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ARN

et dévasta un pays qu’il avait si bien défendu. Après le traité de paix qui reconnut l’indépendance des États-Unis, il vint en Angleterre, où il mourut a la fin du 18e siècle, universellement méprise. B-a.


ARNOLD (Thomas), médecin anglais, membre du collège royal des médecins de Londres et de la société médicale d’Édimbourg, doyen (senior) des médecins de l’infirmerie, et seul médecin de l’hospice pour les aliénés à Leicester, a publié plusieurs ouvrages particulièrement consacrés aux maladies de l’esprit. 1° Dissertatio de Pleuritide, 1766, in-8o ; 8° Observations sur la nature et les causes de la démence, et sur les moyens de la prévenir, Londres, 1782, 2 vol. in-8o, ou l’auteur a très-bien résumé et apprécié les opinions des anciens et des modernes sur ce sujet important, et où il recueille des faits curieux ; 3° Cas d’hydrophobie traitée avec succès, 1793, in-8o ; 4° Observations sur le traitement des aliénés, 1809, in-8o. Thomas Arnold, qui avait épousé une sœur de la célèbre Macaulay Graham, est mort a Leicester, le 2 septembre 1816. Z.


ARNOLD (George-Daniel), professeur de droit à Strasbourg, né dans cette ville, le 18 février 1780, fut orphelin dès l’enfance et privé de toute fortune. Il fit presque seul ses premières études, et trouva dans sa ville natale des professeurs, tels qu’Oberlin, Koch, Schweighœnser, qui le distinguèrent et devinrent ses protecteurs. À l’exemple de ces habiles maîtres, il alla perfectionner son éducation dans les principales universités d’Allemagne, surtout à Goettingue, où il suivit les leçons d’archéologie de Heyne, celles d’histoire de Heeren, du droit des gens de Martens, et du droit civil de Hugo. Il reçut à Weimar l’accueil le plus encourageant du célèbre Gœthe. Avide de tous les genres d’instruction, Arnold vint ensuite à Paris, ou l’appelait l’amitié de Koch. Son mérite fut bientôt apprécié, et quoiqu’il eût à peine vingt-six ans, il fut nommé professeur de code civil à l’école de droit de Coblentz, qui faisait alors partie de l’empire français. Avant d’aller prendre possession de cette chaire, il voulut visiter l’Italie, et parcourut cette contrée en homme éclairé. Ne se bornant pas à la contemplation des monuments de l’art, il fit une étude particulière de l’histoire de ses progrès. Cependant il n’aspirait qu’a revenir dans sa ville natale ; le grand maître de l’université remplit ses vœux, en lui conférant une chaire d’histoire à Strasbourg (1810). L’année suivante, il put rentrer dans la faculté de droit, pour laquelle ses études lui donnaient plus de prédilection. Chargé de l’enseignement du droit romain, il y développa toutes les ressources d’une profonde érudition, et il dut a la renommée de son savoir en cette partie l’honneur d’être un des juges du concours ouvert, en 1819, pour la chaire de droit romain. Lezay-Marnesia, préfet du Bas-Rhin, le fit nommer, en 1820, conseiller de préfecture, fonctions qu’il résigna plus tard afin de ne pas avoir à faire exécuter des ordres qui répugnaient a sa conscience. Vers la même époque, il succéda, comme doyen de la faculté de droit, à Herman. Indépendamment de ses leçons sur le droit romain, il faisait chaque année des cours extraordinaires sur le droit des gens et sur l’histoire de la jurisprudence. Il fit même revivre l’école de diplomatie que Koch avait fondée. Au milieu de tant d’occupations, il trouvait encore des loisirs pour se livrer à des travaux littéraires, et surtout a la culture de la poésie allemande. Il fit un voyage en Angleterre et put satisfaire le désir qu’il avait de visiter l’université d’Oxford. Tout devait faire espérer que ce savant serait encore longtemps l’honneur de sa patrie, quand il mourut, le 18 février 1829. Plusieurs éloges prononcés sur sa tombe et réunis en un recueil imprimé sous ce titre : Discours prononcés aux obsèques de M. G.-D. Arnold, Strasbourg, 1829, in-8o de 58 p.[1]. On doit à G.-D. Arnold : 1° Elementa juris civilis Justinianei, cum codice Napoléoneo et reliquis legum codicibus collata, Strasbourg et Paris, 1812, in-8o. Le principal but de l’auteur, en publiant ce travail, était de disposer ses élèves à l’intelligence du droit romain, par la comparaison de nos lois civiles avec les Institutes de Justinien. Cette méthode élémentaire, où l’érudition et l’esprit d’analyse se faisaient remarquer, obtint le genre de succès qu’Arnold ambitionnait le plus, en devenant le manuel de la jeunesse. 2° Notice littéraire sur les poëtes anciens, Paris, 1806, in-8o. Cette notice, qui fut insérée dans le Magasin Encyclopédique (juin 1806) et tirée à part, à un petit nombre d’exemplaires, devait faire partie d’une histoire littéraire d’Alsace que les occupations d’Arnold ne lui permirent pas d’achever. Il mérite lui-même d’être compté parmi les poètes alsaciens, en mettant au jour plusieurs compositions en langue allemande. 3° Le Lundi de la Pentecôte, comédie en 5 actes et en vers en dialecte strasbourgeois, Strasbourg, 1816, in-8o ; drame original et populaire, qui avait pour but de peindre les anciennes mœurs de la cité où l’auteur avait pris naissance. « C’est, dit le professeur Willm, un monument et un précieux débris d’une nationalité qui tend de plus en plus à s’effacer, et de l’idiome naïf à la fois et énergique qui en était l’expression[2]. » Gœthe, dans le journal intitulé : l’Art et l’Antiquité, fait de cette pièce un éloge mérité : « Partout, dit-il, éclate la connaissance profonde que l’auteur a du cœur humain.» Le produit de la vente de cet ouvrage fut consacré par l’auteur au soulagement des habitants de l’Alsace qui avaient le plus souffert des invasions de 1814 et 1815. Arnold s’exerça avec succès dans d’autres genres de poésie. On cite particulièrement son élégie sur la mort du pasteur Blessig. « Il a a laissé, selon M. Bloechel, une description de son voyage en Italie qui a été imprimée et distribuées ses amis[3].» Il a fourni de très-bons

  1. On trouve dans ce recueil : 1° Discours prononcé dans la salle des actes de l’Acadèmie, par M. Blocrhel, professeur à la faculté de droit ; 2° Discours prononcé à l’église St-Nicolas, par M. Schuler, pasteur ; 3° Discours (en langue allemande) prononcé sur la tombe, par M. le baron Turckeim ; 4° Discours (remarquable) prononcé à la reprise du cours de droit romain, par M. Hepp. professeur suppléant ; 5° Notice nécrologique, par M. le professeur Willm ; 60 Élégies (en langue allemande) sur la mort de M. Arnold.
  2. Nouvelle Revue germanique, février 1829.
  3. Discours prononcé aux obsèques de M. G.-D. Arnold, p. 9. Arnold fit le voyage d’Italie avec un jeune homme spirituel (M. Esprit de Chasnon), qui publia, à son retour en France, sous le voile de l’anonyme, un Voyage autour du lac de Genève, dans les Alpes et en Italie ; Paris, 1805, in-8o. Cet écrit fut imprimé seulement pour les amis de l’auteur.