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166 SAX allait servir dans l’année rassemblée par le margrave de Bade-Dourlach, George-Frédéric, pour relever les affaires de Frédéric V, roi de Bohème et électeur palatin, lesquelles étaient fort en souffrance depuis la perte de la bataille de Prague. Bernard se trouva, en 1631, à l’affaire de Wimpfen et y fit preuve de bravoure. Mais les troupes de l’union protestante ayant été défaites, et la confédération se trouvant dissoute par le traité de neutralité signé à Mayence, il revint à Weimar et ne reparut qu’en 1623 sur le champ de bataille, à la tête d’un régiment d’infanterie, dans l’armée commandée par le duc Christian de Brunswick. Bernard fit des merveilles dans le combat livré par Tilly près de Stadlœ, en Westphalie. Voyant son frère Guillaume prisonnier, il alla trouver aux Pays-Bas son autre frère Jean-Ernest, qui, depuis la bataille de Prague. avait offert au prince d’Orange de lui aider à secouer le joug de l’Espagne. Le prince Maurice de Nassau donna à Bernard le gouvernement de Deventer. L’année suivante, Christian IV, roi de Danemarck, animé par son neveu le duc de Brunswick et excité sous main contre l’Empereur par l’Angleterre et par la Hollande, leva des troupes et contracta des alliances avec les princes du cercle de basse Saxe. Comme cette cause était celle de l’union évangélique, Jean-Ernest et Bernard allèrent trouver le roi à Segebourg. Christian IV donna à l’aîné le commandement de toute sa cavalerie, et à Bernard un régiment de cette arme. Mais en 1625, ayant reçu l’ordre de faire, avec le général Mansfeld, une diversion dans les États héréditaires de l’Empereur, il quitta sans motif connu son armée. On suppose que ce fut par suite d’une brouillerie avec son frère et le roi. L’année 1627 le vit reparaître sous les drapeaux danois, et lorsque le général en chef, margrave de Bade-Dourlach, prit le commandement des troupes de Christian IV avec le général Mutin, il se distingua et paya de sa personne partout où il les conduisit. Le duc de Friedland (Wallenstein), et le comte de Tilly profitèrent de la faute qu’avait faite Christian IV de diviser en trois corps son armée de 60,000 hommes. Ils les attaquèrent à la fois sur divers points, et forcèrent le duc Bernard et les autres généraux d’abandonner des positions avantageuses pour se retirer jusqu’en Jutland. Poussé même dans l’Île de Fionie-Bernard, craignant d’être mis au ban de l’Empire, offrit son congé au roi à la fin de 1627, et se rendit aux Pays-Bas et de là en France, où il ne fit qu’un très-court séjour, ses frères ayant réussi, par l’intervention de Wallenstein, à le réconcilier avec l’Empereur. Le duc revint à Weimar ; mais il y chercha en vain son frère Jean-Ernest : ce jeune prince était mort en Hongrie. Bernard reprit ses études historiques et stratégiques, alla durant l’été de 1629 en faire l’application au siège de Bois-le-

SAX

Duc, et ne revint en Allemagne qu’après la prise de cette place par le prince d’Orange. Cependant la paix conclue, le 12 mai 1629, à Lubeck, entre Ferdinand II et le roi de Danemarck donnait à la maison d’Autriche le moyen de soumettre tout le Nord à son système de monarchie universelle. Elle menaçait même d’arracher la couronne de Suède du front de Gustave-Adolphe pour la placer sur celui de Sigismond III, roi de Pologne. Ses armées devaient attaquer la Hollande par les Pays-Bas et par la Westphalie, tandis que les flottes combinées, impériale et espagnole, bloqueraient ses ports et détruiraient son commerce. L’édit de restitution des biens ecclésiastiques rendu le 6 mars 1629 par Ferdinand II vint augmenter les mécontentements. Dirigé par le génie du cardinal de Richelieu, pour qui les vues ambitieuses de la maison de Hapsbourg étaient dévoilées, Louis XIII fit, le 13 janvier 1631, à Bernwald, dans la Nouvelle-Marche de Brandebourg, un traité d’alliance avec Gustave-Adolphe, au moment où celui-ci se préparait à porter la guerre en Allemagne. Les princes protestants s’y joignirent également, et, parmi eux, le duc Bernard fut un des premiers à se ranger sous les drapeaux suédois, bien que son parent l’électeur de Saxe Jean-George, en réunissant à la diète de Leipsick plusieurs des États protestants, se fût efforcé d’obtenir la direction des affaires du corps évangélique. Sans attendre le parti que prendraient ses frères, Bernard se hâta d’aller rejoindre le roi de Suède au camp de Werben, sur l’Elbe. Gustave lui promit les évêchés de Bamberg et de Wurzbourg, avec le titre de duc de Franconie. Bientôt après, une attaque des retranchements suédois par le comte de Tilly fournit au duc Bernard l’occasion de montrer son courage et sa vigilance. Après avoir chassé les Impériaux du landgraviat de Hesse-Cassel, il alla rejoindre Gustave au siége de Wurzbourg, eut part à la réduction de cette place et suivit le roi dans sa marche victorieuse jusqu’au Rhin, dont il aida à forcer le passage prés d’Oppenheim, montrant une telle vigueur qu’il répandit la terreur parmi les Espagnols et leur ôta l’envie de défendre Mayence. Gustave, étant mettre de cette forteresse importante, envoya le duc, à la tête d’un petit corps, dans le Palatinat, où il prit Manheim par stratagème et chassa les ennemis de toutes leur positions. Au commencement de l’année 1632, le roi de Suède lui donna un commandement sur les bords du Rhin, le nomma général de son infanterie, et lorsqu’il fut obligé de secourir en Franconie le maréchal Horn, il laissa le duc Bernard et le comte palatin Christian de Birkenfeld avec un corps d’année, mais en leur recommandant de suivre les directions du chancelier Oxenstiern. L’ambition du duc souffrait de la présence du comte et de la suprématie d’Oxenstiern, La discorde s’éleva entre eux, et