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il fit partie du conseil privé de la maison d’Orange, et fut en outre chargé de la section des finances, qu’il quitta bientôt pour devenir chef du collège du conseil privé. En 1815, son pays passa sous la domination de la Prusse, qui en avait cédé une partie à la maison de Nassau. Arnoldi, décidé à ne servir sous aucun prince étranger, se retira du service actif. Mais la reconnaissance de son souverain lui conserva le rang de conseiller intime, avec le traitement qui y était attaché. Lors de la fondation de l’ordre du Lion belge, il en fut nommé chevalier, et plus tard commandeur, avec l’assurance d’une pension pour sa veuve et pour ses filles après sa mort. Arnoldi mourut le 2 décembre 1827. On a de lui plusieurs morceaux politiques insérés dans différents recueils : les plus remarquables sont : 1° la Régénération de Allemagne, avec cette épigraphe : Nil desperandum, publié dans la Minerve d’Archenholz, 1808 ; 2° plusieurs articles sur la confédération du Rhin, dans le journal de Winkopps ; 3° Notice sur Guillaume-Frédéric, prince d’orange, roi des Pays-Bas, dans les Zeitgnossen, imprimé séparément à Leipsick, 1817 ; 4° Histoire du pays d’Orange-Nassau et de leurs souverains, 1816, in-8°. M-d j.


ARNOLFE, ou ARNOUL, de Milan, et historien milanais, vivait à la fin du 11e siècle. Il se déclara d’abord pour le mariage des prêtres ; mais ensuite il se rapprocha sur ce point de l’Église romaine. Il était petit-neveu d’un frère d’Arnolphe, archevêque de Milan dans le 10e siècle, ce qui a fait dire, par une bévue plaisante, dans un article sur notre Arnolfe, que, dans ses opinions sur le mariage des prêtres, il n’avait plu ni à la cour de Rome, ni à son oncle, archevêque de Milan (qui était mort depuis près d’un siècle). Il a composé une histoire de Milan depuis 923 jusqu’en 1077, remarquable par la fidélité et l’exactitude. Elle parut d’abord dans le 3e vol. des Scriptorum Rerum Brunsvic. de Leibnitz, 1711 ; puis dans le 4e du Thesaurus Antiq. Ital. de Burmann, 1722, et enfin, dans le 4e du Rer. Ital. Scriptores de Muratori. Cette dernière édition, qui a été collationnée sur quatre manuscrits authentiques, et enrichie de notes savantes, doit être préférée à toutes les autres. G-é.


ARNOLFO DI LAPO, architecte et sculpteur, originaire de Colle di Valderso, naquit en 1232. Son père, également architecte, fit le modèle de l’église St-François-d’Assise, et fonda, en 1218, les piles du pont à la Carraya, à Florence, pont qui fut achevé en bois, comme c’était alors l’usage. Ce fut encore lui qui pava la ville avec de larges dalles : les rues ne l’avaient été jusque-là qu’en briques posées sur champ. Arnolphe apprit de son père les principes de l’architecture et le dessin sous Cimabué ; il consulta ensuite les modèles antiques ; dés lors il commença à s’écarter de la manière gothique, et contribua à faire renaître le bon goût ; en un mot, il fit pour l’architecture ce que Cimabué avait fait pour la peinture. En 1284, il fonda la troisième enceinte des murs de Florence, qu’il flanqua de tours, et, en 1294, l’église de Ste-Croix, où l’on voit son portrait de la main de Giotto. Il construisit aussi la place appelée Or San Michele, la loge et la place des Priori, l’église de la Badia, et le palais de Signori, actuellement appelé le palais Vieux, sur le plan d’un édifice que son père avait projeté, et enfin une foule de palais, de châteaux forts et d’autres monuments. Son dernier ouvrage est un pont très-hardi, et d’une seule arche, sur la rivière d’Ersa, à l’endroit ou se croisent les routes de Florence à Sienne et de Colle à Volterre ; mais l’ouvrage qui a immortalisé le nom d’Arnolphe est la fameuse église de Santa Maria del Fiore, cathédrale de Florence, l’un des plus vastes édifices modernes, et qui suppose dans celui qui en donna le plan un génie hardi et qui avait devancé son siècle. Il ne vécut point assez pour achever ce monument ; mais il fit une grande partie du revêtissement extérieur, éleva le pourtour des murs, et banda les quatre grands arcs qui devaient recevoir cette fameuse coupole dont l’honneur était réservé au célèbre Brunelleschi. On peut dire que cet édifice, antérieur au renouvellement de l’architecture, fait époque dans son histoire, en ce que, tenant le milieu entre le style gothique qui avait régné jusqu’alors, et le style antique qui bientôt reparut, il sert à marquer la nuance du passage d’un style à l’autre. Arnolphe, auquel de si nombreux et de si importants ouvrages avaient mérité le titre et les droits de citoyen de Florence, termina sa carrière l’an 1300, âgé de 68 ans. C-n.


ARNOLPHE, ou ARNOUL, de Calabre, écrivain du 10e siècle, a laissé une chronique historique de son pays, depuis 903 jusqu’en 965. Tafuri l’a publiée dans le vol. 2e de son Istoria degli scrittori nati nel regno di Napoli, sous le titre de Chronicon Saracenico-Calabrum. G-é.


ARNOUL, empereur, successeur de Charles le Gros, son oncle, était fils naturel de Carloman, roi de Bavière, et petit-fils, par conséquent, de Louis le Germanique. Il commença par être exclu de l’héritage de son père, en 882, à cause de l’illégitimité de sa naissance ; mais, six ans après, il succéda à Charles le Gros, qu’il avait fait déposer à la diète de Tribur. Arnoul eut plusieurs guerres a soutenir, et fut presque toujours victorieux. Allié du roi Eudes, il défit les Normands près de Louvain, en 892. Il passa en Italie l’année suivante, vainquit le roi Gui, qui lui disputait la souveraineté de cette contrée, s’empara de plusieurs villes, et se fit couronner roi d’Italie, à Pavie. Peu de temps après, assisté par les Hongrois, il attaqua Zwentebold, roi de Moravie, auquel il avait conféré le duché de Bohême, et qui abusait de cette faveur pour essayer de se rendre indépendant. Arnoul força Zwentebold à se soumettre et à se reconnaître son tributaire. En 895, Hildegarde, sa cousine, qui l’avait aidé à monter sur le trône, tenta de l’en renverser. Cette conspiration fut découverte, et Hildegarde exilée. Arnoul retourna en Italie, pénétra jusqu’à Rome, et le pape Formose le couronna empereur ; mais son élection et son sacre furent annulés par le concile de Rome, en 898. Arnoul mourut à Ratisbonne, le 29 novembre 899, empoisonné, à ce que plusieurs historiens