Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 35.djvu/26

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deux romans. S’il faut en croire Duverdier, « Claude Nassuau a traduit du latin de maître François Rabelais, Stratagèmes, c’est-a-dire promesses et ruses de guerre du preux et très-célèbre chevalier Langey au commencement de la tierce guerre césarienne, imprimés à Lyon par Sébast.Gryphius, 1542. » Duverdier est le seul qui parle de ce volume, inconnu à Niceron et aux autres bibliographes. L’ouvrage latin de Rabelais a-t-il été imprimé ? La traduction de Massuau existe-t-elle ? C’est ce dont il sera permis de douter jusqu’au moment où l’on en aura trouvé un exemplaire. M. Regis regarde Rabelais comme l’auteur du Prologue des Ogdoades de messire Guillaume du Bellay, seigneur de Langey, Paris, 1569, in-fol. Ce morceau, qui remplit dix feuillets chiffrés à part, rappelle parfois le style de maître François. D’anciennes éditions de Rabelais ont recueilli des épîtres à deux vieilles qui ont été admises par Delaulnaye et par Eloy Johanneau, mais à tort, puisqu’il est bien reconnu qu’elles sont de François Habert. Ce sont des imitations maussades de deux jolies pièces de Marot, et l’on peut remarquer en passant que dans les éditions variorum la manie de tout interpréter est poussée au point que dans une de ces vieilles, celle qui est l’objet de grands éloges, il faut reconnaître Marguerite de Valois, sœur de François Ier. Quoique le travail de l’abbé de Marsy n’ait pas eu de succès (voy. MARSY), d’autres écrivains ont pensé à rajeunir le style de Rabelais et à le purger de ce qu’on regarde aujourd’hui comme des obscénités. Un avocat nommé Thilorier lut, le 19 avril 1752, à l’académie de la Rochelle, sur la personne et les ouvrages de Rabelais, un discours qui devait servir d’introduction à un commentaire historique sur Grand-Gousier, Gargantua et Pantagruel. Thilorier ne se bornait pas à vouloir retrancher les obscénités ; il ne tenait pas moins à faire disparaître ou atténuer les critiques trop amères des désordres du clergé dans le 16e siècle : autant vaudrait retrancher toutes les médisances des satires de Boileau, et prétendre conserver son caractère et ses traits. Le Mercure du mois d’août 1752 contient, page 514, un extrait du discours de Thilorier : il parait que c’est tout ce qui en a été publié. On doit à Pérau (voy. ce nom) le Rabelais moderne, ou ses Œuvres avec des éclaircissements, 1752, 6 vol. in-12. On sait que le commentaire de Passerat a été brûlé (voy. PASSERAT). Morellet a laissé imparfait le commentaire qu’il avait commencé depuis longtemps. L’exemplaire de Rabelais, interfolié de papier blanc qui contient son travail, fit partie de la bibliothèque de M. Auger, à qui l’abbé le donna quelque temps avant sa mort ; il est aujourd’hui à la bibliothèque du Louvre. Le roman de Rabelais a fourni le sujet de plusieurs pièces de théâtre. Montauban, échevin de Paris, mort en 1665, a fait deux comédies, l’une intitulée Pantagruel, imprimée en 1654 ; l’autre les Aven-

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tures de Panurge, jouée en 1674, non imprimée. On doit à Autreau, Panurge à marier et Panurge marié dans les espaces imaginaires, comédies qui sont imprimées dans ses Œuvres. Panurge dans l’île des Lanternes (voy. PARFAICT) est un opéra que s’attribuait Moral de Chefdeville. L’Isle sonnante, opéra-comique de Collé, rappelle le titre du cinquième livre de Rabelais, mais n’a rien autre de commun avec lui ; le sujet est entièrement de l’invention de Collé. Ce n’est pas le titre, mais plusieurs idées de Rabelais que Beaumarchais a employées dans son Mariage de Figaro. Voltaire, dans sa vingt-deuxième Lettre philosophique, avait dit que Rabelais était un philosophe ivre qui n’a écrit que dans le temps de son ivresse ; d ajouta dans son Temple du goût, que l’ouvrage de Rabelais devrait être réduit tout au plus à un demi-quart ; mais il changea d’opinion plus tard. Il écrivait, le 12 avril 1760, à madame du Deffand : « Si Horace est le premier des faiseurs de bonnes épîtres, Rabelais, quand il est bon, est le premier des bons bouffons : il ne faut pas qu’il y ait deux hommes de ce métier dans une nation ; mais il faut qu’il y en ait un. Je me repens d’avoir dit autrefois trop de mal de lui. » G. des Autelz a, dans son Fanfreluche et Gaudichon (voy. AUTELZ), imite le roman de Rabelais, que J. Bernier a analysé et commenté (voy. BERNIER). Le nom de Rabelais fait partie du titre d’un ouvrage du P. Garasse, (voy. GARASSE). Il existe d’autres imitations françaises de Rabelais ; aucune ne mérite d’être distinguée. Divers romanciers et conteurs modernes ont fait figurer dans leurs récits le curé de Meudon. Nous le rencontrons dans les romans du bibliophile Jacob, dans les Contes drolatiques de Balzac. Grosley, possesseur d’un exemplaire des opuscules latins du cardinal Bembo, Lyon, Gryphe, 1552, in-8°, avec des notes manuscrites qu’il croyait de Rabelais, en fit, en 1768 ou 1769, hommage à la faculté de médecine de Montpellier. On a vu présenter dans les ventes de diverses bibliothèques (Haber, Aimé-Martin, Libri. Renouard), quelques volumes grecs annoncés comme portant la signature et des notes de Rabelais : mais des doutes se sont élevés sur l’authenticité de l’écriture. Plusieurs lettres soi-disant autographes se sont produites et ont été reconnues apocryphes. Il a été publié en 1790 une facétie sous le titre de : Lettre de Rabelais, ci-devant curé de Meudon, aux quatre-vingt-quatorze rédacteurs des Actes des Apôtres, in-8° de 22 pages, brochure qui fut bientôt oubliée ; mais on remarqua celle qui avait pour titre : De l’autorité de Rabelais dans la révolution présente, ou Institutions royales, politiques et ecclésiastiques, tirées de Gargantua et de Pantagruel, 1791, in-8°, dont l’auteur est Ginguené. Le Quart d’heure de Rabelais est le titre d’une jolie comédie de MM. Dieulafoy et Prévost d’Iray, jouée sur le théâtre du Vaudeville le