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pitale, l’an 616 de sa fondation, 110 ans avant J.-C., après s’être fait une réputation en Asie, où il refusa les offres de Mithridate, roi de Pont, qui voulait l’attirer prés de lui. C’était un de ces esprits ardents destinés à faire révolution dans les carrières qu’ils parcourent. La nature l’avait doué d’une éloquence entraînante dont il abusa souvent. À Rome, il commença par donner des leçons de rhétorique ; mais tout à coup, persuadé, malgré ses connaissances assez superficielles en médecine, qu’il connaissait à fond cet art, il se mit à le pratiquer ; malheureusement, il y porta toute la fougue de son esprit indépendant, et toutes les erreurs des opinions philosophiques que, comme rhéteur, il avait successivement adoptées. Les Romains, qui d’abord avaient paru accueillir favorablement Archagathus, l’avaient ensuite injustement pris en haine, parce qu’il avait recours quelquefois dans ses traitements a des moyens douloureux. Asclépiade, pour se faire une réputation, prit une méthode inverse ; il s’attacha d’abord à ne donner que des remèdes agréables et faciles ; il fit à la médecine une fausse application de toutes les philosophies du temps ; et, parlant ainsi aux Romains de choses qui entraient dans le plan de leurs études, et les entraînant d’ailleurs par le charme de son éloquence, il les séduisit et les gagna d’autant plus facilement qu’il était lui-même séduit et se croyait près de la vérité. Il adopta la philosophie corpusculaire d’Épicure, comme base de sa doctrine ; et celle d’Hippocrate, la seule vraie, cette sage réserve avec laquelle le prince de la médecine reste souvent spectateur des mouvements de la nature, et en attend la favorable, mais spontanée solution, Asclépiade la qualifiait de méditation sur le mort. Du reste, comme cela se remarque chez tous les esprits ardente qui adoptent pour règle de leur conduite un principe pris hors de la limite rigoureuse de l’observation et de l’expérience, rien de plus mobile, de plus contradictoire que les dogmes théoriques et pratiques d’Asclépiade. Par exemple, s’il mérite d’être loué pour avoir souvent employé l’exercice comme moyen perturbateur, souvent aussi il est tombé a cet égard dans l’excès reproché à Hérodicus : en le voit à la fois prescrire le vin dans les maladies causées par la faiblesse et dans les frénésies ; saigner dans les pleurésies et dans les maladies nerveuses, comme l’épilepsie ; faire une prescription absolue des purgatifs ; défendre toute boisson aux malades dans les deux premiers jours de leur maladie, c’est-à-dire dans le temps ou ils en demandent avec le plus d’instances, etc. En somme, ses principes sont si vagues, qu’on ne peut pas même dire qu’il ait fait école. Pline rapporte à cinq chefs ses principaux moyens de traitement : l’abstinence des viandes, celle du vin, les frictions, la promenade, et la gestation à cheval et en voiture ; on peut expliquer tous les succès pratiques qu’on lui attribue par l’effet le plus général de ces moyens, qui tendent tous à exciter l’action de la peau, cet émonctoire important de l’économie, point de pratique qu’avait entrevu Asclépiade, mais qu’il ne se proposait que d’après les vues fausses de sa philosophie corpusculaire. Ce que nous avons dit de l’éloquence d’Asclépiade et du soin qu’il prenait a satisfaire les moindres fantaisies de ses malades explique assez sa grande réputation, qui s’est évanouie avec lui. Une circonstance heureuse vint d’ailleurs la justifier en quelque sorte ; passant près d’un convoi, il reconnut que le corps qu’on portait au bûcher avait encore un reste de vie ; il lui prodigua des secours qui furent suivis de succès, et il parut plutôt ressusciter un mort que guérir un malade. Il osa se vanter de n’être jamais malade, et, si l’on en croit Pline, le hasard le servit encore à cet égard ; car il dit qu’il mourut vieux et par suite d’une chute. Cependant Suidas nie ce fait, et attribue sa mort a une inflammation de poitrine. Asclépiade fut le maître de Thémison, chef de la secte des méthodistes ; mais la doctrine professée par ces derniers est tout entière le fait de Thémison, et ne doit nullement être rapportée à Asclépiade, trop bouillant pour se plier ainsi toujours à un même système. Il nous reste quelques fragments des ouvrages d’Asclépiade dans Aétius : Malagmata hydropica qua evacuant humorem ; Emplastrum a scilla quæ uteri ulcera ad ciratricem ducunt, corrigés, augmentés et publiés par Ch.-G. Grumpert sous ce titre : Asclapiadis Bythini Fragmenta, Weimar, 1798, in-8o. Celso et Cœlius Aurélianus le citent comme auteur de plusieurs traités. C. et A-n.


ASCLÉPIADES, philosophe platonicien, natif de Phliase, s’établit à Athènes, et se lia d’une étroite amitié avec Ménédeme. Ils étaient tous deux si pauvres, qu’ils servirent d’abord les maçons, puis sa louèrent à un boulanger, chez lequel ils passaient la nuits à moudre du blé. Cités devant l’aréopage pour justifier de leurs moyens d’existence, ils firent comparaître le boulanger, et les magistrats, charmés de leur amour pour l’étude, leur donnèrent à chacun 200 drachmes. Asclépiades quitta l’école platonique pour celle de Stilpon de Mégare ; cette dernière, pour le séjour d’Élis, et d’Elis il se rendit a Érétrie, toujours accompagne de Ménédeme, qui fut le fondateur de la secte Érétriaque. (Voy. Méndème.) Les deux amis avaient d’abord fait vœu de rester célibataires ; mais ils changèrent de résolution, et se marièrent tous deux en même temps, Ménédeme épousant la mère, et Asclépiades, la fille. Celle-ci mourut, et Ménedeme céda sa femme a son ami. Asclépiades termina ses jours dans un âge avance, vers le milieu du 5e siècle avant notre ère, laissant un fils dont Ménédme prit sein. D. l.


ASCLÉPIADES. Voyez Esculape.


ASCLÉPIODOREE, peintre athénien, florissait en même temps qu’Apelles, sur lequel il l’emportait pour les proportions et pour l’ordonnance. Apelles était le premier à l’admirer sous ce rapport. Mnason lui fit peindre les douze dieux, et lui paya mines pour chacun. — Il y eut un autre Asclépiodore, statuaire, qui excellait à faire les têtes des philosophes., L-S-e.


ASCLÉPIODOTE natif d’Alexandrie, fut disciple de Proclus, pour la médecine et pour la philosophie éclectique. Il s’acquit dans l’une et l’autre science une grande réputation. Damascius a parlé