Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 29.djvu/24

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


MON l5B0. Ce qui a trompé quelques biographies, c’est que plusieurs faits de ce voyage ont été insérés par’auteur même, dès 1582, dans les éditions qu’il a données avant que l’ouvrage eût reçu sa dernière fomie. Mais ces faits ne concernent guère que les séjours aux bains de Plombières, de Bade, et surtout à ceux della I·’illn, près de Lucques. C’était la sans doute l’objet principal de son voyage ; et c’est en effet la partie la plus considérable de son Journal posthume (1), qui n’était pas destiné à voir le jour. Mais Montaigne, avant la composition de ses E.«.mis, avait beaucoup voyagé en France. Il observe que la conversation, dans ses courses el dans ses voyages, était pour lui une des meilleures écoles, où il apprenait toujours quelque chose, en ramenant ceux avec lesquels il s’entretenait aux matières qu’ils connaissaient le mieux. Il allait souvent à Paris et à la cour, où l’appelait sa place de gentilhomme de la chambre du roi. Il s’étàit trouvé à Bar-le-Duc avec Henri II. Il avait accompagné Charles IX à Rouen, probablement, dit Bouhler, lors de la déclaration de la majorité de ce prince, auquel furent présentés par son entremise les sauvages Américains dont il parle dans le cha itre des Cmmibalu, où il oppose les mœurs barbares et simples de ces peuples, tels qu’on les connaissait alors, aux actes trop fréquents de conduite atroce auxquels il avait vu se livrer ses concitoyens, sous prétexte de religion. L’abbé Talbert (2) dit qu’on sait que Montaigne servit de secrétaire à Catherine de Médicis dictant ses instructions à son fils. Cette assertion peut sembler hasardée. Mais il’est sur que Marguerite de France, princesse d’un esprit vif, et lportee à la galanterie, recev ait les conseils du ph’osophe. Le livre de Sebonde ay ant eu de la vogue même à la cour, mais ayant déplu d’une part aux esprits forts, et de l’autre aux théologiens, le traducteur, consulté par cette princesse, répondit aux premiers en attaquant la raison humaine avec une force qu’admirait Pascal, et aux seconds en défendant cette même raison naturelle allé-Suéü par Sebonde. Ces moyens contradictoires, développés dans le long chapitre 12 déjà cité du y deuxième livre, sont ce qui a fait surtout accuser " Montaigne de scepticisme : il les propose, à la ( vérité, comme des armes diverses dont il se sert ( contre des adversaires différents ; et il conseille à la princesse, après s’être escrime lui-même à outrance, de rester, quant à elle, aussi modérée dans ses opinions que dans ses mœurs, en te- ( nant un juste milieu entre les deux extrêmes. ( Mais il faut convenir que les raisonnements du philosophe, fortifiés encore de nouvelles raisons, ( l’ayant conduit à adopter définitivement pour (ll Joimnaldu vcyaga da Mzmtdîgne en Italie, par la Suisse “ l’Ã’€•’*¢ ; l¢.¤¤ IBUO tt IBBI, publié par Querlon, Paris, 1774, 2v0I. nn-I. «.’¥UiS°£ ;.%î.r’À’§’If.’Zîâ’33 ;, ’l’à2à’, «’.îï’îâî’“’ ’° ""’ “"’"""”"" — L.

MON 19 devise : Qui- sais -je :’et cela, avec tout le Sangfrnid de l’âge et de la réflexion (f}, c’était présenter à Marguerite et aux lecteurs, pour dernier résultat, la balance du doute, bien plutôt que l’équilibre de la raison. L’éditeur de la nouvelle Collection des moralistes français, où figure en tète notre philosophe (2f, infère, des derniers mots du chapitre 15 du deuxième livre des Exsais, que Montaigne avait trente ans lorsqu’il l’écrivit ; d’où l’on pourrait induire qu’il avait entrepris ses Essais avant d’avoir atteint lo complément de l’âge mur. Mais ces mots, qui sont même une addition postérieure aux premières éditions, ne disent pas absolument que Montaigne ait vécu trente années, mais qu’il avait assez vécu pour rendre cette durée remarquable. Outre ce qu’il a dit de son âge au commencement de ses Essais, lui-même encore, dans le chapitre 38, le dernier de l’ouvrage publié en deux livres, achève de fixer le temps de sa composition. Je me suis envieilli, dit-il, de sept ou huit ans, lorsque je le commençai. Ce n’a pas été, ajoute-t-il, sans y avoir acquis la colique par la libéralité des ans, » et il croit que c’est assez pour sa part d’avoir vécu « quarante six armées ». tie ne fut pas le désir d’al|er acquérir par la comparaison une nouvelle connaissance des hommes, dont il n’avait pas seulement étudié l’histoire dans les livres ; ce fut l’intérêt de sa santé, qui put seul le résoudre à quitter ce qu’il avait de plus cher, pour voyager au loin. Quoique l’antipathie pour la médecine, comme les atteintes qu’il ressentait de la pierre, fussent héréditaires dans sa famille, et qu’il eût appris, dit-il, après deux années de souffrance, à se consoler et ii espérer, néanmoins, soit qu’il crut à la vertu naturelle des eaux minérales, soit qu’il regardàt comme salutaire de faire des courses lointaines, après avoir visité les bains de France, il voulut connaître ceux des différentes contrées. On n’entrera pas dans le détail d’un voyage fastidieux ou minutieux par son objet. Ce qui contribue à peindre l’auteur peut seul mériter d’être remarqué. On voit que Montaigne voyageait comme il écrivait, sans suivre une route directe, quoique dans la compagnie d’un de ses frères. Si on l’avertissait qu’il revenait souvent sur ses pas, il donnait pour réponse qu’il n’allait nulle part que là où il se trouvait. Il ait franchement l’aveu de sa vanité. Il aimait à s’arrêter lorsque, le prenant ur un seigneur de haut rang, on lui ol’frait Il ; vins d’honneur, ou qu’on lui adressait des harangues, auxquelles il répondait. Le même mouvement de vanité lui faisait laisser ses armoiill Cette devine ne sctmum pas dans les premières édition :. Mais celle de !6G0 portait une épigraphe dont on ne peut, dit le sénateur Vernier, contenter la vérité : ·lI mise eoanattreluh même lNwil•¢ ipmnl. • 12 ; l’¤rl| 1820, fl vot. in-8°. Ecllzion avec : l-s snnixeaires et du notes hlatorlqura et critiques par M. Amaury-Dunst ; denbservationn philologiques, ar M. Johanmau, et des extraits choisis duûommentalre de Yïatgeoa —ur Montnlrne et Chnfrofr