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verneurs. Ils se révoltèrent en 888, et furent vaincus par Sempad, fils aîné du roi, qui, s’étant mis a la tête d’une nombreuse armée d’Arméniens et de Géorgiens, les soumit, et résida quelque temps chez eux en qualité de vice-roi, pour les accoutumer à obéissance. Aschod fit la même année un voyage à Constantinople, où il fut reçu avec les plus grands honneurs par l’empereur Léon le Philosophe ; mais il tomba malade a son retour sur les frontières de ses États, et mourut vers la fin de l’an 889, après avoir porté pendant cinq ans le titre de roi, laissant pour successeur Sempad, l’aîné de ses quatre fils. — Aschod II, petit-fils du précédent, succéda, l’an 914, à son père Sempad, dont la mort tragique avait plongé l’Arménie dans un abîme de maux. Ce prince, qui par ses exploits mérita le surnom d’Ergathi (de fer), secondé par son frère Apas, rassembla six cents guerriers avec lesquels il soutint une lutte inégale contre les musulmans et les rebelles. Malgré son courage, son activité et ses hauts faits d’armes, malgré la couronne qu’il avait reçue des rois de Géorgie et des Abkhaz, il ne put délivrer son pays du joug des infidèles. Moins roi que chef d’aventuriers, borné à la possession de quelques forts, il n’aurait pu, sans le secours des étrangers, recouvrer le trône de ses pères, et relever la puissance des Bagratides en Arménie. Enfin, après dix ans de malheurs, Aschod fut informé, l’an 920, que l’empereur Constantin Porphyrogénete invitait les Arméniens à oublier leurs dissensions, et à se réunir aux rois de Géorgie et des Abkhaz, promettant de leur envoyer de puissants secours pour les aider à chasser les Arabes. Aschod se rendit l’année suivante à Constantinople, d’où il revint avec une armée qui l’aida à recouvrer entièrement son royaume. Pendant son absence, la révolte de Kakig, roi du Vazbouragan, et de quelques autres princes arméniens alliés des Arabes, avait forcé Yousouf, chef de ces derniers, a évacuer l’Arménie ; mais il y avait laissé un ferment de division en créant roi, dans la ville de Tovin, un autre Aschod, cousin du roi d’Arménie. La guerre qu’Aschod eut a soutenir contre ce compétiteur ne l’empêcha pas de soumettre plusieurs peuples du nord de l’Arménie, de faire la paix avec Yousouf, de vaincre son propre frère Apas, auquel il pardonna sa révolte soutenue par le roi des Abkhaz, et de terminer heureusement plusieurs guerres contre ce dernier et d’autres princes arméniens. Le successeur d’Yousouf renouvela l’alliance avec le roi d’Arménie, et lui donna le titre de schahanschah (roi des rois), pour marquer sa suprématie sur les rois de Colchide, de Géorgie, d’Albanie, de Vazbouragan et de Tovin ; mais les empereurs grecs ne lui accordèrent que le titre de prince des princes. Par la médiation du patriarche Jean VI et des évêques arméniens, Aschod fit la paix avec son cousin, qu’il reconnut roi de Tovin, fut heureux dans toutes ses entreprises, et mourut en 928, dans la quinzième année de son règne, laissant pour successeur son frère Apas. — Aschod III Oghormadz (le Miséricordieux), neveu d’Aschod II, succéda, en 952. À son père Apas dont le règne avait été tranquille. À son exemple, il fit construire plusieurs édifices, il embellit et agrandit la ville d’Ani, sa capitale. En 961, il donna le titre de roi et la ville de Kars à son frère Mouschegh, dont la postérité y régna pendant un siècle. Aschod parvint à un très-haut degré de puissance. Les rois de Géorgie, d’Albanie, de Kars, de Vazbouragan, tous les princes arméniens et plusieurs émirs musulmans reconnaissaient sa suprématie. Il n’avait plus à redouter le califat avili sous la tyrannie des princes Bowaïdes. (Voy. Mothy-Lillah). Ayant vaincu, en 961, Seif-ed-daulah, prince Hamdanide, souverain d’Alep et d’une partie de la Mésopotamie, il reçut du calife une lettre de félicitation et le titre de Schah-Armen. En 974, il fit alliance avec l’empereur Jean Zimiscès, et le seconda puissamment dans sa brillante expédition contre les princes musulmans de Syrie et de Mésopotamie. Aschod III mourut en 917, après un règne de 25 ans, laissant pour successeur Sempad II, et deux autres fils, Kakig Ier et Kourken, qui fonda le royaume del’Albanie arménienne. — Aschod IV, surnommé Khadeh (le Vaillant), fils puîné de Kakig Ier, se révolta, l’an 1021, contre le roi Jean, son frère ; soutenu par le roi de Vazbouragan, il l’assiégea dans Ani, après avoir conquis la plus grande partie du royaume, et le força de lui en céder la moitié. Mais les entreprises de l’empereur Basile II et les invasions des Turcs seldjoukides affaiblirent l’Arménie, et la plongèrent dans l’anarchie. Aschod mourut en 1039 ; et, comme il ne laissait qu’un fils âgé de quatorze ans, ses États retournèrent à son frère Jean, qui ne lui survécut que quelques mois. Ce ne fut qu’après deux ans de malheurs que le fils d’Aschod parvint au trône, qui fut bientôt perdu pour lui et pour sa famille. A-t.


ASCHRAF-SCHAH, le second des souverains afghans khildjis qui interrompirent la dynastie des Sofis en Perse, était fils de Mir-Abdallah que Mir-Mahmoud avait fait périr à Candahar. Aschraf, cousin de ce dernier, sut dissimuler sa haine contre le meurtrier de son père ; il le suivit dans ses expéditions contre la Perse, et prit part à la conquête d’Ispahan, en 1722. Après que Mahmoud se fut assis sur le trône des Sofis, Aschraf, exposé aux persécutions de sa défiante jalousie, fut protégé par affection des Afghans. Accusé d’avoir, par trahison ou par lâcheté, favorisé, pendant le siége d’Ispahan, l’évasion du prince Thahmasp, il se justifia en prouvant qu’il avait fait toute la résistance dont était susceptible la faiblesse du poste qu’il commandait, et fut acquitté par un conseil de guerre. Il s’éloigna de la capitale où il portait ombrage à Mahmoud, et fut un des chefs de expédition qui s’empara de cette ville s’étant révoltée, les habitants firent main-basse sur les Afghans : Aschraf parvint a s’échapper, et n’osant reparaître à Ispahan, où il craignait de courir les chances d’une nouvelle accusation, il se retira à Candahar. Les vœux des Afghans forcèrent bientôt Mahmoud de le rappeler et de le déclarer son successeur. Il parait néanmoins que pendant la maladie cruelle et délirante qui accabla l’usurpateur, et