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ARI

lie étant revenus, s’emparèrent d’Amyamone, lieu de l’Élide fortifié et commode pour faire la guerre, et beaucoup d’Éléens se réunirent à eux. Aristotimus s’adressa alors à leurs femmes qu’il tenait en prison, et leur dit d’engager leurs maris à se retirer, ou qu’il les ferait mourir de la manière la plus ignominieuse, après avoir tué leurs enfants ; mais elles refusèrent courageusement. Quelques jours après, sachant que Cratérus, l’un des généraux d’Antigone, venait a son secours, et était déjà à Olympie avec ses troupes, il reprit courage, et se rendit sur la place publique accompagné du seul Cylon qu’il croyait de ses amis, mais qui était un des conjurés ; alors Hellanicus, Chilon, Lampis et d’autres, se jetèrent sur lui et le tuèrent. On fit mourir ses deux filles. C-r.


ARISTOXÈNE, né à Turenne, en Italie, suit fils de Spintharns ; il se livra, sous la direction de son père, à l’étude de la musique et de la philosophie. Il alla ensuite voyager dans la Grèce, où il reçut des leçons de Lamprus d’Érythres, de Xénophile de Chalcis, philosophe pythagoricien, et enfin d’Aristote, à qui il resta longtemps attaché ; mais ce philosophe, en mourant, ayant désigné Théophraste pour son successeur, Aristexéne, irrité de cette préférence, chercha à noircir la mémoire de son maître, et on lui attribue une partie des calomnies qui ont été débitées sur ce grand homme. Il avait fait un grand nombre d’ouvrages, dans plusieurs desquels il avait cherché à rassembler les institutions et les principes des pythagoriciens. Il avait aussi écrit les vies de plusieurs grands hommes, tels que Pythagore, Archytas, Socrate et Platon ; mais, dominé par une basse jalousie, il avait adopté et même inventé sur leur compte, au moins à l’égard des deux derniers, beaucoup de faussetés, et ses écrits n’ont pas peu contribué à jeter de l’incertitude sur l’histoire de la philosophie. Il nous reste de lui des Éléments harmoniques, en 3 livres, ouvrage fort utile pour la connaissance de la musique ancienne. La meilleure édition est celle que Marc Meibom a donnée, en grec et en latin, dans le recueil intitulé : Antiques musicæ Auctores, Amstelodami, Elzevir, 1652, in-4o. Morelli, savant bibliothécaire de Venise, a publié à Venise, en 1786, d’après deux manuscrits, l’un de la bibliothèque de St-Marc, l’autre de celle du Vatican, quelques fragments des Éléments rhythmiques d’Aristoxène. On peut consulter sur cet auteur la savante dissertation de M. Mahme, intitulée : Diatribe de Aristoxeno philosopho paripatetico, Amstelodomi, 1793, in-8o ; et les Lectiones Atticæ de Jean Luzac, Lugd. Bat., 1809, in-4o. On trouvera dans ce dernier ouvrage beaucoup de preuves de la mauvaise foi d’Aristoxéne, et de sa malveillance envers ses maîtres. C-r.


ARIUS, le plus fameux hérésiarque qui ait paru dans les premiers siècles de l’Église, était natif de la Libye cyrénaïque. C’était un homme d’une taille avantageuse, d’une figure imposante, d’un maintien grave qui inspirait le respect. Son abord affable et gracieux, sa conversation douce et agréable appelaient la confiance. Des mœurs austères, un air pénitent, un zèle apparent pour la religion, soutenu par des connaissances assez étendues dans les sciences profanes et ecclésiastiques, et par un rare talent pour la dialectique, faisaient espérer que l’Église trouverait en lui de grands secours contre ses ennemis. Malheureusement tout cela couvrait un fond de mélancolie, d’inquiétude, d’ambition, et un goût secret pour les nouveautés, qui, joints a tant de qualités éminentes, n’en firent qu’un dangereux chef de parti. Ces qualités en imposèrent à trois saints patriarches qui se succédèrent immédiatement sur le siége d’Alexandrie ; à Pierre, qui l’ordonna diacre, et fut ensuite obligé de l’interdire, à cause de ses liaisons avec les sélaciens ; à Achillas, qui, touché de son repentir hypocrite, l’éleva au sacerdoce ; et à Alexandre, qui lui donna le premier rang dans son clergé, et le chargea du soin d’une église considérable. Après la mort de St. Achillas, Arius, qui s’était mis sur les rangs pour le remplacer, avait conçu une violente jalousie de la préférence donnée à Alexandre, bien résolu de saisir la première occasion de s’en venger. Un jour que le patriarche, conférant avec son clergé, dit qu’il y avait unité de substance dans les trois personnes divines, Arius l’accusa hautement de donner dans l’erreur de Sabellius qui avait confondu ces trois personnes, et il soutint que le Fils était une pure créature tirée du néant ; que le nom de Dieu ne lui convenait que par participation, comme à toutes les autres créatures douées de grâces extraordinaires. Ebion, Artérnas et Théodote avaient bien nié, avant Arius, la divinité de Jésus-Christ ; mais il était le premier qui eût dit que le fils de Dieu est tiré du néant et sujet au péché. Il commença d’abord à insinuer sa nouvelle doctrine dans des assemblées particulières, et ne la produisit en public qu’après s’être assuré d’un grand nombre de sectateurs. Alors il la débita dans le monde, la prêcha dans l’église, et la propagea dans les campagnes ; pour l’insinuer plus facilement dans les dernières classes du peuple, il la mit en chansons et en cantiques burlesques, dont le plus fameux, connu sous le nom de Thalie, était sur la mesure et sur l’air des chansons que Sotade avait autrefois composées pour les festins et les danses profanes. St. Alexandre, après avoir inutilement cherché a le ramener par toutes les voies de douceur que sa charité put lui suggérer, le cita en plein concile. Arius y soutint sa doctrine avec tant d’obstination, que les Pères furent obligés de le condamner, et d’anathématiser sa personne et celle de ses partisans, au nombre desquels se trouvaient deux évêques, des prêtres, des diacres et des vierges. Des ce moment, Arius se mit à courir les provinces voisines, cherchant partout à apitoyer sur son sort, à jeter de l’odieux sur Alexandre, déguisant ses erreurs sous des formes équivoques, n’annonçant que des dispositions pacifiques. Plusieurs évêques se laissèrent séduire par ses discours hypocrites. Eusébe de Nicomédie l’absout, dans un concile de Bithynie, de l’excommunication lancée contre lui par le concile d’Alexandrie, et il écrivit à tous les évêques d’Orient, au nom de son concile, pour les engager à le