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1538, en resteront aussi aux deux premiers chants. Quoique l’Orlandino, qu’il avait entrepris pour se moquer de l’Orlanado, fût plus conforme à son génie satirique, il s’arrêta de même à la 6e octave du 2e chant ; et il ne remit, jamais la main à aucune de ces trois ébauches 4° Enfin il manquerait quelque chose à l’audace de ses entreprises, s’il n’avait osé faire une tragédie. Il l’osa, et, ce qu’il y a de plus extraordinaire, c’est que ce ne fut pas sans succès. Le sujet qu’il traita est austère, c’est celui des Horaces : il le traita dans toute son austérité, un siècle avant le grand Corneille ; il est certainement fort au-dessous de ce grand homme dans ses trois premiers actes, quoique l’on y voie une certaine fidélité historique, une connaissance des mœurs et des usages civils et religieux de l’ancienne Rome, et un art de les mettre en scène, qui ne sont point à mépriser ; mais j’ai osé dire ailleurs que, dans les deux derniers actes, à ne parler que du plan, il paraissait l’emporter à son tour. La cause d’Horace, meurtrier de sa sœur, y est plaidée par son père, d’abord devant les décemvirs, qui le condamnent, ensuite devant le peuple assemblé ; c’est le peuple qui juge solennellement, et si l’auteur n’avait pas gâté cette fin par quelques inconvenances, et par l’intervention d’un dieu dans une machine, qui lui a paru le seul moyen de dénouer sa pièce, il n’y aurait pas la moindre comparaison à faire entre les deux dénouements. Sa tragédie, telle qu’elle est, est celui de tous ses ouvrages qui étonne le plus, quand on connaît tous les autres. La vie de l’Arétin a été écrite avec beaucoup de soin et d’exactitude par le savant Mazzuchelli, Padoue, 1741, in-8o. Boispréaux en a publié, en 1750, in-16, un extrait plutôt qu’une traduction, où l’on trouve beaucoup de fautes, comme dans presque tout ce qui est traduit de l’italien en français. On trouvera peut-être cet article trop long ; mais on parle souvent de l’Arétin, on le méprise beaucoup, et on le connaît peu ; j’ai voulu, non qu’on le méprisât moins, mais qu’on le connut davantage, et que l’on joignit aussi l’appréciation de ce qu’il a écrit de louable, à ce mépris qui lui est légitimement dû. G-é.


ARÉTIN. Voyez Guido.


ARÉTIN (Jean-Adam-Christophe-Joseph), baron d’), ministre d’État de Bavière, né à Ingolstadt, le 24 août 1769, reçut une éducation soignée, se livra à l’étude de la jurisprudence, puis entra au service de l’État. Attaché à la chancellerie de Munich, il y remplit successivement différents emplois importants. En 1816 il devint conseiller intime en service ordinaire, et fut nommé chambellan du roi de Bavière. Au mois de février 1817, lorsque le comte de Rechberg fut rappelé in Munich pour y prendre le portefeuille des affaires étrangères, le baron d’Arétin lui succéda comme représentant du royaume de Bavière à la diète germanique. Il fut, jusqu’à sa mort, l’un des membres les plus distingués de cette assemblée, où il se faisait remarquer par la finesse de son esprit et la politesse de ses manières autant que par l’étendue de ses connaissances. Le baron d’Arétin est mort dans ses terres, à Heidemburg, le 16 août 1822. Il a publié, sous le voile de l’anonyme : 1° Magasin der Bildenden künste (Magasin des arts du dessin), Munich, 1791, in-8o, orné de gravures de Dillis ; c’était un recueil périodique qui n’a eu que peu de durée. 2° Handbuch der Philosophie des Lebens (Manuel de la philosophie de la vie), ib., 1793, in-8o, avec six vignettes de Dillis. 3° Catalogue des estampes gravées par Daniel Chodowiecki (voy. ce nom), ibid., 1796, in-8o ; contrefait la même année à Augsbourg, in-8o. 4° Collection des traités de Bavière, Munich, 1801, in-8o. 5° Un morceau dans le 1er vol. des Archives pour l’histoire ancienne de l’art en Allemagne. il a dirigé pendant quelques aunées la rédaction de la Gazette d’État bavaroise. Le baron d’Arétin, amateur éclaire des beaux-arts, consacrait à les cultiver tous les instants de loisir que lui laissaient ses fonctions. Il avait formé dès sa jeunesse une collection de gravures qu’il ne cessa d’enrichir pendant toute sa vie, et qui était devenue l’une des plus précieuses de l’Allemagne ; il l’avait classée d’après un système de son invention. Les tableaux à l’huile de tous les âges et de toutes les écoles qu’il avait rassemblés formaient aussi une collection d’un grand prix. Il fut un des fondateurs de la société centrale formée à Francfort-sur-le-Mein, en 1819, pour la publication d’une édition générale des ouvrages du moyen âge sur l’histoire d’Allemagne, avec des éclaircissements. Le baron de Stein parait avoir eu la première idée de cette entreprise ; mais Adam d’Arétin, chargé de présenter à la diète germanique les statuts, la liste des membres et le plan des travaux, obtint pour cette société la protection des représentants du corps fédéral, qui mirent a sa disposition les bibliothèques et les archives de leurs États respectifs. (Voy. Meusel, Gelehrte Teulscht., t. 11, p. 18 ; t. 17, p. 58 ; t. 22, p. 58.) F-ll.


ARÉTIN (Jean-Christophe-Frédéric, baron d’), frère du précédent, naquit à Ingolstadt, le 2 décembre 1773[1]. Son père, le baron Charles-Albert d’Arétin, remplissait dans cette ville un emploi considérable, et ne négligeait rien pour l’éducation de ses fils. Christophe commença ses études a Ingolstadt, alla les continuer à Heidelberg, puis à Goettingue, et compléta son instruction par quelques voyages. Dans sa première jeunesse, avant même qu’il eût quitte sa ville natale, il se laissa entraîner par le prestige de la secte des illuminés, devint un des prosélytes les plus fervents de ses extravagances, et finit par se trouver, par suite des liaisons que ces opinions lui avaient fait contracter, impliqué dans des affaires dont le crédit de sa famille eut quelque peine à le tirer sans éclat. Cette mésaventure le rendit plus réservé, sinon plus sage ; car il a conservé toute sa vie une exaltation d’idées et un fonds de principes radicaux et excentriques qui se retrouvent dans la plupart de ses écrits politiques. Destiné aux emplois publics, il vint se former à la connaissance des affaires par un stage dans le cabinet du baron

  1. Ou 1772, selon quelques biographes. Nous avons suivi l’autorité de Meusel et celle du Neuer nekrolog. des Deutschen (Ilmenau. 2e année page 1246). qui nous parait la mieux établie.