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un tableau du tremblement de terre de Lisbonne, en 1775. Les détails de la guerre de sept ans font le principal objet de cet ouvrage. Il est terminé par des pensées sur le caractère et les mœurs du 18° siècle. Schultz d’Asscherade est mort à Stockholm, en 1799. Z.


ASSEDI. Voyez Asedy-Touchy.


ASSEF-ED-DOULAH (Yahia-Kan), nommé aussi Assef Djab Behader, nabab d’Aoude, dans l’Indoustan, est le nom que prit Myrza-Many, l’aîné des fils légitimes de Choudjaa-ed-Doulah, en succédant, le 26 janvier 1775, à son père dont il ne possédait pas les talents, et encore moins la force d’esprit et de corps. Il fut reconnu sans trouble et sans opposition dans la souveraineté d’Aoude, et dans la charge héréditaire de vizir de l’empire mogol. L’argent et les intrigues des Anglais lui aplanirent les obstacles. La plupart des fidèles serviteurs du dernier nabab se logèrent auprès de son tombeau, et prirent l’habit de derviche, par haine contre son fils. Assef-ed-Doulah les rappela successivement ; mais le premier acte de son règne avait suffi pour motiver leur défiance. En recevant les hommages du capitaine Gentil, qui, depuis quelques années, était au service de son père, il l’assura que le sacrifice de 10,000 lacks de roupies lui coûterait moins que de lui laisser prendre son congé ; mais, huit jours après, il lui fit signifier l’ordre de partir, alléguant que ses alliés demandaient son renvoi et mettaient à ce prix la conservation de leur amitié, dont il ne pouvait se passer. Ce trait d’ingratitude ne fut pas le seul sacrifice du nouveau nabab à l’exigence des Anglais. Sous prétexte que ses frontières du nord et de l’ouest étaient menacées par les Seiks, les Afghans et les Mahrattes, ils lui firent souscrire un nouveau traité d’alliance, par lequel il leur céda ses droits au tribut qu’il recevait du rajah de Bénarès, et augmenta les subsides qu’il payait pour le service d’une brigade anglaise, qu’il croyait nécessaire au maintien de son indépendance dans les provinces d’Aoude, de Corab et d’Allahabad. Assef-ed-Doulah montra de nouveau son inconstance en quittant le séjour de Feyzabad, sa capitale, pour établir sa résidence à Lacknaw. Mais il donna une preuve bien plus frappante de son égoïsme et de son insensibilité. Le rajah de Bénarès, qu’il avait livré à la cupidité des Anglais, se lassa de leurs continuelles demandes, s’irrita de leurs extorsions et prit les armes en 1781. Les mêmes motifs entraînèrent dans sa révolte plusieurs provinces immédiatement soumises à l’autorité d’Assef-ed-Doulah, et l’on vit la mère et l’aïeule de ce prince favoriser les mécontents. Le dernier nabab avait laissé à ces princesses un domaine considérable en biens-fonds, en argent et en effets précieux, pour leur entretien, et pour celui de 2,000 personnes appartenant à leur famille ou attachées à leur service. Il n’en fallut pas davantage aux Anglais, qui convoitaient cette riche proie, pour trouver le prétexte et l’occasion de s’en saisir. Assef-ed-Doulah eut la lâcheté de consentir et de participer à la spoliation des deux reines : il leur extorqua 15 millions, et signa, avec le gouverneur général Hastings, un traité par lequel, en échange de leurs biens, on stipula en faveur de ces princesses une forte pension qui fut successivement réduite et mal payée. Manquant du nécessaire, et renfermées dans un palais avec toute leur suite, elles s’échappèrent et vinrent étaler leur misère sur la place du marché de Feyzahad ; mais ce fut à coups de bâton que les cipayes anglais et les sbires d’Assef-ed-Doulah les forcèrent à rentrer dans leur prison. Ce prince n’était cependant pas cruel ; mais il était lâche, irrésolu ; il tenait à ne pas se rendre suspect aux Anglais, et à conserver non point une puissance illusoire, mais les immenses revenus qu’il employait en prodigalités. Feyz-Ullah Kan, chef rohillah de Rampour, et l’un des vassaux du nabab, était mort en 1794. Son fils Mohammed-Ali, qui lui avait succédé, fut détrône et assassiné par son frère Gholam Mohammed. Le nabab-vizir, qui d’abord avait paru disposé à protéger le droit légitime, se laissa gagner par les présents de l’usurpateur, et ce ne fut qu’à regret qu’il se vit contraint d’unir ses troupes aux deux brigades anglaises qui, d’après de nouvelles conventions, tenaient garnison sur ses frontières. Gholam-Mohammed fut vaincu, forcé de se rendre aux Anglais, et la guerre se termina par un traité, du 7 décembre 1794, en vertu duquel tous les trésors de ce chef furent livrés aux Anglais, et ses États partagés entre Assef-ed-Doulah, et un petit-fils de Feyz-Ullah, qui devait demeurer vassal d’Aoude. Assef-ed-Doulah venait encore de prendre à sa solde deux régiments de cavalerie anglaise, lorsqu’il fut emporté par la petite vérole, en décembre 1799. Ses revenus étaient évalués à 73 millions, et son état militaire à 50,000 hommes, non compris les troupes alliées auxquelles il payait 12 millions par an. Ces troupes servaient moins à la garde de sa personne qu’à la perception rigoureuse des impôts dont les Anglais avaient la meilleure part ; ils emportaient aussi la plus forte dans la haine des malheureux sujets d’Assef-ed-Dculah. Livré a la débauche et aux plaisirs les plus infâmes, ce prince ne laissa pas de postérité ; mais sa haine pour sa famille l’avait porté à s’attacher par l’adoption un grand nombre d’enfants étrangers. Il attirait où il faisait enlever des femmes enceintes, achetait celles que leurs maris lui vendaient, et il les renfermait dans son harem, ou elles faisaient leurs couches. Quelquefois il achetait seulement les enfants a naître. On prétend que son successeur, fils d’un pauvre artisan, lui avait coûté 500 roupies (environ 1,300 fr. ; voy. Ali). Le caractère indolent, paresseux et efféminé d’Assef-ed-Doulah, et surtout ses folles profusions, contribuèrent plus que les circonstances à le tenir dans une servile dépendance des Anglais. Souverain d’un pays vaste, fertile et bien peuplé, possesseur de trésors immenses, maître d’une armée nombreuse, il ne fut, malgré tous ces avantages, que l’esclave pompeux d’une compagnie de négociants, et l’un des plus méprisables instruments de la rapacité britannique. Il avait la manie de dépenser des sommes énormes pour faire venir d’Europe et de divers pays les objets d’art et de curiosité les plus rares. Le prix