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et, pendant les années 1707, 1708 et 1709, occupa la chaire de Chirac, appelé a l’armée. En 1710, il publia une dissertation physico-mathématique sur le mouvement musculaire : Dissertatio physica de motu musculari, Montpellier, in-12, écrite dans les faux principes de Borelli, mais d’une élégance de style dont l’école de Montpellier présentait alors peu d’exemples. Cette même année, il lut encore à la société des sciences de Montpellier une dissertation sur la digestion : Mémoire sur ta cause de la digestion des aliments, Montpellier, in-4o, qui, plus tard, occupa beaucoup le monde savant. En 1711, il obtint, au concours, une chaire d’anatomie dans l’université de Toulouse, et c’est dans cette ville que parut son Traité de la cause de la digestion, Toulouse, 171-1, in-4o. Il y renverse la doctrine des mécaniciens, à la tête desquels était Pitcarn, qui établit la trituration comme l’essence de cette fonction ; mais c’est pour y substituer une hypothèse aussi gratuite, la fermentation. Le médecin écossais réfuta Astruc, et même, sous le nom d’un de ses disciples, Thomas Boër, lui prodigua des injures ; notre docteur ne resta pas muet ; ses Epistolæ Joan. Astruc, quibus respondetur epistolari dissertationi Thomæ Boeri de coneoctione. Toulouse, 1715, parurent ; et si, de nos jours, on trouve, avec raison, la cause d’Astruc aussi mauvaise que celle de son antagoniste, au moins peut-on le citer comme un modèle de bienséance dans les controverses. Cependant la réputation d’Astruc s’établissait, et, des 1715, elle était telle que Chirac, qui occupait la première place de son état, le prit pour juge dans une discussion scientifique qui s’était élevée entre lui et Vieussens, et lui pardonna même de leur avoir démontré qu’ils avaient également tort. En 1716. il eut enfin une chaire à Montpellier, et établit alors sa réputation comme professeur, fondée, comme nous l’avons dit, sur cette qualité de son esprit qui le portait sans cesse à diviser ses matières, et à parcourir ensuite chaque division par des définitions précises. Livré tout entier à l’enseignement, il ne publia rien jusqu’en 1725. si ce n’est quelques thèses qu’il présida, savoir : Dissertatio de ani fistula, Montpellier, 1718, in-12 ; Dissertatio medica de hydrophobia, 1720, et certaines autres sur la métaphysique, science qu’il cultivait avec attrait, mais dans laquelle il ne porta, pas plus que dans les autres, ce génie d’observation qui y est peut-être encore plus nécessaire, et qui seul la féconde ; Dissertatio de sensatione, Montpellier, 1720, in-8o ; Questio medica de naturali et præternaturali judicii exercitu, id.: Disputatio de phantasia et imaginatione, Montpellier, 1725, in-8o. Ces divers écrits de métaphysique devaient être fondus dans un ouvrage général, où il exposait une physique des sens, et qu’il intitulait : de Animistica. La cour, instruite alors des travaux et du zèle d’Astruc, le récompense par une pension de 700 livres, et par la place d’inspecteur des eaux minérales du Languedoc. La peste, qui ravageait alors Marseille et le midi de la France, vint bientôt fournir à Astruc l’occasion de reconnaître ces bienfaits, et de servir son pays et la science. Chirac, qui, par sa place et son caractère impérieux, dominait alors la médecine française, soutenait la maladie non contagieuse, et donnait ainsi au gouvernement le conseil tacite d’abandonner toutes les précautions de séquestration ; Astruc ne craignit pas d’attaquer ouvertement cette dangereuse et fausse assertion, dans trois écrits : Dissertation sur l’origine des maladies épidémiques, et particulièrement de la peste, 1722, in 8° ; Dissertation sur la peste de Provence, Montpellier, 1720-1722, in-8o ; Dissertation sur la contagion de la peste, où cette qualité contagieuse est démontrée, Toulouse, 1724-1725, in-8o. Astruc remporta cette fois une victoire complète, et s’il la dut à la bonté de sa cause, il la dut aussi à la manière dont il la présenta. Montpellier n’était plus, dès lors, un champ assez vaste pour les travaux d’Astruc, deux entreprises bibliographiques, et qui sont ses plus beaux titres de gloire, son ouvrage sur la maladie vénérienne, et ses recherches sur la faculté de Montpellier, l’occupaient alors, et exigeaient de nombreux matériaux : il vint à Paris. Cependant il s’en éloigna quelque temps, attiré, en 1729, par le roi de Pologne, en qualité de premier médecin ; mais le séjour d’une cour devait peu lui convenir, et, dès 1750, il était rendu a ses livres et a ses amis. C’est dans cette année que la ville de Toulouse, ou il avait professé, le nomma, par reconnaissance, son capitoul ; le roi, son médecin consultant ; et la faculté de Paris, son régent et professeur au collège royal. Il ne démentit pas l’opinion qu’on avait de lui comme professeur ; et de plus, ayant bientôt dans la capitale une pratique assez étendue, quoique bien éloignée de la doctrine hippocratique, elle fut néanmoins assez heureuse, parce que, naturellement circonspect, il se renfermait le plus souvent dans une sage expectation, et laissait ainsi à la nature le temps de marquer, par des traits saillants, ce que le génie et le tact médical savent deviner, d’après les qualités les plus fugitives. C’est alors qu’il compléta son grand travail sur la maladie vénérienne, de Morbis Venereis libri sex, Parisiis, in-4o, 1736, dont la seconde édition, augmentée par l’auteur, parut en 1740, 2 vol. in-4o, ouvrage qui a souvent été réimprimé, traduit en plusieurs langues, dont il y a une traduction française en 1 vol. in-12, 1743-1755-1777, par Jault, avec des remarques de Louis, et qui, sous le rapport de érudition et des recherches historiques, est encore le plus complet que l’on ait sur ce sujet. De si grands travaux n’empêchaient pas cependant Astruc de s’occuper de sciences en quelque sorte accessoires : il imprima, en 1757, in-4o, des Mémoires pour servir à l’histoire naturelle du Languedoc, avec fig. et cart. en taille-douce, et, dans le même temps, le procès entre les chirurgiens et les médecins, qui s’agitait devant le parlement, lui fournit le sujet de cinq lettres, où il soutient, avec autant d’esprit que de raison, la cause de la médecine. Ce service, rendu a la faculté, l’associa de cœur a cette compagnie ; il voulut encore lui appartenir de droit, il s’y fit agréger en 1715, et subit, a cet effet, les examens et thèses exigés ; sa thèse avait pour titre : An sympathia partium a ceria nervorum