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tine et dans celle de la Crusca. C’est dans la première qu’Arrighetti occupa la charge de conseiller depuis 1614 jusqu’en 1623, qu’il fut nommé consul. Il fut aussi l’un de ceux qui formèrent à Florence l’académie platonique, rétablie par le grand-duc Ferdinand, et par le prince, depuis cardinal, Léopold de Toscane. Il fut choisi pour composer le discours d’ouverture, qui se trouve dans les Prose Fiorentine. Ce fut alors qu’il entreprit de traduire en langue toscane les dialogues de Platon ; il était près de terminer ce travail quand la mort vint le surprendre. Son neveu, le célèbre Charles Dati, prononça son éloge à l’académie de la Crusca, le 13 mai 1643 ; on le trouve dans le même recueil des Prose Fiorentino. Les ouvrages imprimés d’Arrighetti, sont : 1° Delle lodi del sig. Füippo Salviati, Florence, 1614, in-4o, et dans la première partie du 3e volume des Prose Fiorentine ; 2° Orazione récitata al serenissimo granduca di Toscana Ferdinando II, nell’ esequie della granduchessa sua madre, Florence, 1631, in-4o, et dans la première partie du 4e volume des Prose Fiorentine ; 3° enfin, Orazione fatta da lui nel dar a spiegare Platone ; Cicalala sopra il Citriolo ; Cicatala in lode della Torta, tous trois imprimés dans le recueil déjà cité. Ces Cicalate, autrefois en usage dans l’académie Florentine, étaient, comme on sait, des discours ironiquement sérieux sur des sujets plaisants, comme ici le cornichon, ou le concombre ou la tourte. Arrighetti a laissé, en outre, un très-grand nombre d’ouvrages manuscrits en vers et en prose, conservés dans plusieurs bibliothèques. G-é.


ARRIGHETTO, ou ARRIGO (Henri), da Settimello, poëte latin du 12e siècle, naquit de parents laboureurs à Settimello, village à 7 milles de Florence. C’est lui qui nous apprend ces particularités dans une élégie dont nous parlerons plus bas. Malgré l’humble état où il était né, il s’appliqua dans sa jeunesse à l’étude des arts libéraux, de la poésie et de la philosophie : il parait, d’après la même élégie, que ce fut à Bologne qu’il fit ses études. Il était alors réduit a une telle misère, que, ne pouvant se procurer du papier ou du parchemin, il écrivait, dit-on, sur une vieille pelisse toute usée. Jean Villani (Vite d’uomini illustri Fiorent., traduit par Mazzuchelli) nous apprend qu’Arrighetto se fit prêtre, et qu’il obtint la cure de Calenzano, bénéfice d’un grand revenu, qui lui laissait le temps de s’occuper de littérature ; mais que cette dignité fut pour lui une source de disgrâce et de persécutions. Il eut un procès à soutenir contre l’évêque de Florence, et, après avoir mangé son chétif patrimoine sans en voir la fin, il fut obligé d’abandonner son bénéfice, et se vit réduit à mendier. L’état de pauvreté où il tomba lui fit donner le nom de Arrigo il povero (Henri le pauvre). Il a raconté lui-même ses disgrâces dans un poème en vers élégiaques, intitulé : de Diversitate fortunæ et philosophiæ Consolatione, qui contient à peu près mille vers, et qu’il a divisé en 4 parties. Dans les deux premières, il se plaint de ses malheurs, et dans les deux autres, à l’exemple de Boëce, il introduit la philosophie, à laquelle il reproche tous les maux qu’il a soufferts ; puis il la prie de le consoler et de venir à son secours. Cette production fut estimée du temps de l’auteur, au point qu’on la lisait dans les écoles, et qu’elle était proposée pour modèle. On revint sans doute ensuite de cette opinion, et son poème resta longtemps manuscrit dans diverses bibliothèques. Il fut publié, la première fois, sans date (vers 1495), in-4o ; Lyon, 1511, avec un commentaire ; Kemnitz, 1684, in-8o, d’après une copie communiquée à Christian de Daum par le savant Magliabecchi ; et par Polycarpe Leyser, dans son Historia poetarum medii ævi. On est redevable de la meilleure édition à Dominique-Marie Manni, Florence, 1730, in-4o, avec une traduction italienne fort élégante, et souvent citée dans le Vocabulaire de la Crusca. G-é.


ARRIGHI (Antoine[1]), célèbre professeur de l’académie de Padoue, était né vers la fin du 17e siècle dans l’île de Corse, d’une famille alliée à celle des Bonaparte. Ayant embrassé l’état ecclésiastique, il vint en Italie pour suivre la carrière de l’enseignement. En 1727[2], il fut pourvu d’une chaire de droit canonique a l’académie de Padoue ; et, peu de temps après, il obtint celle de droit romain qu’il remplit avec un tel succès, qu’en 1711, il fut inscrit au nombre des citoyens de Venise. L’épitaphe qu’il avait composée pour le chanoine Pappafava fut attaquée par un anonyme avec beaucoup de vivacité. Arrighi répondit à son critique sur le même ton, et la dispute prit un caractère si sérieux, que l’autorité se crut obligée d’intervenir pour la faire cesser. Arrighi mourut vers 1753. Outre quelques discours imprimés séparément, et recueillis dans la Calogerana, on a de lui : 1° Acroases 4 de jure pontificum universo, Padoue, 1728, in-4o. 2° Historia juris pontificii, ibid., 1731, gr. in-4o. Ou trouve ordinairement à la suite trois harangues ou dissertations : pro Jurisdictione pontificum ; — de Ecclesiis subarbicariis, sujet déjà traité par notre P. Sirmoud (voy. ce nom) ; — de Agro limitato. 3° De Vila et Rrbus gestis Fr. Mauroceni, principis Venetorum, ibid., 1749, in-4o. Cette vie de Morosini est très-estimée. Dans la liste des pièces justificatives de son Histoire de Venise, Daru cite une lettre d’Arrighi sur Padoue, et une épitaphe de Morosini, conservées dans les manuscrits de la bibliothèque des camaldules in Murano. W-s.


ARRIGONI (Pompée), cardinal, naquit à Rome, en 1552, de J.-J. Arrigoni de Milan, et d’Eugénie Tara, Romaine, tous deux de noble famille. Après avoir étudié à Pérouse, puis à Bologne, et enfin à Padoue, où il reçut, dans l’une et l’autre loi, ce que nous appelons le bonnet, et ce qu’en Italie on nomme le laurier de docteur, il retourna dans sa patrie. Il se distingua tellement dans la jurispru-

  1. Suivant Lombardi, Storia della letterat. ital., 2, 321, Arrighi se nommait Antoine-Marie ; mais il n’a pris que le nom d’Antoine à la tête de ses ouvrages.
  2. Le discours qu’Arrighi prononce en prenant possession de cette chaire est imprimé. Padoue, Comino, 1729. in-4o. Voy. Annali della tipograf. Volpi-Cominian, 129. C’est donc par erreur que Lombardi retarde sa nomination jusqu’en 1780.