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de vers cités par d’anciens auteurs comme étant extraits des comédies de Plaute non perdues, et qui néanmoins ne se lisent dans aucun exemplaire manuscrit, ni dans les éditions de ces mêmes comédies. Les quatre qui sont le plus universellement connues sont l’Amphitryon, imité en italien par Lodovico Dolce, en anglais par Dryden, en français par Rotrou et par Molière ; l’Aulularia, où Molière a trouvé l’Avare : les Ménechmes, transportés sur la scène italienne par le Trissin (Isimillimi), sur la scène anglaise par Shakspeare (les Méprises), sur la scène française par Rotrou, puis par Regnard ; et la Mostellaria, que P. Larrivey a presque traduite dans sa comédie des Esprits, et de laquelle Regnard a tiré le Retour imprévu. On lit peu les Captifs de Rotrou, empruntés de ceux de Plaute, mais la pièce latine est un modèle dont Lemercier (Cours de littérature, t. 2) recommande l’étude aux jeunes poètes. La Casina, dont on retrouve quelques traits dans les Folies amoureuses de Regnard, et même dans le Mariage de Figaro de Beaumarchais, avait fourni à Machiavel le sujet de sa Clizia. L’une des premières scènes du Barbier de Séville en rappelle une du Curculion, Le Mariage interrompu de Cailhava est en partie emprunté tant de l’Epidicus que des Bacchides, l’une des plus spirituelles productions du poète latin. Corneille, en composant le personnage de Matamore dans sa comédie de l’Illusion, et en général tous ceux qui ont mis des fanfarons sur la scène ont profité du Miles gloriosus. Andrieu dit que trois vers d’Horace et la pièce de Plaute intitulée Trinummus, ou les Trois écus) lui ont fait naître l’idée de sa comédie du Trésor. Quelques traits comiques du Mercator ou Marchand ont été imités en divers ouvrages modernes. Mais on n’a presque rien tiré du Pseudolus ni du Truculentus, quoique ces deux comédies (le Trompeur et le Rustre) soient citées par Cicéron comme celles dont Plaute avait raison de s’enorgueillir. La Cistellaria, malgré la faiblesse de la composition, offre d’intéressants détails. Dix vers en langue punique et six en langue libyque, qui commencent la première scène de l’acte 5 du Pœnulus, ont attiré l’attention des érudits : Joseph Scaliger, Samuel Petit, Saumaise, Bochart, etc., ont essayé de les expliquer (1)[1]. Les autres pièces qui nous restent de Plaute sont le Rudens, (le Cordage, ou l’Heureux naufrage), le Persa, l’Asinaria et le Stichus (ou la Fidélité conjugale). Ce dernier drame, quoique Limiers ait pris la peine de letraduire en vers, a paru peu digne de Plaute, et quelques hommes de lettres ont soutenu qu’il ne pouvait être de lui : on a peine en effet à y reconnaître son esprit, se gaieté, son style. L’Asinaria a été fort maltraitée per les copistes : des lacunes, des interpolations et des déplacements la défigurent. L’intérêt est faible dans le Persa, et n’est pas très-vif dans le Rudens, malgré le caractère romanesque de la composition. À la tête de chacune de ces vingt pièces se lisent des vers acrostiches qui en indiquent le sujet, et que l’on croit du grammairen Priscien ; ils ne sont sûrement pas de Plaute. On a longtemps attribué à ce grand poète une vingt et unième comédie intitulée Querolus ; pour s’apercevoir quis il n’en pouvait être l’auteur, il eût suffi d’observer que Cicéron y est cité, et que Plaute lui-même y est désigné comme le modèle qu’on a suivi pour la composer : Investigatam Plauti per vestigia. Elle n’est pas non plus de Gildas le Sage, quoiqu’on le répète encore : c’est une méprise occasionnée par le titre de Liber querolus qu’on lisait à la tête de certaines copies de la lettre de ce Gildas sur les malheurs de la Grande-Bretagne au 5e siècle (1)[2]. La première édition du théâtre de Plaute est de 1472 à Venise, chez Vindelin de Spire, in-fol. Il en a paru onze autres avant 1501. Entre les éditions du 16e siècle, nous distinguerons celles d’Alde, in-folio, en 1516, et in-4o, en 1522 ; de Robert Estienne, en 1529, in-folio, et en 1576, in-8o ; de Paris, en 1576, in-folio, avec les commentaires de Lambin. Le 17e siècle en fournirait environ quarante, recommandables par quelques circonstances. Celle de Wittemberg, en 1621, in-4o, a été revue par Gruter et renferme les notes de Taubman. Les Elzévirs en ont donné une en petit format à Leyde en 1652. Celle qui fait partie de la collection ad usum Delphini, in-4o, est en deux volumes, imprimés à Paris en 1679. Il y a plus de profit à tirer de l’édition cum notis variorum, publiée à Amsterdam par J.-Fréd. Gronovius, 1684, 2 tomes in-8o ; l’on y peut joindre les Lectiones Plautinœ, du même Gronovius, Amsterdam, 1740, in-8o. Le Querolus est compris dans le Plaute revu par les frères Volpi et imprimé à Padoue chez Comino en 1764. La collection de Barbou et celle des Deux-Ponts contiennent de bonnes éditions de Plaute : l’une en 3 volumes in-12, Paris, 1759 ; l’autre en 3 volumes in-8o, 1788. On estime aussi celle que M. Bothe a fait paraître à Berlin, 1809-11, 4 vol. in-8o, dont le dernier est rempli par les notes. Signalons aussi les éditions de Turin, 1822, 5 vol. in-8o (reproduction de celle de Berlin) ; de Londres, 1823, 3 vol. in-18 (dans la collection dite du Régent) ; de Londres, 1829, 5 vol. in-8o

  1. (1) Voyez Jos. Scaliger, ep. 362 ; Sam. Petit, Miscellan., 1. 2, chap. 1, 2, 3 ; Salmas., ep. 18 ; Bochart, Phaleg, 1. 2, chap. 2 ; Chanaen, 1. 2, chap. 6 ; Bibliothèque universelle de le Clerc, t. 9, p. 253 ; Acta erudit., Lips. Supplem., t. 5, p. 425 ; Soldanis, Dissert.., 1759, in-4o, etc. MM. Bellermann et Vallancey se sont plus récemment beaucoup exercés sur le même sujet. M. Schœll, dans son Histoire de la littérature romaine, t. 1er , p. 124, a transcrit ce passage fameux en y joignant des observations. En 1846, M. Ewald a fait paraître dans le journal de M. Lansen une dissertation sur ces vers puniques ; M. Movers en a fait l’objet d’un savant travail (en allemand), Breslau, 1845, in-4o, 147 pages.
  2. (1) Quelques savants attribuent à Rauflus Numatianus cette comédie qui, imprimée à Paris en 1564, in-8o, a été reproduite dans l’édition de Padoue, 1764, et dont M. Klinkhamer a donné à Amsterdan, en 1830, une édition critique. Un érudit plein de goût, M. Magnin, a fait paraître, dans la Revue des Deux-Mondes, n° du 15 juin 1835, une bonne notice sur le Querolus.