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des Mémoires du roi Sébastien, en 4 vol. in-4o, imprimés aux frais du roi, à l’imprimerie royale, avec la sanction de l’académie royale d’histoire portugaise. Un beau portrait du roi Sébastien se trouve à la tête de cet ouvrage, avec cette inscription : Vivo equidem, vitamque extrema per omnia duco. Le roi Jean IV permit au marquis de Niza, son ambassadeur extraordinaire en France, de publier une nouvelle édition de Bandarra, avec des commentaires dans le vrai sens des sébastianistes. Cette édition curieuse est de 1646, à Nantes, par Guillaume Monier, sous le titre de Couplets de Bandarra, purifiés et imprimés par un grand seigneur de Portugal, offerts aux vrais Portugais fidèles au roi caché. Il est remarquable que les jésuites aient été de tout temps les plus grands partisans de Bandarra et des sébastianistes. Comme la sentence de l’inquisition avait imputé à celui-ci des mœurs dissolues, le jésuite Vasconcellos a soutenu, dans un ouvrage, que la pureté des mœurs n’était pas nécessaire pour jouir du don de prophétie, et que Bandarra pouvait bien être inspiré, comme Balaam et Caïphas l’avaient été. Plusieurs auteurs portugais et espagnols se sont occupés de Bandarra, soit pour l’approuver, soit pour le censurer. Le marquis de Pombal, au milieu des plus grandes affaires, n’a pas dédaigné de s’en occuper dans la Déduction analytique et politique de la conduite des jésuites en Portugal, ouvrage qu’il publia en 1767, sous le nom du procureur général de la couronne, Scabra da Silva. Bandarra est enterré à St-Pierre de Francoso, où dou Alvaro de Abranches, fameux général portugais, dans la guerre de la révolution, lui fit faire un mausolée en 1641. Au seul nom de Bandarra, on a vu, plus d’une fois, les Portugais se lever en masse contre leurs ennemis. C-S-A.


BANDELLO (Vincent de), célèbre théologien, naquit, en 1435, à Castel-Nuovo. Après avoir achevé ses études à Bologne, il embrassa la règle de St-Dominique. Le talent pour l’argumentation qu’il eut l’occasion de montrer dans les disputes publiques, si fréquentes à cette époque, ne tarda pas à le faire connaître. Chargé d’abord d’enseigner la théologie, il s’en acquitta d’une manière brillante, et fut député plusieurs fois à ces assemblées solennelles où s’agitaient, en présence du souverain pontife et du sacré collège, des questions que l’esprit religieux du siècle faisait trouver très-importantes, mais qui n’exciteraient aujourd’hui qu’un superbe dédain. Ce fut dans une de ces assemblées que Vincent reçut, en 1484, des mains du pape Innocent VIII, le laurier doctoral. Cet honneur accrut encore l’estime. dont Vincent jouissait parmi ses confrères. Revétu successivement des principales dignités de l’ordre, il en fut élu général en 1501. Son zèle pour la gloire d’un institut qui comptait déjà tant de saints et savants docteurs lui fit entreprendre la visite de toutes les maisons que l’ordre possédait en France, dans les Pays-Bas et en Espagne. Mais il revint en Italie épuisé de fatigues, et mourut à Altomonte, dans la Calabre citérieure, le 27 août 1506. Vincent joignant à une vaste érudition un esprit vif, pénétrant, et beaucoup d’éloquence ; mais trop entier dans ses sentiments, il fut l’un des plus violents adversaires de l’immaculée conception de la Vierge, traitant les franciscains qui la défendaient d’ignorants, d’impies et d’hérétiques, jusqu’à ce que le pape Sixte IV, par sa bulle de 1485, condamnant Bandello et ses adhérents, eût fait triompher l’opinion opposée. Outre quelques ouvrages restés manuscrits et dont on trouvera les titres dans les Scriptores ordinis prœdicator. des PP. Quétif et Échard, t. 2, p. 1, on a de Bandello : 1o Libellus recollectorius de Veritate conceptions B. Maria Virginis, Milan, Valdarfer, 1475, in-4o, goth., volume très-rare. Cet ouvrage fut, suivant le P. Laire, l’origine des querelles qui divisèrent si longtemps les cordeliers et les dominicains. (Voy. l’Index libror. ab invent. typograph., t. 2, p. 99.) Il a été vivement réfuté par le P. Louis della Torre, cordelier, dans son Apologia pro Concpticone immaculata, Brescia, 1486, in-4o. 2o Tractatus de singulari puritate et prœrogativa conceptiomls Salvatoris Dom. nostri Jesu Christi, Bologne, 1484, in-4o ; ce volume n’est pas moins rare que le précédent. La réimpression, format in-12, ad exemplar Bononiœ, 1481, n’est point recherchée. On peut consulter, pour plus de détails, l’Histoire des hommes illustres de l’ordre de St-Dominique, par le P. Tourou, t. 3, p. 675-84. W-S.


BANDELLO (Matthieu), dominicain, neveu du précédent, naquit à Castelnuovo di Scrivia, dans le Tortonnais, en 1480. Il fit ses études à Rome et à Naples. Négligeant les subtilités des scolastiques de son temps, et méprisant aussi la vaine science de l’alchimie, qui occupait plusieurs savants contemporains, il s’appliqua presque exclusivement aux belles-lettres. Il paraît qu’il se fixa pendant plusieurs années à Mantoue et dans les environs de cette ville, qu’il y fut particulièrement estimé de Pirro Gonzaga et de Camille Bentivoglio, et qu’ils lui confièrent l’éducation littéraire de leur fille, la célèbre Lucrèce Gonzague, qui apprit de lui le latin et même le grec. Il s’arrêta ensuite à Milan jusqu’en 1528. Son séjour dans cette ville fut souvent interrompu par des voyages, et par différentes négociations dont il fut chargé par les princes et les grands seigneurs qui gouvernaient alors les principales villes de Lombardie. Lorsqu’après la bataille de Pavie, en 1525, les Espagnols se rendirent maîtres de Milan, les biens de sa famille, dévouée à la France, furent confisqués, et la maison de son père brûlée. Contraint de prendre la fuite sous un déguisement, il erra quelque temps de ville en ville. Il se retira d’abord chez Louis Gonzague, célèbre capitaine de ces temps-là. Il s’attacha enfin à César Frégose, qui, de général des Vénitiens, était passé au service de la France. Il s’arrêta avec lui en Piémont, jusqu’à la trêve conclue entre les puissances belligérantes, et il le suivit en France. La mort de son protecteur, assassiné en 1541, par ordre du marquis del Vasto, gouverneur de Milan, lorsqu’il revenait de Turquie où il avait été envoyé, revêtu de la qualité d’ambas-