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consignaverunt, Rome, 1672, 2 vol. in-fol. ; nouvelle édition donnée par François Perez Bayer, de Valence : Madrid, Ibarra, 1783, 2 vol. in-fol. Antonio, suivant l’usage de son temps, a rangé les auteurs dans l’ordre alphabétique de leurs prénoms. C’est peut-être un défaut ; pour y remédier, il a multiplié les tables. La première donne les noms de famille ; dans la seconde, les auteurs sont classés par pays ; la troisième est consacrée aux ecclésiastiques séculiers ; la quatrième aux ecclésiastiques réguliers ; la cinquième les distingue par leurs emplois ecclésiastiques ; la sixième par leurs emplois civils ; la septième est une table systématique ; on y voit que cent soixante auteurs espagnols ont écrit sur l’immaculée conception de la Vierge. 3° Bibliotheca Hispana actus, complectens scriptores qui ab Octaviani Augusti imperio usque ad annum M. floruerunt, Rome, 1696, 2 vol. in-fol. Le titre contient une grosse faute d’impression, en annonçant que l’on y parle des auteurs depuis le règne d’Auguste jusqu’en l’an M (1000) : il faut lire : M D (1500). Antonio n’avait pas laissé à ses héritiers de quoi faire imprimer cet ouvrage ; le cardinal d’Aguirre en filles frais, et confia la direction de l’édition à Emmanuel Mars, savant Valencien. Les auteurs y sont rangés par ordre chronologique ; les tables y sont aussi multipliées. La Bibliotheca nova, quoique publiée la première, n’est que la suite de la Bibliotheca vetus, qui a été réimprimée aussi par les soins de Bayer, Madrid, Ibarra, 1788, 2 vol. in-fol. Ces deux ouvrages sont connus sous le nom de Bibliothèque espagnole. Baillet ne faisait pas de difficulté de les préférer à tout ce qui avait paru dans ce genre, même au P. Alegambe, pour quelques points. « La critique de l’auteur, dit-il, est saine, son latin est pur, son style n’est point rampant ; mais quelquefois, rarement, obscur et embarrassé : ce qu’il faut attribuer à la longueur des phrases, qu’il entrelace, de temps en temps, les unes dans les autres. Sa préface est une pièce fort belle et très-judicieuse. » Morhof cite l’ouvrage d’Antonio comme un modèle. David Clément dit que c’était la meilleure de toutes les Bibliothèques qu’il connaissait, excepté celle des PP. Quétif et Echard. Seelen et D. Clément reprochent seulement à Antonio d’avoir rendu les titres des ouvrages méconnaissables, en traduisant ces titres en latin, au lieu de les rapporter dans leur langue. 1° Censura de historias fabulosas, obra postuma, Valence, 17-12, in-fol., ouvrage orné de cartes, et publié par D. Grégoire Mayans y Siscar. A. B-t.


ANTONIO (Pascal-François-Jean-Népomucène-Aniello-Raymond-Sylvestre de Bourbon), infant d’Espagne, frère de Charles IV, né le 31 décembre 1755, veuf, le 27 juillet 1798, de sa nièce Marie-Amélie, infante d’Espagne, passa la plus grande partie de sa vie dans des exercices de piété et dans la pratique des arts mécaniques, particulièrement de la serrurerie, où il était devenu fort habile. On sent que de pareilles habitudes l’avaient rendu peu propre aux affaires de l’État, et qu’il dut se trouver embarrassé lorsque des circonstances difficiles l’obligèrent à s’en occuper. Ce fut dans le mois d’avril 1808 que Ferdinand VII, décidé à se rendre à Bayonne, le chargea de présider la junte suprême qui dut gouverner le royaume en son absence. Le confiant monarque, espérant tout de son entrevue avec Napoléon, avait recommandé à la junte de faire toutes les concessions possibles à Murat, qui commandait les troupes françaises dans Madrid ; mais les exigences de ce général devinrent telles, que don Antonio se vit obligé de lui faire quelques représentations dans une lettre, d’ailleurs pleine de modération et de politesse, qu’il lui adressa comme président de la junte. Murat ayant demandé qu’on l’autorisât à réprimer des émeutes imaginaires, la junte lui représenta que le peuple espagnol était parfaitement tranquille ; qu’il avait accueilli les Français avec beaucoup de générosité, et que, s’il venait à s’insurger, ce ne pourrait être que par suite des mauvais traitements qu’on lui ferait éprouver, et surtout par le mécontentement de voir un étranger sur le trône de Ferdinand VII, qui n’y était monté qu’après l’abdication réelle et bien sincère de Charles IV. Don Antonio informa le roi son neveu de toutes ces circonstances ; mais la réponse de celui-ci fut interceptée par Napoléon ; et don Antonio resta dans un embarras d’autant plus grand, que Charles IV lui fit connaître a cette époque que son intention était de reprendre la couronne. Murat, qui seul avait suscité une résolution aussi inattendue, profita de l’agitation qu’elle dut exciter pour faire arriver de nouvelles troupes à Madrid. Dans la nuit du 2 mai, de nombreuses décharges de mousqueterie et d’artillerie furent exécutées par l’armée française sur des attroupements que l’inquiétude et la curiosité avaient formés ; un grand nombre d’habitants furent arrêtés, condamnés par des conseils de guerre, et exécutés sur-le-champ pour avoir osé résister. Si l’on réfléchit à une pareille situation, on se représentera facilement la consternation et l’effroi dans lesquels l’infant don Antonio se trouva plongé. N’osant rien décider ni rien faire, et tout à fait incapable d’une résolution énergique, il conçut l’idée bizarre d’aller se réunir à sa famille, et d’ajouter ainsi au nombre des prisonniers ou des victimes que Napoléon tenait dans ses mains. Rien ne put le détourner de ce projet funeste ; et ce fut en vain que tous les membres de la junte le conjurèrent de rester avec eux. Il partit de Madrid le 1er mai, laissant au doyen de l’assemblée le billet suivant : « Je fais savoir à la junte, pour sa règle, que je suis parti par ordre du roi ; et je préviens ladite junte qu’elle ait à se maintenir sur le même pied que si j’étais au milieu d’elle. Dieu nous soit en aide ! Adieu, messieurs, jusqu’à la vallée de Josaphat. » On sait l’effet que produisit un tel abandon sur les membres de la junte, et le résultat qu’il eut sur les destinées de l’Espagne. (Voy. Azanza.) Don Antonio fut à peine arrivé à Bayonne que, prisonnier de Napoléon comme tous les siens, on le conduisit à Valençay avec Ferdinand VII. Il resta détenu dans ce château jusqu’en 1814, et il s’y fit remarquer par sa bonhomie, par sa bienfaisance, par son goût excessif pour le jardinage, comme aussi pour les ouvrages de lingerie et de broderie dont il avait établi