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armée d’aventuriers de tous les pays, ajouta à ses conquêtes Cazbin et Sulthanieh ; il entra dans le Ghilan, y fit des levées d’hommes et d’argent, et s’avança dans le Mazanderan contre Mohammed Haçan-Kan, tandis que ce dernier était attaqué d’un autre côté par Kérym-Kan. Le plan d’Asad était d’attendre le résultat de la lutte entre ces deux rivaux, et de tomber ensuite sur le vainqueur, dont il espérait avoir bon marché. Mais ayant appris que Mohammed Haçan, vainqueur de Kérym, se disposait à venir le combattre, il n’osa pas se risquer sur un terrain resserré entre la mer Caspienne et de hautes montagnes, et retourna à Cazbin. Kérym, après avoir réparé ses pertes, vint l’y assiéger en 1753. La vigoureuse résistance d’Asad força son rival de décamper. Il revint l’année suivante ; mais cette fois Asad, qui avait renforcé son armée, ne resta pas sur la défensive. Il alla camper dans les environs de Cazbin, y livra bataille à Kérym, le défit, et le poursuivit avec tant de vigueur, qu’il ne lui laissa pas le temps de se fortifier ni même de se reposer à Ispahan et à Chiraz : il s’empara de ces deux villes importantes. Kérym s’était retiré dans le Kermesir, ou les montagnards s’armèrent pour sa défense. Asad, qui le suivait de près, s’engagea imprudemment dans un défilé où ses troupes furent écrasées. Sa déroute fut complète, et il ne parvint qu’avec peine et dans le plus grand désordre à se replier sur Chiraz, où il pilla les caisses publiques et les magasins de vivres : il gagna enfin Ispahan, et comptait s’y fortifier pendant l’hiver ; mais n’ayant pas reçu les recrues qu’il avait demandées, et se voyant menacé à la fois par les armées de Mohammed Haçan et de Kérym, il craignit de se mesurer contre ces deux compétiteurs, et préféra aller attendre à Tauris l’issue d’une seconde lutte qui ne pouvait manquer de s’engager entre eux. En effet, Mohammed triompha de Kérym et s’empara d’Ispahan. Vaincu a son tour devant Chiraz, il retourna dans le Mazanderan pour y réparer ses pertes. Il marcha sur Tauris au printemps de 1757. La puissance d’Asad, affaiblie par ses guerres avec Kérym, était alors sur son déclin. Ses troupes mal payées fatiguaient les peuples de l’Adzerbaïdjan par leurs brigandages. Il manquait de vivres et de munitions ; et plusieurs de ses officiers généraux allèrent avec leurs soldats se ranger sous les drapeaux de Mohanuned Haçan. Effrayé de cette désertion, Asad laissa un corps de troupes sous les ordres de Feth Ali-Kan, pour défendre Ourmiah, la plus forte place de l’Adzerbaïdjan, et il s’achemina vers Bagdad avec une faible escorte. En traversant le Kourdistan, il s’arrêta chez son beau-père ; mais ce barbare, sans respect pour les liens de la parenté ni pour un souverain déchu, le dépouilla de tous ses joyaux, en lui disant impudemment que ces parures ne convenaient plus à sa position. Asad, arrivé à Bagdad dans un dénûment presque absolu, y fut bien accueilli du pacha Soliman ; mais il ne put en obtenir des secours pour rentrer en Perse, Comme il cherchait à se faire un parti, et comme ses intrigues pouvaient compromettre la neutralité dont ce gouverneur voulait ne pas se départir avec Kérym-Kan (voy. ce nom), Asad reçut ordre de s’éloigner, et prit le parti de se retirer en Géorgie, auprès du prince Héraclius, qui lui assura une existence honorable à Tiflis, mais qui, satisfait d’avoir recouvré l’indépendance de sa couronne et de son pays, refusa aussi de favoriser les projets ambitieux de son hôte. Dans cet intervalle, Feth Ali-Kan, abandonné à ses propres forces, avait livré Ourmiah à Mohammed Haçan. (Voy. ce nom.) Celui-ci, à son tour, avait été vaincu et tué par Kérym, qui restait maître de toute la Perse. Héraclius, sommé par ce prince de livrer Asad, ne voulut pas violer les lois de l’hospitalité ; mais il engagea Asad à se rendre auprès d’un prince dont on vantait la clémence et la loyauté. Asad-Kan suivit ce conseil. et s’en trouva bien. Olivier, dans la relation de ses voyages en Orient, nous a conservé le récit de l’entrevue de ces deux personnages et le texte même de leur conversation. Il est difficile de croire à l’authenticité de ces détails, et surtout à celle des discours. Mais, en somme, Kérym pardonna généreusement à son ancien rival, lui accorda sa confiance, l’admit dans son conseil, et lui offrit tous les moyens de mener une vie douce et paisible, dans tel lieu qu’il lui plairait de choisir. Asad préféra demeurer à Chiraz, auprès d’un prince qui avait acquis tant de droits à sa reconnaissance et à son amitié. Il lui donna souvent des avis salutaires, le servit avec zèle et courage à l’armée ; mais, refusant tous les emplois, toutes les dignités, il disait souvent qu’il n’avait jamais été plus heureux que depuis sa chute. Il survécut à Kérym et mourut à Chiraz en 1780, pendant que cette ville était assiégée par Ali Mourad-Kan. (Voy. ce nom.) Son corps fut déposé dans une mosquée, et ce ne fut qu’après la reddition de cette ville que ses restes, comme il l’avait désire, furent portés à Kaboul, accompagnés de ses femmes et de ses esclaves. A-t.


ASANDRE, l’un des généraux de Pharnace II, roi de Pont, se révolta contre la cruauté de ce prince, qui, vaincu par César, voulut rentrer dans ses États ; mais Asandre alla à sa rencontre, le défit et le tua. César disposa de la couronne en faveur de Mithridate le Pergaménien, fils naturel du grand Mithridate ; Asandre le défit aussi. Il se contenta cependant du titre d’archonte, qu’on voit sur plusieurs médailles, et il n’osa prendre celui de roi que lorsqu’Auguste l’eut confirmé dans son autorité. Il épousa Dynamis, fille de Pharnace, et mourut l’an 14 avant J.-C., âgé de 93 ans. C-r.


ASBIORN, surnommé Blak, seigneur danois, beau-frère du roi Harald, se mit, en 1085, à la tête de la multitude révoltée contre Canut IV. Pour mieux assurer son entreprise, il passa lui-rnemê dans le camp du roi, sous prétexte de concerter avec Canut les moyens d’étouffer la rébellion. Après avoir donné à ce prince le conseil perfide de se montrer dans la ville d’Odensé, en Fionie, il revint trouver une petite troupe de rebelles, et, pénétrant avec eux dans la ville, il massacre le roi, agenouillé devant l’autel, avec ses principaux courtisans. Quel-