Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 24.djvu/10

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y’. · 1 · t l, LE !, ’ Jen écrits jusqu’à ce jour, bien qu’j l l’alt, comme ~’il le ditlui-même dans la préfqee, jeté sur l¢’papier plutôt qulécrit, sur la route, dans les hôtels, sans livres, sans aide et de mémoire. Il n’eni était q ue’plus riche en pensées. On n’y peut méconoaltae une fermentagon d’ldées extraordinaire. Depuis Bacon on n’, rivait plus ginsi. Il y résume en quelques pages toutes les parties de cette vaste science du droit, •|ù’il y fait découler tie sa source la plus élevée, et on’pourrait dire même qu’il en invente dont les, noms sont inconnus, mais qu’il avait créées par cebesoiri d’unité, d’harmonie q¤.i’il portait ·dans toutes les sciences. On’, l’a blàmé de ce qui fait à nos yeux’le principal mérite du livre ; on.l’a trouvé tro’p.philosophique, trop sévère dans ses jugements et même un peu chimérique dans ses projets d’amélioration et de réforme. Pour nous, c’est là son principal mérite, et ce qui fait de sa méthode de droit le type de ses réformes. Ce qu’on remarque, en effet, dans eet écrit de sa jeunesse, c’est que lfeibniz cherchait déjà dans le désordre des |ois’et le chaos de la jurisprudence allemande l’idée dominante de,8il vie, l’idée. d’une harmonie universelle ; ce livre est-toute upe philosophie dirdroit ; c’est s, ainsi qu’il se rattache à Peuseriiblé de ses tra-. vaux ; l’origine du droit., naturel y est cherchée, non dans le bon plaisir de Dieu qui-en ferait un despote fort peu respectable, ni dans la sociabilité humaine, mais dans la raison même. Il n’épargne pasles cartésiens, qui ne peuvent s’é· Iever à l’idée du droit, puisqu’ils sont partisans de Pabsolutisme ou de l’arbitraire de Dieu. Non moins éloigné de ces doctrines matëria listes, comme celle de Hobbes et de Pullendorf (1), qui détruisent par une autre voie la vérité des principes, et corrompent la nature de ces vérités morales, éternelles, en ruinant la foi à Vimmortalité de l’âme, il distingue trois degrés du droit : le droil strict, l’équilé et la piélé ou la probité ; la piété ou l’amour est ainsi le sommet de la justice, et de ce sommet sacré seulement, le prêtre de la justice appelle et salue l’harmonie universelle, à savoir : Dieu. Car Dieu et l’harmonie universelle ne font qu’un, comme la source et l’eau qui en découle ; la justice et l’amour s’y confondent et le bonheur est harmonie. La Méthodologie du droit est traitée dans la Nom mellaodu : avec un soin particulier et nous donne de grandes ouvertures sur sa méthode. L’idée du droit est, en ellet, celle qui a le moins varié chez Leibniz et le type fondamental auquel il rapportait toutes les autres. La méthode analytique, conseillée par Descartes, ne lui parait pas suffisamment éclaircie par les fameuses règles du Discours de la mél/iode ; il en veut d’autres. On ne saurait douter qu’il en eût trouvé de plus sûres et de plus pratiques, quapd on le voit appliquer et recommander, pour les cas douteux, la mé-2ll ; “•:: ; nïi1tr ;’l ; p•’§: quedan ad San. Pu/endorfpmm

M X °’· LI:] U i tlioile ilefanalogieyou de comparaison, et résoudre par cette méthode les principales anlinomiu ou contradictions juridiques. Ou peut d’ailleurs se faire une idée de l’état de la science et surtout. de cette idée de perfection absolue qu’il portait en toutes choses, in omni génére ntntusun, en considérant, par exemple, ce qu’il indique comme llldlltjllülllt Ill] IIOIQVCIII Corptttjttrit, Eltllfldljuri : une histoire des progrès du droit, une Phi-Iologie du droit, les Corcordances j ridiques, une Arithmétique du droit, les inslâitions du ¢droit universel, une llerirïénelltiquel des éléments-démonstratifs du droit, etc. ; en tout, tfeltte-sept pièces. « lit encore, dit l’auteur, tout alors’n§: st pas lini. Je ne cherche point la gloire, ·. mais l’utilité générale ; et c’est pour cela que j’ai gardé l’anonyme. Si je vois que ’fai produit Vallet que je désirais, rechercherai, sousrpeu, à abréger le chapitre des dmdemm ; et si je ne le fais pas, j’aurai du moins ap«· porté mon tribut. À ceux qui me mépriseraient, j’inflige leur ignorance pour punition ; peut-être un temps viendra, meilleur que le présent, où la haine se taira et où la vérité triomphera. » Cet écrit attira l’attention. Quelques savants, comme Nicol. Christ. Lynkyr, s’en emparèrent pour le piller, quitte à le réfuter ensuite : des hommes d’État éminents en approuvèrent les nouvelles idées, tout en reconnaissant pour le moment Vimpossibilité de leur application. Au nombre de wces derniers était le célèbre llermann Conring, auquel son fidèle ami le baron de Boinebourg avait envoyé l’écrit pour lui en demander son avis. Comme Louis XIV avait fait préparer pour ses États un travail sur les lois, Conring croyait que les nouvelles idées du jeune réformateur auraient plus d’écho en France qu’en Allemagne, ou en tout autre pays (1). Ce livre parut à Francfort en 1668, précédé d’une dédicace à l’électeur de Mayence, sans nom d’auteur et

SOUS ce titre : Nora Mel/todus discendœ docendrzque jurirprudentiœ cum xubjuncla calalogo d·: idernlorun in jurixprudenlia. Le nom de Leibniz Cl. lc mérite du livre le garantirent de l’oubli jusqu’:} nos jours. Au siècle dernier, le philosophe Wolf · en a donné une nouvelle édition précédée d’une préface ; au commencement du notre, llugo de Gœttingen a de nouveau appelé l’attention sur lui ; lm jurisconsulte français le traduisit et le lit paraitre. Leibniz lui dut son entrée à la cour et sa présentation à l’électeur de Mayence, auquel il (ll Conring écrivit à Jinebourg pour savoir quel est cejeime homme : qui : ille nt ! qua dignilntr ! ll reçut la réponse suiranic : se Il a vingt-quatre ans, de Lciplirli, docteur en droil ; d’ut-c science u qui passe tout ce qu’on peut dire et croire. Il connait toute la a philosophie, l’ancienne et la nouvelle, et rien disserte avec bones beur. Il a un talent d’écrir«e remarquable, il est mathématicien, a tri•e-versé dans la physique, la médecine, la mécanique, u plein de savoir, assidu et ardent : Auiduus et ardent. En religion il ne rrlève que de lui, il en de votre bande. Il sait la u philosophie du droit, et, chose plus étannantel la pratique. Il u t’aime et te révère du fond de l’ime. Il vit à Mayence chez Lesser conseiller de l’électeur auhque ; il travaille à la réa forme du droit. n Grobet, t. 2. • I