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avec beaucoup de facilité, de gaieté et d’entrain. Il 1 eut donc un véritable succès pour le Portier, 1826 ; - la Grisette, 1827 ; — le Cocher de fiacre, 1828 ; - Julien, ou le Forçat libéré, 1828 ; — la Vieandière de la grande armée, 1828 ; - le Cliaiwar, 1829 ; - Florvat. on le Capacin malgré lui, 1829 ; — le Marchand de coco, 1829 ; — la Sage-femme, 1830 ; - le Drapeau tricolore, 1830 ; - Monsieur Mayeuz, 1831 ; - l’ouvreuse de loges, 1832 ; — la Diligence. 1833 ; - /linda et cadette, 1833 ; — l’Aetriee et lefauboarien, 1833 ; — Celui qu’on dim. 1831 ; — Iles grands parents, 1836 ; - Pierre Girona : le Parisien, 1837 ; — la Chaussée d’/lntin, 1838 ; — Ma petite sœur, 1839 ; — Mes vieu péchés. 1839 ; -~ le Tapagestr. 1851. Celle liste, trop longue peut-être, est loin de contenir tous les ouvrages de Ricard ; 11. Quérard en a enregistré quarante et un dans la France littéraire ; ils formeraient a eux seuls une petite bibliothèque. Tous ces romans, en la ou 5 volumes in-12, étaient publiés par certains libraires dont l’lndus« trie consistait alors a alimenter les cabinets de lecture. Plusieurs d’entre eux ont obtenu diverses éditions, et la collection des Romans populaires illustres, entreprise en 1850, en a reproduit un bon nombre. Vers la fin de sa vie. Ricard s’adjoignit quelques collaborateurs, tels que MM. Marie Aycard et Maximilien Perrin. Il a publié plus de cent cinquante volumes, et il collabore a divers journaux. notamment au Corsaire. Il était marié, et les charges du ménage le forçaient ù ne ’pes s’accorder un seul instant de relâche. Une m adie longue et douloureuse l’emporta le 30 janvier 1841. Z.


RICARDO (David), l’un des économistes les plus distingués du 19e siècle, descendait d’une famille juive originaire de Lisbonne. Il naquit à Londres en 1772. Son père y exerça pendant longtemps et avec succès l’état lucratif de courtier de change. David Ricardo, qui lui succéda par la suite, ne se borna pas au travail presque mécanique de marchand d’argent. Après avoir reçu une éducation libérale, il se livre des l’âge de dix-huit ans à l’étude de l’économie politique[1]. Il trouva dans la bibliothèque de son père les auteurs les plus estimés qui ont écrit sur cette science si importante et encore si peu avancée, et en fit sa lecture la plus assidue. Ce ne fut cependant qu’en 1809, à l’âge de trente sept ans, qu’il débuta comme écrivain par la publication de son essai intitulé le Haut prix du lingot (bullion), preuve de la dépréciation des billets de banque, in-8o. Cet écrit, dont la quatrième édition, qui a paru à Londres en 1811, est accompagnée d’excellentes remarques sur un article de l’Edinburg Review, fit une grande sensation, parce qu’il révélait la véritable cause de la baisse du change anglais et de la dépréciation des billets de banque[2]. Ricardo démontre que ce n’était point à l’état de guerre qu’il fallait attribuer, comme on le supposait assez généralement, le renchérissement qu’avaient éprouvé toutes les marchandises, mais plutôt à la dépréciation du papier-monnaie ; et il prouva que cette dépréciation provenait surtout de ce que la banque avait cru devoir donner des escompte : extraordinaires au commerce dont les magasins se remplissaient de marchandises qui trouvaient moins de débouchés, ce qui produisait ainsi un double élément de superfétation dans les billets de cet établissement[3]. De la naquirent des craintes sur la solidité de la banque[4], et par suite de vives attaques contre l’ouvrage de Ricardo. Le ministère et ses alentours ne voulaient pas croire à la dépréciation du papier : elle fut démontrée dans le pamphlet de Ricardo, qui provoqua en 1810 le fameux rapport du Bullion committee. M. Horner, qui en fut le rédacteur, convint que la démonstration était sans réplique ; et lui-même prouve, par le change de Hambourg, que ce papier perdait vingt-cinq pour cent. Ce fut alors que le chancelier Vansittard présenta, en opposition, une série de résolutions, et entre autres celle-ci, qui parut tout la fait inconcevable : « Qu’une banquenote et un schelling équivalaient à une guinée. » Aussi fut-elle l’objet des critiques les plus piquantes. Nous avons dit que la brochure de Ricardo avait été vivement attaquée ; il ne laissa point sans réponse les écrits de ses antagonistes, et il publia en 1810 sa Réplique aux observations de M. Bosanquet sur le rapport de Bullion committee, brochure in-8o de 141 pages, suivie quelque temps après d’un Appendix sur le haut prix du lingot, in-8o. Ricardo publia, en 1815 et en 1816, d’autres opuscules dont nous donnerons la liste à la fin de cet article ; mais ce fut en 1817 qu’il fit paraître son ouvrage capital, celui sur lequel repose principalement sa réputation comme économiste, quoique M. Ferrier prétende que son principal défaut et en général celui de tous les ouvrages de Ricardo, est d’être inintelligible. Ses Principes de l’é-

  1. L’auteur d’un article sur Ricardo, inséré dans les Tablettes universelles (no du 27 septembre 1823), assure qu’il ne s’occupa que fort tard d’économie politique, et que ce fut même par un effet du hasard. « Se trouvant un jour à la campagne chez un ami, le désœuvrement lui fit jeter les yeux sur un volume de la Richesse des nations, d’Adam Smith. Il fut frappé de la vérité des observations de cet écrivain, acheta son ouvrage, le lut avec avidité et ne cessa depuis ce moment de méditer et d’écrire sur l’économie politique. » Les renseignements que nous avons recueillis en Angleterre, auprès de quelques personnes qui ont bien connu Ricardo, nous mettent en état d’affirmer que cette historiette est controuvée. C’est à peu près de la même manière, et sans plus de motifs, que Rulhières a dit que le maréchal de Munnich apprit les mathématiques dans l’ennui d’un quartier d’hiver.
  2. On sait qu’a cette époque, et depuis 1711, les billets de la banque n’étaient pas remboursables en espèces à présentation.
  3. Cette monnaie subissait le sort de toute monnaie trop abondante ; Smith avait déjà dit et prouvé que le canal de la circulation n’admet jamais que la monnaie nécessaire.
  4. Ricardo n’avait cependant jamais eu ni voulu inspirer de craintes sur la solidité de la banque, qui ne pouvait être compromise, disait-il, que par sa connexion avec le gouvernement. La banque devenue indépendante, était, à ses yeux, aussi solide que le roc de Gibraltar.