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nistres au sein de l’assemblée ; mais il fit d’inutiles efforts pour que les attributions du comité de salut public se bornassent à surveiller le conseil exécutif, et pour que ses membres fussent renouvelés deux fois par mois. Nommé à la fin de mars l’un des commissaires qui furent envoyés à l’armée du Nord avec le ministre Beurnonville (voy. ce nom), pour y faire exécuter le décret qui ordonnait à Dumouriez de se rendre à la barre, il chercha par des moyens de douceur et de persuasion à le décider à l’obéissance. « En homme d’esprit, a dit ce général dans ses Mémoires, il me donna pour exemple de soumission les généraux des Grecs et des Romains, tandis que son collègue Camus parlait avec une dureté et une rigueur excessives. » Mais ni l’un ni l’autre ne réussirent à persuader le général ; les quatre représentants et le ministre furent arrêtés et livrés aux Autrichiens comme otages de ce qui restait encore à Paris de la famille royale. Bancal se soumit avec résignation à une destinée aussi imprévue ; et il est plus que probable que cette détention le sauva de l’échafaud. Lié comme il l’était au parti qui succomba dans la journée du 31 mai, ennemi personnel de Marat, et l’un des votants de l’appel au peuple, comme le lui avait reproché cet homme féroce, il n’eût certainement pas échappé aux proscriptions qui décimèrent bientôt cette assemblée. Au contraire, tandis que les Autrichiens le traînaient de prison en prison, sa place lui fut conservée par un décret dans le lieu des séances de la convention nationale, et son nom dut rester inscrit sur la liste des représentants. Bancal et ses collègues furent successivement transférés à Ehrenbreistein, à Égra, au Spielberg, à Olmutz. Ce ne fut que trois ans après leur arrestation que leur échange fut consommé à Bâle, et qu’ils recouvrèrent la liberté en même temps que la fille de Louis XVI. Dés qu’il fut revenu en France, il publia, dit le cousin Jacques (Beffroy de Reigny), un mémoire sur sa captivité, « qui annonce une âme timorée, un cœur honnête et des intentions pures : aussi l’appela-t-on capucin. » (Dict. néolog. des hommes et des choses.) Devenu membre du conseil des cinq-cents par un décret spécial, Bancal parut pour la première fois dans cette assemblée le 1er janvier 1796. Il fut porté en triomphe dans les bras du président, et reçut de lui l’accolade fraternelle. Nommé secrétaire quelques jours après, il ne prit plus de part aux discussions que dans l’intérêt de la religion et des mœurs. Les méditations de sa longue captivité avaient entièrement changé ses idées. Il demanda avec beaucoup d’instances la prohibition des maisons de jeu et de débauche, la suppression du divorce ; enfin il fit hommage aux deux conseils d’un écrit de sa composition, intitulé : du Nouvel Ordre social fondé sur la religion, Paris, an 5 (1797), in-8o de 355 pages. Cet ouvrage avait déjà paru dans la Chronique du mois de décembre 1792 et février 1793. Lors de cette réimpression, Poultier accusa Bancal, dans son journal intitulé l’Ami des Lois, d’avoir reçu de l’argent de Roland, et d’avoir voulu rolandiser les départements. Bancal, dans une réponse en date du 23 février, in-8o, taxa Poultier d’avoir un goût extrême pour les sottises et les calomnies. Sorti du corps législatif le 20 mai 1797, il alla vivre à Clermont-Ferrand dans une retraite absolue, se livrant exclusivement à ses devoirs religieux et a l’étude du grec et de l’hébreu pour mieux comprendre les Écritures. Il est mort dans cette ville au mois de juin 1826, avec toutes les démonstrations d’une piété sincère ; ce qui a fait dire aux ennemis de toute croyance religieuse que ses facultés mentales n’étaient plus les mêmes ; mais rien dans sa conduite ne devait donner lieu à cette supposition ; et ce qu’il y a de bien sûr, c’est que les dernières années de sa vie n’en furent pas les plus malheureuses. M—D j et V-VE.


BANCBANUS, magnat de Hongrie, régent du royaume pendant l’expédition d’André II dans la terre sainte, en 1217, poignarda la reine Gertrude, qui avait aidé son frère à outrager sa femme, sortit l’épée toute fumante, en publiant sa vengeance, et demandant à être jugé par le roi lui-même. Ce prince, à son retour, ayant trouvé la reine coupable, pardonna à Bancbanus, qui fut sacrifié néanmoins, lui et sa famille, au ressentiment des fils du roi. B—r.


BANCHI (Séraphin), religieux florentin, de l’ordre de St-Dominique, fut envoyé jeune à Paris, où Catherine de Médicis lui fournit les moyens de faire son cours d’études. La mort de sa protectrice l’obligea de retourner dans sa patrie. Il s’y acquit la confiance de Ferdinand Ier, grand-duc de Toscane, qui le renvoya en France pour observer les troubles dont ce royaume était agité, et lui en rendre compte. Barrière lui ayant fait part à Lyon, en 1593, de son projet d’assassiner Henri IV, il se hâta d’en faire prévenir ce prince, et le scélérat fut arrêté au moment où il allait exécuter son crime. La loyauté de Banchi lui valut sa nomination à l’évêché d’Angoulême, qu’il refusa par humilité. Il se contenta d’une pension qu’il employa à de bonnes œuvres, et à faire d’utiles réparations au collège de son ordre, ou il passa le reste de ses jours dans la pratique des vertus religieuses, et mourut après 1622. On a de lui : 1o Apologie contre les jugements téméraires de ceux qui ont pensé servir la religion en faisant assassinerle roi de France, Paris, 1596, in-8o. Il y raconte de quelle manière il avait découvert le projet de Barrière. 2o Le Rosaire spirituel de la sacrée vierge Marie, ibid., 1610, in-12. Il se justifie dans la préface de ce qu’on lui imputait d’avoir abusé de la confession pour révéler le dessein de Barrière. 3o Histoire prodigieuse d’un détestable parricide entrepris sur la personne du roi, et comme il en fut miraculeusement garanti, Paris, 1598, in-8o. Cette pièce est différente d’une autre du même auteur, et à peu près du même titre, qu’on trouve dans le tome 6 des Mémoires de la ligue et des Mémoires de Condé, intitulée : Histoire prodigieuse d’un détestable parricide attente contre le roi Henri IV à la suscitation des jésuites. T-D.


BANCK (Laurent), né à Norkoping, vint en 1641 à Franecker, pour y étudier la jurisprudence. Il se concilia tellement l’estime et la faveur des curateurs de l’université de cette ville, qu’en 1647 ils le nommèrent professeur extraordinaire de droit. Il exerça cette place jusqu’à sa mort, arrivée le 13 octobre