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ARG

de l’Azerbaïdjan, du Farsistan, à Fakhr ed-Daulah, son frère, « l’égal de Platon pour la sagesse, » a Chems ed-Daulah et a plusieurs de ses parents, et, quoique le monarque eût confie le gouvernement du Khoraçan et de la Romélie à ses fils Ghazan et Kaï-Khatou, le nouveau ministre eut l’audace de les destituer et de les remplacer par deux de ses parents. Au reste, il faut convenir que jamais le royaume n’avait été aussi florissant et le peuple aussi heureux que sous le ministère de Saad ed-Daulah. Les grands et les généraux n’osaient commettre aucune injustice, aucune espèce de vexations envers les cultivateurs et autres sujets non militaires. Cet état heureux dura deux ans, c’est-à-dire autant que l’administration de ce favori ; et ce temps lui suffit pour amasser dans le trésor public une somme de 2,000 tomans d’or. Chéri des peuples comme de son prince, le ministre affecta peut-être trop de familiarité, et voulut tenir les grands à une excessive distance. Ceux-ci, profondément indignes, saisissaient avec empressement toutes les occasions qui leur paraissaient favorables pour perdre l’odieux ministre qui les méprisait trop pour les craindre et pour s’imposer la plus légère circonspection. Un jour qu’il jouait au trictrac avec le monarque, irrité d’avoir battu à faux, il jeta les dés à terre. Un grand, qui était présent, releva vivement cet acte d’insolence, mais le ministre obtint aisément son pardon. L’audace de Saad ed-Daulah croissait avec sa fortune. Les musulmans furent exclus du divan et supplantés par les juifs et par les chrétiens ; on parla de profaner la Kaabah et d’en faire un temple d’idoles ; d’autres actes arbitraires, dont l’énumération serait beaucoup trop longue, provoquèrent le mécontentement des grands. Une maladie grave menaça les jours d’Arghoun et favorisa les projets des conspirateurs. Ils s’assemblèrent chez un des principaux nobles, décoré, chez les Mogols, du titre de Névyan, et s’étant parfaitement concertés, « ils commencèrent par s’emparer des affidés et intimes amis de Saad ed-Daulah ; on les envoya dans l’autre monde ; le lendemain, on se saisit de Saad ed-Daulah lui-même, et lui ayant fait boire le sorbet de la destruction dans l’onde d’un cimeterre flamboyant, on l’expédia pour le feu. » Les Mogols et les musulmans furent dans le ravissement ; tout le monde se livra aux plus vifs transports de joie. Arghoun, qui était faible et languissant, demanda plusieurs fois son favori et fut très-inquiet de ne plus le voir paraître. On ignore si c’est le chagrin que lui donna cette catastrophe, quand il en fut instruit, ou quelque cause encore plus active, qui le conduisit au tombeau ; il mourut le mardi 27 de rabyi 1er, l’an 690 (du 2 au 3 avril 1291), laissant quatre fils, l’un nommé Ghazan-Kan : sa mère s’appelait Cotluc-Eïkahy ; Içoun-Tymour, Oldjaïtou-Sultan, tous deux fils de Oudoulc -Khatoun, mère de l’émir Eirendjyz-Kbataï-Oghoul, fils de Cotluc-Khatoun, fille de Cotluc-Bouca. Parmi ces quatre princes, deux, savoir : Ghazan-Kan et Oldjaïtou, montèrent sur le trône. L-s.


ARGILLATA, ou DE ARGELLATA (Pierre de), médecin de Bologne, y professa longtemps la logique, l’astronomie et la médecine, et y mourut en 1423. Il est un de ceux qui ont travaillé à perfectionner la chirurgie en Italie. Ses écrits, pleins d’ailleurs d’observations précieuses, sont encore remarquables par la candeur avec laquelle il avoue ses propres fautes. Entre autres vérités neuves pour son temps, on y trouve le conseil de restreindre beaucoup l’usage de la suture ; une méthode curative, plus rationnelle, pour le spina ventosa ; l’expression de ce dogme physiologique que le mouvement peut s’éteindre dans les muscles indépendamment du sentiment. Ses ouvrages, en moins de vingt ans, eurent quatre éditions : Chirurgiæ libri sex, Venetiis, 1480, 1492, 1497, 1499, in-fol. Le savant Haller parle d’une 5e édition de 1520, in-fol. C. et A-n.


ARGIROPULO. Voyez Argyropulo.


ARGIS (Boucher d’). Voyez Boucher.


ARGIUS. Voyez Polyclète.


ARGOLI (André), mathématicien, né en 1570. à Tagliacozzo, dans le royaume de Naples, étudia la philosophie et la médecine, où il fit de grands progrès ; mais il ne put se défendre des rêveries de l’astrologie. Ses ennemis tirèrent avantage de sa faiblesse pour le persécuter, et il fut obligé de se retirer à Venise, où le sénat lui fit un accueil honorable, lui fournit des instruments pour ses observations, et le nomma professeur de mathématiques dans l’université de Padoue, en 1632. Vers l’an 1640, il fut fait chevalier de St-Marc, et mourut, en 1653, âgé de 81 ans. On a de lui : 1° de Diebus criticis, Astronomicorum lib. manus, problemata astronomica ; de plus, Primi mobilis Tabula. Padoue, 2 vol. in-4o, 1644, avec le portrait de l’auteur ; 2° Observations sur la Comète de 1653, imprimées en latin la même année ; 3° des Éphémérides, imprimées d’abord à Venise, in-4o, en 1638, commençant à 1630, et dédiées à la république ; elles furent ensuite réimprimées de nouveau à Padoue et à Lyon, avec des continuations. K.


ARGOLI (Giovanni), fils du précédent, naquit à Tagliacozzo, dans l’Abbruzze, vers l’an 1609. Il s’appliqua de bonne heure à l’étude des belles-lettres, et, des l’âge de quinze ans, il composa et publia, en italien, une idylle sur le ver à soie, Bambace e seta, idillio, Rome, 1624, in-12. Deux années après, enflammé d’émulation par les applaudissements que valut à Gio. Rattista Marini son poème d’Adonis, il voulut en composer un du même genre ; il se renferma dans une chambre, dans laquelle en n’entrait que pour lui apporter sa nourriture, et il acheva, en sept mois, à l’âge de dix-sept ans, son poème d’Endymion, en 12 chants, 1626, in-4o. Ce poème eut tant de succès, que, quoiqu’Argoli l’eût publié sous son nom, on avait de la peine à croire qu’il fût de lui, et qu’on l’accusa même de l’avoir pris dans les papiers de son père, qui cependant n’avait jamais fait de vers. En 1632, il suivit à Padoue son père, qui avait obtenu une chaire de mathématiques ; Jean s’y livra à l’étude de la jurisprudence, et y fut reçu docteur en droit ; bientôt après il abandonna cette science, et retourna aux belles-lettres, qu’il enseigna pendant