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de lui fort au long, dans la vie d’Isidore dont Suidas et Photius nous ont conservé des fragments. Asclépiodote, dirigeant ses recherches vers la philosophie naturelle, s’attachait particulièrement à connaître la cause des choses : il détermina le nombre des couleurs primitives et des diverses nuances que l’on peut former par leur mélange, distingua cinq cents espèces de bois, étudia les vertus des plantes et celles des animaux, cultiva la musique, et, dans la médecine, surpassa son maître. Il remit en usage ; comme remède, l’ellébore blanc, avec lequel il fit des cures très-heureuses. De ces recherches, à la magie, il y a peu de chemin, surtout dans un siècle peu éclairé ; aussi Damascius rapporte-t-il qu’Asclépiodote lisait dans les plus épaisses ténèbres ; que, prés de se noyer dans le Méandre, il se retira des eaux par la vertu de certaines paroles, etc. De tout cela on doit conclure qu’Asclépiodote fut un thaumaturge. Il avait fait, sur le Timée de Platon, un commentaire qui s’est perdu. Nous avons, sous son nom, un ouvrage manuscrit sur la tactique, mais on ignore s’il est de lui ou de son gendre, médecin célèbre. K.


ASCLÉPIUS, de Tralles, l’un des disciples d’Ammonius Hermias, chercha, comme les autres éclectiques, à concilier les dogmes de Platon avec ceux d’Aristote. Ce philosophe appartient a la dernière époque de l’école néo-platonicienne ; sa vie ne nous est pas connue ; on le rapporte à la fin du 5e siècle de notre ère. Il nous reste de lui des scolies sur les six premiers livres des Métaphysiques d’Aristote, et sur l’Arithmétique de Nicomaque. Ces deux ouvrages, qui n’ont jamais été imprimés, se trouvent en manuscrit dans la bibliothèque royale. Ste-Croix a donné dans le Magasin encyclopédique, t. 27, une notice sur les ouvrages manuscrits d’Aselépins de Tralles[1]. C-r.


ASCOLI (le duc Trojano-Marcelli d’) offrit, dans un temps si funeste pour les rois, un exemple de dévouement et de fidélité qui eut peu d’imitateurs. Né dans les États du roi de Naples, il entra au service de ce prince comme gentilhomme de la chambre en 1792, et fut nommé, peu d’années après, vicaire général de la Basilicate et des trois provinces de la Pouille, alors menacées d’une invasion par les Français. Il s’y conduisit avec autant de zèle que de sagesse. La levée de boucliers du général Mack, à la tête des troupes napolitaines, contre les Français, qu’il chassa de Rome a la fin de novembre 1798, ayant été bientôt suivie de sa défaite, et Naples ayant été prise par les Français le 23 janvier 1799, le duc d’Ascoli fut obligé de suivre la famille royale en Sicile, et la capitale resta livrée aux plus horribles désordres. Mais lorsque peu de mois après l’armée française eut été forcé d’évacuer cette ville pour marcher contre les Austro-Russes, une subite réaction entraîna des crimes encore plus épouvantables. Dans ces circonstances difficiles, le duc d’Ascoli fut nommé par son souverain, en 1800, surintendant général de la police et de la justice criminelle du royaume. Il répondit à la confiance du roi, déploya encore dans ces importantes fonctions autant d’habileté que de prudence, comprima partout les excès, rétablit l’ordre et la sécurité dans sa patrie, et y ramena le calme et la justice ; mais il ne lui fut pas donné de sauver la monarchie napolitaine de tous les périls qui la menaçaient pour la seconde fois. Obligé de se réfugier encore en Sicile avec la cour, après l’invasion de Joseph Bonaparte en 1806, il y fut le conseiller habituel du roi Ferdinand IV, qui lui confia plusieurs missions diplomatiques en Espagne et dans l’île de Sardaigne. Il ne revint à Naples qu’avec ce prince, en 1815, et fut alors réintégré dans toutes ses fonctions, et nommé grand écuyer. Le duc d’Ascoli mourut dans cette ville, le 19 juin 1823, dans le temps ou les Autrichiens l’occupaient sous les ordres du général Frimont. Ils lui rendirent de grands honneurs funèbres, et de nombreux corps de troupes napolitaines et autrichiennes assistèrent à son convoi. Z.


ASCONIUS PEDIANUS (Quintus), grammairien, né à Padoue, tenait une école d’éloquence à Rome, sous le règne de Tibère. On sait, par un passage des Institutions oratoires, que Tite-Live et Quintilien lui-même fréquentèrent dans leur jeunesse l’école d’Asconius, et tous deux parlent avec respect de leur maître. Il perdit la vue à soixante-seize ans, supporta ce malheur avec résignation, et mourut sous Néron, âgé de 85 ans. Il avait vu Virgile à un âge où tout ce qui est beau semble avoir des droits a notre admiration, et il s’était formé entre eux une liaison durable ; mais St. Jérome, dans sa Chronique, ayant reculé la mort d’Asconius jusqu’à la 7e année du règne de Vespasien, quelques critiques en avaient conclu que l’ami de Virgile était différent d’Asconius le grammairien, et, en conséquence, avaient admis deux auteurs de ce nom. L’erreur échappée à St. Jérôme a été justement relevée, et tous les savants, en reconnaissant qu’il n’a existé qu’un seul Asconius, s’accordent a fixer l’époque de sa mort comme nous l’avons fait plus haut. Il nous reste de lui des commentaires utiles et fort intéressants sur trois des Verrines, le commencement de la quatrième, et cinq autres discours de Cicéron. Il est certain que nous ne possédons qu’une partie de son travail sur les ouvrages du plus éloquent des orateurs romains, et c’est à Pogge que nous en devons la conservation. Ces commentaires ont été imprimés pour la première fois à Venise, en 1477, in-fol. ; à Venise, Alde, 1522, in-8o ; à Lyon, 1551, même format, et à Leyde, 1644, in-12 : on les a insérés dans les éditions de Cicéron publiées par Manuce, Gruter, Gronovius et l’abbé d’Olivet. Asconius avait composé une vie de Virgile et une de Salluste, dont on doit regretter la perte. W-s.


ASCOUGH (sir George), vice-amiral dans la marine anglaise, né au commencement du 17e siècle, fut chargé, en 1651, de réduire sous l’obéissance

  1. Le commentaire d’Asclépius, rédigé d’après les leçons de son maître Ammonius, est d’un grand secours pour l’intelligence de quelques parties obscures de la Métaphysique d’Aristote ; il n’a pas été traduit en latin. Brandis en a publie des extraits considérables dans la grande édition d’Aristote (voyez ce nom), imprimée par ordre de l’académie de Berlin. C W—R.