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tague, ayant fait un voyage en France, envoya son Essai sur Shakspeare à Voltaire, avec cette
épigraphe :
Se trouvant à Paris quelques années après (1776),
elle apprit en société que le philosophe de Ferney avait dit que ce n’était pas une merveille de trouver quelques perles dans l’énorme fumier de Shakspeare : elle répliqua vivement, en faisant allusion aux emprunts de Voltaire, que c’était pourtant à ce fumier qu’il devait une partie de son meilleur grain. Mistriss Montague vivait dans l’intimité de tout ce qu’il y avait de grand et d’illustre dans les lettres en Angleterre. Pope, Johnson, Goldsmith, Pulteney. depuis lord Bath, Lyttelton, Burke, etc., formaient sa société[1]. Le docteur Beattie et mistriss Carter furent, pendant toute leur vie, ses amis et ses correspondants. Mistriss Montague joignait à un profond jugement et à une imagination vive et brillante un goût aussi pur que sévère. Le recueil des Lettres que nous avons d’elle et tout ce que les contemporains racontent du charme de sa conversation, à la fois instructive et piquante, prouvent qu’elle méritait l’estime que les gens les plus érudits accordaient à ses talents. Elle avait cependant le défaut de vouloir se conformer trop strictement aux mœurs et aux usages du grand monde qu’elle fréquentait. Le désir excessif qu’elle avait de plaire et d’obtenir la réputation de femme à la mode lui faisait souvent adopter un ton léger et frivole qui trompait les observateurs superficiels. Depuis sa mort, quatre volumes de sa correspondance ont été publiés par son neveu, Matthieu Montague, qui se proposa d’en faire paraître encore, qui devaient compléter sans doute l’idée favorable qu’on s’est
formée de mistriss Montague.D—z—s.
MONTAIGNAC (François Gain de), évêque de
Tarbes, né le 6 janvier 1744, au château de
Montaignac, en Limousin, fut d’abord aumônier
du roi et grand vicaire de Reims. En 1768 il fut
nommé à l’abbaye de Quarante, au diocèse de
Narbonne, et en 1782 à l’évèché de Tarbes. Il fut
sacré pour ce siége le 20 octobre de la même
année. Ayant obtenu en 1788 l’abbaye de St-Vincent du Mans, il remit son abbaye de Quarante.
Peu de prélats s’opposèrent avec plus de zèle aux
innovations de l’assemblée constituante : il
adressa sur ce sujet plusieurs écrits à son clergé.
Il s’était retiré en Espagne vers la fin de 1790 ;
mais il revint inopinément à Tarbes le 42 mars
4791, monta en chaire dans sa cathédrale, et
prononça un discours pour motiver son refus du
serment. Il fut dénoncé, et l’on commença des
poursuites contre lui. En même temps on élut
pour évêque des Hautes-Pyrénées Guillaume Molinier, doctrinaire, auquel de Montaignac adressa
vainement des exhortations pour le détourner du
schisme. L’évêque de Tarbes fut obligé de se réfugier de nouveau en Espagne : il habita quelque
temps dans la vallée d’Aran, à peu de distance de
son diocèse ; et de là il faisait passer des instructions et des avis au clergé et aux fidèles pour les
soutenir dans les circonstances difficiles où l’on
se trouvait. Cette proximité et cette correspondance déplurent aux révolutionnaires français,
qui menacèrent les habitants du village espagnol
où l’évêque était retiré de piller leurs maisons si
l’on continuait à donner asile au prélat. Celui-ci
quitta donc ce séjour avec deux autres évêques
français, et il habita pendant trois ans le monastère de Mont-Serrat, en Catalogne. On a de lui
plusieurs mandements et écrits datés de ce lieu.
À la fin de 4798 il se rendit en Italie, et résida
plusieurs années à Lugo. Ce fut de cette ville
qu’il adressa au clergé de son diocèse une Instruction du 20 mai 1795, pour les prètres missionnaires, une Lettre contre la soumission demandée alors aux ecclésiastiques, une Instruction
du 21 décembre 1797 sur les droits du roi, et
quelques autres écrits de circonstance. Cet évêque
n’approuva point les tempéraments que ses collègues restés en France autorisèrent en plusieurs
occasions sur les affaires de l’Église. En 1800 il
passa en Portugal, et envoya sa démission le
6 novembre 1801 ; mais il réclama contre l’exécution et les suites du concordat, et se joignit
aux évêques non démissionnaires dans plusieurs
de leurs démarches. Le nombre des écrits de
Montaignac sur les matières ecclésiastiques de
ce temps-là est de cinquante-sept, qui parurent
depuis 1790 jusqu’en 1803 ; on en trouve la
liste dans l’ouvrage intitulé Extraits de quelques écrits de l’auteur des Mémoires pour sertir à l’histoire de la révolution française, Pise, 1814, t. 2 :
il paraît que de Montaignac avait envoyé à
M. l’abbé d’Auribeau, auteur de ces Mémoires,
une copie authentique de ces divers écrits ; et
M. d’Auribeau en donne une analyse assez étendue. De Montaignac est mort en 1806, dans
un couvent voisin de Lisbonne où il s’était retiré.P—c—t.
MONTAIGNAC. Voyez {{ucfirst :{{sc :GAIN DE}}}} {{ucfirst :{{sc :MONTAIGNAC}}}}.
MONTAIGNE (Michel, seigneur de), philosophe
moraliste fameux par son livre des Essais, naquit
au château de Montaigne, en Périgord, le 28 février 1533, d’une famille anciennement nommée
Eyghem, originaire d’Angleterre. Son pire brave
et loyal écuyer, qui avait servi dans les guerres
au delà des monts, et qui avait rapporté d’Es-
- ↑ Mistriss Montague avait formé une société littéraire qui, pendant plusieurs années, attira l’attention générale sous le nom de Club des bas bleus (Blue stockings club). On s’est livré dans le temps à beaucoup de conjectures pour trouver l’origine de cette singulière dénomination. Il paraît qu’elle provint de ce qu’une personne qui en faisait partie s’étant excusée de paraître à une des premières réunions, parce qu’elle était en déshabillé du matin, il lui fut répondu qu’on s’occupait peu de costume dans une société uniquement consacrée à cultiver l’esprit. « On fait si peu d’attention à l’habillement des personnes qui s’y rendent, ajouta-t-on, qu’un gentilhomme en bas bleus ne serait même pas trouvé mis ridiculement. »