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son illustre frère, qui lui laissa le commandement en chef lorsqu’il porta la guerre en Italie. Quoique vaincu souvent par les Romains, et abandonné par les Espagnols, Asdrubal se soutint pendant plusieurs années, et acquit même la réputation d’un grand capitaine. Défait en bataille rangée, l’an 219 avant J.-C., vers l’embouchure de l’Èbre, par Cneïus Scipion, réuni aux Celtibériens, il se retira en Lusitanie ; et reçut enfin quelques renforts, avec ordre du sénat d’aller en Italie au secours de son frère. Asdrubal s’avança d’abord contre les Carpétiens, qui s’étaient révoltés, et les soumit ; il marcha ensuite vers les Pyrénées ; mais Scipion s’étant mis en devoir de lui fermer la sortie de la péninsule, il fut poursuivi dans sa marche et obligé de combattre. Vaincu et forcé de rétrograder, il se borna à la défense de l’Espagne méridionale ; puis, ayant gagné les Cetibériens, il réunit ses forces à celles de son frère Magon et de Masinissa, roi des Numides, attaqua séparément les deux Scipions, et détruisit leur armée dans deux combats différents, où ces généraux perdirent la vie, 213 ans avant J.-C. Après cette victoire, Asdrubal se mit enfin en état de passer en Italie pour joindre ses troupes à celles d’Annibal ; mais attaqué par le jeune Scipion, son camp fut forcé et pillé, et son armée presque détruite. Le génie fécond d’Asdrubal en créa bientôt une nouvelle ; et il fut impossible au vainqueur de lui fermer les Pyrénées. Asdrubal, après avoir surmonté tous les obstacles, se dirigea vers l’Italie, laissant le commandement de l’armée d’Espagne à Asdrubal, fils de Giscon. Quelques nations gauloises facilitèrent sa marche. Arrivé devant Plaisance, il entreprit imprudemment le siége de cette ville, et donna le temps aux Romains de ressembler des forces pour le combattre. Il se hâta de lever le siége, et prit la route de l’Ombrie. Il s’avançait plein d’espérance, lorsqu’il fut attaqué à l’improviste, prés du Métauro, par les consuls Livius Salinator et Claudius Néron, qui s’étaient réunis. Il range aussitôt son armée en bataille, se place au centre, anime ses soldats, dispute longtemps la victoire, et, voyant qu’elle se déclare pour les Romains, il se précipite au milieu d’une cohorte, et meurt comme il convenait au fils d’Amilcar et au frère d’Annibal. Cette bataille, donnée l’an 207 avant J.-C., que Tite-Live compare a celle de Cannes, décida du sort de l’Italie. Annibal n’apprit ce terrible revers qu’a la vue de la tête de son frère, que le consul Néron fit jeter dans son camp. Attendri et consterné, il s’écria : « C’en est fait ; en perdant Asdrubal, j’ai perdu mon bonheur, et Carthage toute son espérance.» B-p.


ASDRUBAL, fils de Giscon, se signala de bonne heure en Espagne, au commencement de la seconde guerre punique, et prit le commandement de l’armée lorsque Asdrubal Barca passa en Italie, l’an 207 ; avant J.-C. Scipion ayant ramené la victoire sous les drapeaux des Romains en Espagne, Asdrubal se retira en Lusitanie, et prit soin d’éviter tout engagement. L’année suivante, il rassembla une armée nombreuse, et vint présenter la bataille à Scipion ; mais il fut défait et forcé de se réfugier à Cadix ; d’où, passant a la cour de Syphax, il parvint à attirer ce prince dans le parti des Carthaginois, en lui faisant épouser sa fille Sophonisbe. Appelé à la défense de son pays, lorsque Scipion débarqua on Afrique, il fut joint par Syphax, a la tête d’une armée, et fit échouer les projets de Scipion sur Utique, l’an 204 avant J.-C. Mais l’année suivante, le général romain attaqua son camp et celui de Syphax, y mit le feu, et détruisit, le même jour, les deux armées carthaginoise et numide. Asdrubal se sauva, n’ayant plus avec lui que 2,000 hommes d’infanterie et 500 cavaliers. Appien assure qu’il fut mis en croix à son retour à Carthage ; mais, selon Tite-Live, il parvint, au contraire, à détourner le sénat et les suffétes d’une paix déshonorante, hasarda même une seconde bataille contre Scipion, qui tailla son armée en pièces, et mourut peu de temps après, vers l’an 201 avant J.-C. (Voy. Sophonibe.) B-p.


ASDRUBAL, surnommé Hœdus, ennemi de la faction Barcine, fut envoyé à Rome après la bataille de Zama, l’an 201 avant J.-C., pour obtenir la ratification du traité conclu entre Scipion et Carthage ; il fit un discours touchant au sénat romain, et rejeta tout le blâme de la seconde guerre punique sur la famille d’Amilcar, dont il déplora l’ambition. Après avoir vanté sa conduite et celle de Hannon envers Rome, il implora la paix. « Quels dieux rendez-vous garants de la sincérité de vos serments ? lui dit le consul Comélius Lentulus, qui opinait déjà pour l’entière destruction de Carthage. — Les mêmes, répondit Asdrubal, qui ont si sévèrement puni nos parjures ! » Cette réponse fut applaudie de tout le sénat, et Asdrubal obtint la paix, mais à des conditions humiliantes. B- P.


ASDRUBAL, dernier suffète de Carthage, d’une autre famille que celle des Asdrubal Barca, donna lieu à des troubles par son caractère turbulent, et, après la seconde guerre punique, entraîna sa patrie dans une guerre malheureuse contre Masinissa, qui le défit en bataille rangée. Il fut condamné à mort par le parti de la paix, pour avoir offensé Rome en faisant la guerre au roi des Numides, son allié ; mais ayant pris la fuite il rassembla un corps de 20,000 hommes, et marcha vers Carthage, dans le dessein d’en faire le siége. C’était au moment même où les Romains, contre la foi des traités, ordonnaient aux Carthaginois d’abandonner leur ville. Ceux-ci, réduits au désespoir, rappelèrent Asdrubal pour les défendre contre l’armée romaine. Ce général mit sur pied des forces imposantes, campa sur une haute montagne qui paraissait inaccessible, et d’où il coupait les vivres aux Romains, au moyen de sa cavalerie. Le consul Manilius ayant voulu le chasser de ce poste, Asdrubal fondit sur son armée, tailla en pièces son arrière-garde, et continua de harceler les troupes ennemies qui assiégeaient Carthage ; mais il fallut bientôt céder à l’ascendant et à l’habileté de Scipion Emilius. Après avoir abandonné la campagne, Asdrubal se renferme dans Carthage ; ses efforts pour la défendre furent inutiles, Scipion s’en étant rendu maître de vive force, l’an 146 avant J.-C. Asdrubal se retrancha d’abord dans le temple