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ce viscère, n’existe pas chez l’homme, dont la station bipède suffit pour obtenir le même effet ; celle que l’utérus dans l’espèce humaine n’a qu’une seule cavité, etc. Cependant, il est spécialement copiste de Mondini, et l’ouvrage d’anatomie qu’on lui doit n’en est qu’un commentaire : Commentaria, cum amplissimis additionibus, super Anatomia Mundini, Bologne, 1521, 1552, in-4o ; Londres, 1664, in-12. Isagogæ breves in anatomiam corporis humani, cum aliquot figuris anatomicis, Bologne, 1522, 1525, in-4o ; Venise, 1525, 1555, in-4o ; Cologne, 1529, in-8o ; Strasbourg, 1550, in-8o. On conçoit que, d’après les grands progrès de l’anatomie, science presque parfaite de nos jours, ces livres ne peuvent avoir d’intérêt que pour l’histoire de l’art : Bérenger est le troisième qui les enrichit de figures. Il rendit aussi des services à la chirurgie, et on dit qu’il opérait avec la plus grande dextérité ; on a de lui, sous ce rapport : de cranii fractura Tractatus, Bologne, 1518, in-4o ; Venise, 1535, in-4o ; la Haye, 1629, 1651, 1715, in-8o ; où il se montre, à la vérité, plus partisan des Arabes que des Grecs. À la gloire qu’eut Bérenger d’être un fondateur de l’anatomie, il faut ajouter encore celle d’avoir, l’un des premiers, employé le mercure pour la guérison de la maladie vénérienne, maladie qui commençait alors à s’étendre en Europe, et qui, cédant plus facilement à cette substance que les chimistes eux-mêmes avaient négligée, assure à ce médecin l’honneur d’avoir trouvé le meilleur des spécifiques connus. C. et A—N.


BERENGER DE PALASOL, troubadour du 12e siècle, né dans le comté de Roussillon. Aussi distingué par la noblesse des manières que par ses talents comme poëte, il fut également cher à la gloire et aux dames. Ermesine, femme d’Arnaud d’Avignon, fut particulièrement l’objet de ses vœux, et lui inspira plusieurs chansons pleines de sentiment et de naturel. Dans une pièce, semblable pour le fond à une de celles que l’on attribue à Pierre de Barjac, il exhale sa jalousie et fait le portrait de sa maîtresse, qu’il peint comme une franche coquette. Nostradamus, qui, à défaut de faits et de dates, invente souvent les uns et les autres, cite un Bérenger de Palasol, de Sisteron en Provence, qu’il fait auteur de cinq tragédies sur la vie de la reine Jeanne. L’abbé Millet remarque que ce dernier n’a jamais existé, ou qu’il y avait deux Bérenger de Palasol, puisque, dans 1,000 pièces provençales qu’il a rassemblées, il ne se trouve aucun indice de l’existence de ce genre de composition, ce qui prouve qu’à cette époque le théâtre n’existait pas. P—x.


BERENGER (Jean-Pierre), né à Genève, en 1740, abandonna la profession mécanique, à laquelle il avait été destiné par ses parents, pour des études auxquelles les troubles politiques de sa patrie donnaient alors beaucoup d’intérêt. Rangé, par sa naissance, dans la classe de ceux qu’en nommait à Genève natifs, qui, pour être issus de familles étrangères, n’acquéraient jamais le rang de citoyens, il réclama pour eux, dans quelques écrits, l’égalité des droits politiques. Cette querelle fut décidée par les armes ; et Bérenger, après la défaite de son parti, fut exilé, avec plusieurs autres, par édit du conseil souverain, le 10 février 1770 ; il se retira à Lausanne, et s’y livra à des travaux littéraires, qu’il continua encore lorsqu’il revint à Genève : il y est mort en juin 1807. On a de lui : 1° une édition des œuvres d’Abanzit (voy. ce nom). 2° Histoire de Genève, depuis son origine jusqu’à nos jours, 1772-75, 6 vol. in-12. Bérenger traite sommairement l’histoire des temps reculés, que Spon avait suffisamment éclaircie ; mais il donne les plus grands détails sur les dissensions politiques du dernier siècle. On a dit qu’il avait cherché, par cet ouvrage, à se concilier le parti représentant, qui l’avait fait exiler ; en effet, abandonnant la querelle des natifs, qui alors était décidée, il s’est étudié à faire valoir les droits des citoyens par opposition à ceux du gouvernement ; aussi l’ouvrage fut-il brûlé à Genève. Cette histoire, au surplus, ne vient que jusqu’à l’année 1761. Le Tableau historique et politique des révolutions de Genève dans le 18e siècle, par Francis d’Yvernois, 1782, in-12, fait suite à l’ouvrage de Bérenger. 3° Géographie de Busching, abrégée dans les objets les moins intéressants, augmentée dans ceux qui ont paru l’être, retouchée partout, et ornée d’un précis de l’histoire de chaque État, Lausanne, 1776-79, 12 vol. in-8o. 4° Collection de tous les voyages faits autour du monde, 1788·90, 9 vol. in-8o, réimprimée en 1795. 5° Les Amants républicains, ou Lettres de Nicias et Cynire, 1782, 2 vol. in-8o. C’est un roman politique relatif aux troubles de Genève. 6° Deux éditions du Cours de géographie historique, ancienne et moderne de feu Ostervald, 1803, 2 vol. in-12 ; 1805, 2 vol. in-12. 7° Une édition du Dictionnaire géographique de Vosgien (Ladvocat), 1803, in-8o. 8° Laure et Auguste, trad. de l’anglais,1798, 2 vol. in-12. 9° Histoire des trois voyages autour du monde par Cook, mise à la portée de tout le monde, 1795, 3 vol. in-8o. 10° J.-J, Rousseau justifié envers sa patrie. 11° Quelques opuscules sur lesquels on peut consulter la France littéraire de Ersch. M. Bourrit lui attribue la traduction de l’ouvrage de Howard, intitulé : État des prisons de l’Europe, 1788, 2 vol. in-8o ; mais nous croyons que cette traduction est due à mademoiselle de Kéralio, la même à qui l’on attribue les Crimes des Reines. S-S-L


BERENGER (Richard), littérateur anglais, né en 1720, avait le titre d’esquire, et, en effet, était intendant des écuries du roi George III. Ses occupations, ou, pour mieux dire, les occupations de ses subordonnés lui inspirèrent un traité intitulé the History and art of Horsemanship (Histoire et principes de l’art du palefrenier), 1771, 2 vol. in-8o, avec planches. L’historique de cet art, qui est pris par l’auteur dans son acception la plus large, et qui embrasse tous les soins à donner aux chevaux et tout le parti que le luxe peut tirer du cheval, occupe le 1er volume tout entier. Sir Richard y fait preuve d’une érudition variée, quoique ses citations ne soient pas toujours aussi nécessaires que savantes et aussi probantes que nombreuses. Le célèbre Johnson, qui ne prodiguait pas la louange, appelle sir Richard Berenger, le type de la véritable élégance.