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dit-on, des prétentions de l’abbé Boyer, qui, suivant quelques écrivains, ne fit ses réclamations qu’après le départ de l’auteur. L’abbé Boyer disait et imprima, dans la préface de son Artaxerce, qu’il avait prié d’Assezan de lui prêter son nom. En 1686, d’Assezan revint à Paris, et y fit jouer Antigone, qui eut quelques représentations. Cette pièce a été imprimée, et, dans la préface, l’auteur détruit les prétentions de Boyer sur Agamemnon. D’Assezan, revenu à Toulouse, y mourut vers 1696. A. B-t.


ASSHETON (Guillaume), théologien anglican, né en 1641, à Middleton, dans le comté de Lancastre, réunissait à quelques talents et à des vertus réelles une teinte de fanatisme et de superstition. On lui a reproché d’avoir écrit en faveur du roi Guillaume, après avoir montré un zèle ardent pour la cause de Jacques II. Ce qui lui fait le plus d’honneur, c’est un projet de secours de bienfaisance, qu’il proposa en faveur des veuves des ecclésiastiques, et les soins qu’il se donna pour le faire réussir. Il est auteur d’un grand nombre d’ouvrages, dont les principaux sont : 1o  la Tolérance désapprouvée et condamnée, etc., Oxford, 1670 ; 2o  l’Apologie royale (en faveur de Jacques II), Londres, 1685 ; 3o  Apologie de leurs majesté : actuelles (le roi Guillaume et la reine Marie), Londres, 1689 ; 4o  la Possibilité des apparitions. Les autres écrits de ce théologien se composent de quelques traités de piété, et de beaucoup d’écrits de controverse, dirigés contre-les papistes et surtout contre les dissidents. Il mourut à Beckenham, en 1711, dans la 70e année de son âge. X-s.


ASSOUCY ou DASSOUCY (Charles Coypeau d’), né à Paris, vers l’an 1604, eut une jeunesse très-désordonnée. À l’âge de neuf ans, il quitta la maison de son père qui était avocat au parlement, et se rendit à Calais, où il se donna pour un fils de César Nostradamus, et guérit par stratagème un malade d’imagination. Le peuple ayant voulu le jeter à la mer, comme sorcier, il se réfugie en Angleterre. Comme il jouait du luth et faisait des chansons, à son retour en France, Madame Royale, fille de Henri IV, et femme du duc de Savoie, le prit à son service pour qu’il la divertit. Ensuite il exerça la même charge auprès de Louis XIII et de Louis XIV enfant, à qui il lisait ses vers burlesques. Étant retourné à la cour de Turin, il y essuya quelques disgrâces, et la quitta de nouveau. Il se mit à errer en Italie et en France, escorte de deux petits pages de musique, qui exécutaient ses chansons, et partout il eut de fâcheuses aventures. Il fut emprisonné à Montpellier, pour avoir mal parlé de plusieurs dames considérables de cette ville. Un nommé Loret, auteur de la Gazette burlesque, écrivit qu’on l’y avait condamné au feu, pour un crime qui est en abomination parmi les femmes, Chapelle et Bachaumont firent malignement usage de cette nouvelle, dans la relation de leur voyage. D’Assoucy s’en vengea, en imputant à Chapelle le même crime. À Rome, il fut jeté dans les prisons du saint-office, pour avoir écrit des choses tres-mordantes contre des prélats en crédit, et, pendant sa captivité, il composa un livre de Pensées sur la Divinité. Le pape lui rendit la liberté, et lui donna sa bénédiction, des médailles et des indulgences. De retour à Paris, il fut mis à la Bastille, et de là au Châtelet, avec ses deux petits pages, qui donnaient toujours lieu à d’étranges soupçons. Cette nouvelle détention dura six mois ; quatre ans après, il mourut, vers 1679, âgé d’environ 74 ans. Ses ouvrages sont : 1o  l’Ovide en belle humeur, Paris, 1650 et 1659, in-4o ; 2o  le Ravissement de Proserpine, traduit de Claudien, en vers burlesques, Paris, 1664, in-12 ; 3o  un Recueil de poésies et lettres, contenant diverses pièces héroïques, satirique : et burlesques, Paris, 1653, in-12 ; 5o  ses Rimes redoublées, Paris, 1671, in-12 ; 5o  ses Aventures d’Italie, Paris, 1677, 3 vol. in-12 : ce recueil contient un grand nombre de poésies de l’auteur ; 6o  sa Prison de Paris, 1678, in-12, en prose et en vers ; 7o  ses Pensées dans le saint-office de Rome, 1678, in-12. Boileau ayant dit dans l’Art poétique :

Et jusqu’à d’Assoucy, tout trouva des lecteurs,

il fut très-sensible à ce trait de satire, et s’écria douloureusement « qu’on voulait faire déchoir de ses honneurs Charles d’Assoucy, empereur du burlesque, premier du nom. » Il se donne pour le maître de Chapelle, et l’ami de Molière, qui, s’il faut l’en croire, n’a pas dédaigné de mettre la main à l’une de ses chansons. Il est fort inférieur à Scarron, dans un genre misérable, où la supériorité même est honteuse. A-G-r.


ASSUÉRUS, roi de Perse, célèbre dans l’Écriture sainte par son mariage avec Esther, et par le supplice d’Aman. Les savants sont peu d’accord sur celui des rois de Perse auquel ce nom appartient. Les uns pensent que c’est à Darius, fils d’Hystapes ; les autres, que c’est à Xercés, et d’autres enfin, que c’est à Artaxercès Mnémon. L’opinion commune est pour Artaxercés Longue-Main. Cette opinion est fondée sur la version des Septante du Livre d’Esther, sur les additions de cette version au même livre, sur l’historien Josèphe, et sur les diverses circonstances de la vie d’Assuérus, rapportées dans ces anciens monuments, qui ne peuvent convenir qu’à Artaxercès Longue-Main. T-d.


ASSUMPÇAO (don Joachim de), chanoine régulier de la congrégation de Ste-Croix, membre de l’académie royale des sciences de Lisbonne, et un des meilleurs physiciens du Portugal, est mort à l’âge de 40 ans, en 1793, laissant imparfaits des travaux qui lui auraient procuré une grande réputation en Europe, s’il avait eu le temps de les terminer. Il reste de lui des mémoires sur des phénomènes électriques, et la description des conducteurs et de l’armure métallique, moyennant laquelle on a préservé des effets de la foudre le château royal de Mafra, qui, à cause de sa situation et du genre de son architecture, était exposé à de fréquents accidents. C’est d’Assumpçao qui avait imaginé, et qui fit exécuter ce travail, le plus remarquable dans ce genre. Il a aussi publié des observations météorologiques d’une grande exactitude, et il a été peut-être le premier qui ait cherché à lier à cette sorte d’observations