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toire fut longtemps disputée (voy. SCHERER). Mais ces efforts de valeur ne sauvèrent point la république cisalpine, assaillie par de nombreux et puissants ennemis. Les revers essuyés par les Français en Italie mirent le sort de la Lombardie dans la main de ses anciens maîtres. À la bataille de Magnano, Teulié, poussé par le désespoir, se jeta dans le fort la mêlée, et il n’en sortit qu’après avoir eu deux chevaux tués sous lui et ses habits percés de balles. L’armée française, qui s’était retirée derrière l’Adda, détacha la légion italienne à Bologne. où elle devait renforcer le corps du général Montrichard. Ce fut dans cette ville que Lahoz médita sa défection, dans laquelle il avait essayé d’entraîner son chef d’état-major. Celui-ci ne se laissa pas ébranler, et, ferme dans les principes de l’honneur, il ne trahit aucun de ses devoirs. Le jour où il eut la douleur de voir son chef passer à l’ennemi, suivi d’une partie de ses soldats, il retint les autres par son exemple et repoussa les bandes insurgées qui fondirent sur lui. Accablé par le nombre, il tomba dans leurs mains, et après avoir couru les plus grands dangers, il allait être emmené dans le fond de la Romagne lorsqu’en passant devant Pérouse, il se jeta dans cette ville, qui était alors au pouvoir des Français. De la il se rendit à Rome, où le général Grenier le nomma son chef d’état-major. La chute de la république napolitaine, causée par la retraite de l’armée du général Macdonald sur la Trebbia, avait rendu les soldats siciliens assez hardis pour reparaître sur le territoire de l’Église. La garnison française de Rome, cernée de toutes parts et sans espoir de tirer des secours de la haute Italie, s’était retirée dans le château St-Ange, où elle ne tarda pas à être bloquée. Dans cette extrémité, la résistance était devenue aussi inutile qu’impossible. Ce fut alors que Teulié signa une capitulation et embarqua sa troupe à Civita-Vecchia pour la ramener en France. Arrivé à Marseille, il prit le chemin de la capitale, où le premier consul lui donna l’ordre de rejoindre Lecchi, à Dijon, et d’aider ce général à réorganiser la légion italienne, qui devait retourner en Italie. Teulié, qui faisait partie de l’avant-garde, assista à la reddition du château de Milan, poursuivit les Autrichiens jusqu’à Trento et traversa l’Adige en présence d’une armée qui lui en disputait le passage. Après cet exploit, il se dirigea sur Mantoue, qui se rendit, ainsi que plusieurs autres places, à la suite de la bataille de Marengo. Envoyé en Toscane, il commanda quelque temps à Massa, où il apprit sa nomination de ministre de la guerre. Il revint à Milan pour se mettre à la tête de ce département et relever l’armée de l’abattement dans lequel elle était tombée. Il fallait tout recréer et rétablir l’ordre dans une administration où la plupart des employés étaient intéressés à entretenir la confusion et les abus. Teulié fit de nouveaux

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règlements, soumit a un contrôle rigoureux les agents comptables et poursuivit sans ménagement toutes les malversations. Il organisa en même temps un corps de gendarmerie, dota l’hôtel des invalides, fit surveiller les hôpitaux et ouvrit à ses frais un asile pour les orphelins militaires, que le gouvernement d’alors adopta et que les Autrichiens ont conservé. La rigueur qu’il dut employer pour vaincre tant d’obstacles lui fit de puissants ennemis ; mais il les prévint en donnant sa démission. Il fut successivement chargé du commandement de Côme, de Gallarate et de Pavie, et plus tard placé à la tête d’un conseil, pour achever l’organisation de l’administration militaire. Son retour à Milan réveilla toutes les haines. Profitant de la franchise avec laquelle il s’exprimait, ses ennemis l’accusèrent d’avoir suggéré à un certain Ceroni de Brescia des opinions hardies, semées dans quelques vers sur l’indépendance de l’Italie[1]. Ce soupçon suffit au gouvernement pour ordonner son arrestation et sa destitution. Teulié supporta cette injustice avec dignité et redoubla même de zèle lorsque Bonaparte, mieux informé des faits, l’eut rétabli dans son grade. Il marcha à la tête d’une brigade au camp de Boulogne, où, élevé, en 1805, au rang de général de division, il fut désigné pour s’embarquer avec le premier corps d’armée qui devait traverser le détroit. En 1807, il fit partie de la division chargée de l’occupation du pays de Hanovre ; il s’avança ensuite jusqu’en Poméranie et investit Colberg, le 14 mars de la même année. Frappé d’un boulet a l’instant où il encourageait ses soldats à pousser les travaux d’une tranchée, il eut une jambe emportée et mourut après cinq jours de souffrance, le 12 mai 1807. Le gouverneur de Colberg honora les funérailles de Teulié en accordant une trêve de vingt-quatre heures et en arborant un crêpe sur ses remparts. L’empereur Napoléon regretta ce brave guerrier et fit à son père une pension de cinq mille francs, que la restauration lui continua. Voyez Marocco, Elogio funebre di Teulié, Milan, 1807, in-4o.; et Riposta dell’A. M. (de l’avocat Marocco) all’Analisi critica dell’Elogio di Teulié di U. F. (de Ugo Foscolo), ibid., 1808, in-8o. A—G-S.


TEVIO (Jacques de), écrivain du 16e siècle, que certains recueils font par erreur naître à Prague, était Portugais et avait vu le jour à Braga, chef-lieu de la province de Minho. Il vint en France achever ses études et se lit recevoir docteur en droit dans l’université de Paris. Suivant Chandon et Feller, il aurait professé les belles-lettres à Bordeaux. Cela n’est pas impossible ; mais ce qui est plus certain, c’est qu’en 1553, il fut chargé d’enseigner les humanités à Coïmbre par le roi Jean III,

  1. Ce morceau de poésie eut une grande vogue en Italie ; il commence par ces vers :
    Sotto una quercia di parlanti fogli
    Medito, amico, a’ prischi di Roma, etc.