition princeps ; elle fut faite par les soins de Thomas Geckauff, surnommé Venatorius. 2° Archimediss Opera quæ extent, gr. et lat., novis demonstrationibus commentariisque illustrata per Davidem Rivaltum à Flurentia, Paris, 1615, in-fol. ; 3° Admirandi Archimedis Syracusani Monumenta omnia mathematica quaæ extant, car traditione Francisci Maurolici, Panormi, 1685, in-fol. Cette édition n’est encore qu’une sorte d’imitation des écrits d’Archimède. 4° Archimedis Opera, Ápollonii Pergæi Conicorum libri 4, etc., methodo nova illustrata et succincte demonstrata, per Is. Barrow, Londini, 1675, in-4o. 5° Archimedis quæ supersunt omnia cum Eutocii Ascalonitæ commentariis, ex recensions Josephi Torelli Veronensis, cum nova versione latina ; accedunt lectiones variantes ex codd. Mediceo et Parisiensibus, Oxconii, 1793, in-fol. Cette belle édition, qui fait suite à l’Euclide de Grégori et Q l’Apollonius de Halley, est la première vraiment complète que l’on ait donnée d’Archimède. Sa publication est due aux soins de l’université d’oxford, sollicitée d’abord, par M. Philippe Stanhope, à se charger de l’impression du manuscrit reste entre les mains des héritiers de Torelli. Les œuvres d’Archimède ont aussi été traduites dans quelques langues vivantes, savoir : en allemand, par Sturmius, en 1670, et en français, par F. Peyrard, 1807, in.4°, 1808, 2 vol. in-8o, fig. À la suite de cette dernière traduction, qu’il a revue, Delambre a joint un mémoire sur l’arithmétique des Grecs, sujet très-curieux ; car il ne nous est resté, pour ainsi dire, que quelques indices sur les procédés qu’ils employaient pour effectuer de grands calculs. L-x.


ARCHINTO (Octave), comte milanais, fils d’Horace Archinto et de Léonore Tonsa, naquit vers la fin du 16e siècle. Il occupa plusieurs emplois publics, et reçut de Philippe III, roi d’Espagne, la titre de comte de Barate. Il mourut le 13 juin 1656. Archinto avait de grandes connaissances en antiquités, et avait particulièrement étudié celles de sa patrie. Il avait rassemblé une collection curieuse de monuments dont il a publié les descriptions. Ses principaux ouvrages sont : Epilogati racconti delle antichità, e nobiltà della famiglia Archinti, etc. Aggiuntari una breve exposizione degli antichi marmi, che ne’ palagi di questa famiglia si leggono, Milan, 1618, in-fol. ; 2° Collectanea antiquitatum in ejus domo, in-fol., sans date ni nom de lieu, ouvrage tellement rare qu’il a été inconnu à Argellati, qui n’en fait pas mention dans sa Bibliotheca Scriptorum Mediolanensium. ’ G-é.


ARCIHNTO (le comte Charles), fils du sénateur Philippe Archinto, naquit à Milan, le 20 juillet 1669. Après avoir fini, dans sa patrie, ses premières études au collège de Bréra, il alla étudier à Ingolstadt, en Bavière, la philosophie et les mathématiques. Il voyagea ensuite pendant quelques années en France, en Allemagne, en Hollande et dans toute l’Italie. Il s’arrêta principalement à Rome, et ne revint se fixer à Milan qu’en 1700. Il institua, deux ans après, une académie qui embrassait dans ses travaux les sciences et les beaux-arts. Il rassembla aussi dans son palais une bibliothèque nombreuse et choisie, qu’il enrichit des instruments de mathématiques les mieux travaillés et les plus rares, construits par les artistes les plus habiles d’Italie, de France et d’Angleterre. Ce fut à lui que l’on dut la réunion de la célèbre société palatine, qui donna au monde savant des éditions si précieuses, et qui commença par la grande collection de Muratori, Scriptores Rerum italicarum. (Voy. Argellati.) Charles Archinto fut revêtu des premières dignités dans sa patrie ; crée par l’empereur Léopold gentilhomme de sa chambre, et par les rois d’Espagne Charles II et Philippe V, chevalier de la Toison d’or et grand d’Espagne. il mourut le 17 décembre 1732. Ou n’a