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positions de cet auteur ne s’élèvent pas au-dessus du médiocre ; on y trouve de la facilité et même quelque élégance ; mais elles manquent de verve. Ses chansons satiriques, qui sont les plus nombreuses, sont froides, d’une forme monotone, et ne contiennent guère que des lieux communs épigrammatiques sans force et sans originalité. Ses chansons à boire et à manger, comme il les appelait, sont de beaucoup les meilleures, et encore sont-elles fort loin de celles de Désaugiers, de Panard et des autres maîtres du genre. F-ll.


ANTIGONE, l’un des capitaines d’Alexandre, à qui, après ses premières conquêtes en Asie, ce prince confia le gouvernement de la Lydie et de la Phrygie, sut défendre ces provinces avec peu de troupes, et parvint même à soumettre la Lycaonie. Après la mort du roi de Macédoine, Antigone obtint, dans le partage de ses conquêtes, la Phrygie, la Lydie et la Pamphylie. Perdiccas s’étant rendu maître de l’esprit d’Aridée, qui avait succédé à Alexandre de Macédoine, et ayant fait tuer Méléagre, aspirait à réunir sous sa domination tout l’héritage du conquérant ; et comme il craignait l’activité d’Antigone, il chercha un prétexte pour s’en défaire, et l’accusa d’avoir désobéi aux ordres du roi. Antigone devina ses projets s’embarqua furtivement avec Démétrius son fils et ses amis, se rendit, en Europe, auprès de Cratére et d’Antipater, et, de concert avec Ptolémée, ils déclarèrent la guerre à Perdiccas. Ce dernier passa tout de suite en Asie, résolu d’aller attaquer Ptolémée, qui était le plus puissant ; mais comme Ptolémée était fort aimé en Égypte, et que Perdiccas ne l’était pas autant des Macédoniens, celui-ci n’eut aucun succès, et fut même tué par ses propres soldats. Eumènes, l’un de ses généraux, était encore très-puissant en Asie ; on chargea Antigone de continuer la guerre contre lui, et Eumènes ayant été trahi par ses propres soldats, Antigone le fit mourir, et se rendit maître de presque toute l’Asie après la fuite de Séleucus, qui s’était retiré auprès de Ptolémée. Il s’empara aussi de la plus grande partie des trésors d’Alexandre, qui étaient à Ecbatane et à Suze ; Ptolémée, Cassandre et Lysimaque lui en ayant demandé compte, il s’y refusa, et déclara même la guerre à Cassandre, pour venger, disait-il, la mort d’olympien, et délivrer Alexandre, fils d’Alexandre, qui s’était renfermé, avec Roxane sa mère, dans Amphipolis. Tous les chefs, révoltés de son ambition, se coalisèrent, et tandis que Cassandre attaquant l’Asie Mineure, Ptolémée et Séleucus s’avancèrent dans la Syrie, ou ils détirent Démétrius, fils d’Antigone. Séleucus, de son côté, reprit Babylone. Antigone, apprenant ces revers, revint promptement, et fit abandonner la Syrie à Ptolémée, qui se retira en Égypte. Antigone n’osa pas l’y attaquer ; il envoya Démétrius contre Séleucus, à qui il reprit Babylone ; alors Antigone, Ptolémée, Lysimaque et Cassandre conclurent un traité de paix, par lequel ils devaient rester en possession des pays qu’ils occupaient, jusqu’à la majorité d’Alexandre, fils de Roxane, qui avait le titre de roi. À peine ce traité eut-il été conclu, que Cassandre fit périr le jeune Alexandre et sa mère, et la guerre s’alluma de nouveau entre les prétendants à l’empire. Ptolémée, après avoir eu quelques avantages, fut vaincu sur mer par Démétrius. Antigone leva alors ouvertement le masque, et prit le titre de roi, qu’il donna aussi à son fils. Ptolémée, Lysimaque et Cassandre en firent de même. Antigone entreprit ensuite de chasser Ptolémée de l’Égypte, et rassembla pour cela des forces considérables, tant de terre que de mer ; mais ayant perdu par les tempêtes la plus grande partie de ses vaisseaux, et Ptolémée ayant disposé ses troupes de manière à rendre toute invasion impossible, il fut obligé de se retirer. Peu de temps après, Démétrius son fils chassa Cassandre de toute la Grèce. Ce dernier implora le secours de Lysimaque, qui passa en Asie avec une puissante armée, à laquelle se réunit Séleucus, et il se livra vers Ipsus, dans la Phrygie, une bataille dans laquelle Antigone fut tué, l’an 299 avant J.-C., à l’âge de 84 ans. On ne peut dissimuler qu’Antigone n’ait montré beaucoup d’ambition. Cependant il eut de grandes qualités ; il vivait dans la plus grande union avec sa femme et ses deux fils, Démétrius et Philippe ; il associa même le premier au trône, et lui confia des forces très-considérables. Il aimait les poètes et les gens de lettres, et il s’attacha entre autres l’historien Hiéronyme de Cardys et le poëte Antagoras. Il avait de l’esprit, et Plutarque rapporte de lui plusieurs bons mots. Durant son séjour dans une ville, Philippe, son second fils, étant logé chez une veuve qui avait trois filles très-belles, il fit venir celui qui distribuait les logements, et lui dit : « Ne tireras-tu pas mon fils de ce mauvais pas ? » Hermodore, dans un poëme, l’ayant appelé fils du Soleil : « Mon esclave, lui dit-il, sait bien le contraire. » Thrasylle le cynique lui demandant une drachme, il lui dit : « Ce don n’est pas digne d’un roi. » L’autre alors demanda un talent. « C’est trop pour un « cynique, » lui répondit-il. C-r.


ANTIGONE, surnommé Gonatas, parce qu’il était né à Gonnuse, dans la Thessalie, était fils de Démétrius Poliorcète. Il suivit son père dans la Béotie, après la conquête de la Macédoine par Lysimaque et Pyrrhus, et lorsque Démétrius eut été fait prisonnier en Asie par Séleucus, il ne négligea rien pour obtenir sa liberté, et s’offrit même à aller prendre sa place. Démétrius mourut dans sa captivité, Lysimaque et Séleucus le suivirent de prés, et Antigone eut l’occasion favorable pour reprendre la Macédoine ; mais il fut prévenu par Ptolémée Céraunus, qui le défit et le força à se retirer. Ptolémée ayant été tué par les Gaulois, et Sosthènes, qui lui avait succédé, étant mort, Antigone rentra dans la Macédoine, et, après avoir défait les Gaulois et pris Apollodore, tyran de Cassandrée, il se fit reconnaître roi de ce pays, l’an 277 avant J.-C. Peu de temps après, il fit la paix avec Antiochus, qui lui donna en mariage Phila, l’une de ses sœurs. Vers l’an 272 avant J.-C., Antigone fut chassé de la Macédoine par Pyrrhus ; mais ce prince ayant été tué dans Argos, il rentra dans ses États, et s’empara ensuite des principales villes du Péloponnèse. Tandis qu’il était