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où Barentin, jugé par contumace, fut complétement absous, le 1er mars 1790. Voyant alors qu’il n’y avait plus en France de sécurité pour lui, Barentin se rendit en Piémont, puis en Allemagne et en Angleterre. Cest dans ce dernier pays qu’il passa la plus grande partie de son exil ; il ne revint dans sa patrie qu’avec le roi Louis XVIII, en 1814. Ne pouvant alors, à cause de son grand âge, remplir les fonctions de garde des sceaux, il fut créé chancelier honoraire et commandeur du St-Esprit. D’Ambray, son gendre, fut nommé garde des sceaux et chancelier. Barentin est mort à Paris, le 30 mai 1819.- Madame de Barentin, sa sœur, abbesse des Annonciades, était une femme de beaucoup d’esprit. Lorsque Ch. de Lameth vint faire des recherches dans son couvent, croyant y trouver le garde des sceaux, elle persifla adroitement le colonel qui venait faire un pareil siége. Ses paroles, qui furent partout répétées, donnèrent lieu à beaucoup de plaisanteries : le marquis de Bonnay, député, composa même sur ce sujet une pièce de vers qui eut un grand succès (Voy. Bonnay et Ch. Lameth) M-n j.


BARENTSEN, on BARENTS (Thierry), peintre, né en 1554, à Amsterdam. Son père, surnommé le Sourd, était un peintre médiocre, et auteur d’un tableau qui fut placé dans l’hótel de ville d’Amsterdam. Il y avait représenté une sédition qui eut lieu en 1335. Thierry Barentsen, après avoir reçu de son pére les premières leçons, passa en Italie à l’âge de vingt et un ans, et eut l’avantage de se concilier à Venise l’amitié du Titien. Ce grand artiste, charmé de ses connaissances en littérature, de ses talents en musique, et de l’agrément de ses manières, le reçut chez lui avec une affection paternelle. Après sept années de séjour en Italie, Barentsen retourna dans son pays, où il épousa une jeune personne alliée aux principales maisons d’Amsterdam. On estime beaucoup une Chute des Anges rebelles qu’il avait faite pour la communauté des arquebusiers de cette ville ; mais ce tableau périt dans les guerres de religion. Parmi plusieurs autres ouvrages de ce peintre, répandus dans les principales villes de Hollande, on cite une Judith, que l’on regarde comme son meilleur ouvrage. Barentsen fit aussi un grand nombre de portraits : tous, dit Descamp qui a fourni ces détails, sont dans le goût du Titien. De Piles cite le portrait de ce même peintre, par Barentsen, qui l’apporta d’Italie à Amsterdam, où Barentsen mourut en 1592. D-’r.

Portes de l’hôtel de la Force. — Tels sont les sommaires des douze chefs d’accusation établis par de Barentin dans le mémoire qu’il publia en 1790 (in-8° de 68 pages). Sa justification était facile. Presque tous les faits incriminés ne pouvaient être imputés qu’a une autorité militaire ou a un ministre principal, et non a un simple garde des sceaux. Cependant il crut devoir se justifier sur chaque grief ; il le fit avec le calme et la dignité du magistrat. Il le disait en terminant : "Qui osera élever la voix pour m’accuser de et nouveau ?… Dénoncé à la nation, c’est à la nation que je demande justice. Il m’est du une réparation éclatante, proportionnée à l’étendue de l’outrage ; je la réclame : je l’obtiendrai, etc…" Il venait de perdre un fils nunique qui donnait les plus belles espérances ; "objet, disait-il tristement, de mes tendres affections, et dans lequel j’espérais me survivre. O mon fils ! toi qui jurais entre mes mains de servir la patrie… faut-tl que, par un sentiment de tendresse, je regarde ta mort comme un bienfait pour toi ! V-vl. BAB 87

BARENTZEN (Guillaume), pilote hollandais, entreprit, en 1594, d’aller à la Chine en passant par le nord de l’Asie. Il parvint au delà de la Nouvelle-Zemble jusque vers le 77e et le 78e degré de latitude ; mais le froid excessif et les glaces le forcèmnt de revenir. Il y retourna courageusement en 1596, passa l’hiver à la hauteur de 77 degres où il éprouva une nuit de près de trois mois. Cependant comme nos voyageurs ne perdirent de vue le soleil que le 4 novembre, et que, selon leur calcul, cet astre devait disparaître dès le 1er, ignorant la réfraction et ses causes, ils furent tous étrangement surpris. Ils ne le furent pas moins, lorsque, le 24 janvier 1507, ils aperçurent le soleil ; les mêmes calculs astronomiques ne leur annonçant cet astre que le 8 ou le 9 février. Ils en causèrent avec beaucoup d’étonnement entre eux, et les savants en raisonnèrent à leur retour. Ce fait n’étonnerait plus à présent ; et l’on sait que nous apercevons à l’horizon l’image du soleil avant de jouir réellement de sa présence. Le courage et la patience de Barentzen et de ses compagnons méritèrent d’être couronnés par le succès ; cependant tourmentés par les ours blancs, accablés par les maladies, ayant à renverser sans cesse des monceaux de glaces impénétrables, ils revinrent enfin par la mer Blanche. On a pensé que Barentzen avait eu tort de se tenir toujours prés des côtes, et qu’il aurait dù se jeter dans la haute mer et jusque sous le pôle, où le froid ne doit pas être aussi sensible qu’auprès des terres. Sa relation, imprimée en hollandais, a été traduite dans l’Histoire générale des voyages. M-B.


BARERE (Bertrand de Vieuzac)[1], naquit à Tarbes, le 10 septembre 1755. Son père, homme de loi anobli, possédait à Vieuzac, dans la vallée d’Argelez, un petit fief, au titre de baron. Le fils, avocat à Toulouse, aux succès du barreau joignait des succès académiques que lui valurent, de 1782 à 1787, ses éloges de Louis XII, du cardinal d’Amboise, du chancelier Séguier, de Montesquieu, de J.-J. Rousseau et de Pompignan. L’auteur les réunit viugt ans après en un seul volume (Paris, 1806, in-8°). Barére venait de recueillir, avec l’héritage paternel, une charge de judicature a la sénéchaussée de Tarbes, lorsqu’il fut nommé député aux états généraux par la province de Bigorre. À son arrivée à Paris, il forma des liaisons avec la maison d’Orléans, devint de la société de madame de Genlis et rédigea un journal assez modéré, le Point du jour, contenant l’analyse succincte des délibérations de l’assemblée. Le peintre David, dans son tableau du Serment du Jeu de Paume, a représenté Barére prenant des notes pour sa rédaction. La première fois qu’il parut à la tribune, le 19 juin 1789, ce fut pour demander la nomination de commissaires chargés de vérifier les causes de la disette des grains, et de faire des perquisitions dans les couvents et communautés religieuses. Le 7 juillet, il fut un des premiers à établir avec l’évêque d’Autnn Talleyrand, que les mandats impératifs donnés par les assemblées de bail-

  1. Que la plupart des historiens et particulièrement les tables du Moniteur écrivent fautivement Barrère.