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la guerre de sept ans, comme sous-lieutenant au régiment de Languedoc, où trois de ses cousins étaient officiers, et son oncle aide-major. Ce corps ayant été licencié à la paix, Viennet vécut dans la retraite jusqu’à l’époque de la révolution. Il fut alors nommé officier municipal à Béziers, puis député du département de l’Hérault à l’assemblée législative et à la Convention nationale. Il parla peu dans ces deux assemblées ; mais il y vota toujours avec les hommes les plus modérés. Dans le procès du roi, il s’exprima ainsi sur la question de compétence : « …Je crois avoir prouvé que Louis n’a cessé d’être roi qu’à l’époque où vous avez aboli la royauté. Je crois encore qu’il ne peut être jugé comme homme… J’ai toujours pensé qu’une assemblée de législateurs ne pouvait s’ériger en tribunal judiciaire ; que le même corps ne pouvait à la fois exercer la justice et faire des ois ; que cette cumulation de pouvoirs serait une monstruosité… » Viennet vota ensuite pour l’appel au peuple. pour la réclusion et pour le sursis. Pendant tout le reste de la session conventionnelle, cet homme courageux ne cessa de lutter contre le parti le plus exalté. Il réussit, par son zèle et son courage, à préserver son département d’une partie des calamités qui affligeaient la France, et parvint à en écarter la terrible commission d’Orange, qui s’apprêtait à venir y répandre le sang des gens de bien, après en avoir fait couler des torrents dans les départements de Vaucluse et du Gard. En sa qualité d’ancien officier de cavalerie, Viennet fut chargé de la remonte des troupes, et fit preuve, dans cet emploi délicat, de la plus austère probité. Il passa, en 1795, au conseil des Anciens, et se retira dans ses foyers en 1798. Il mourut dans sa paisible retraite le 12 août 1824. — Son frère. Esprit VIENNET, fut, pendant quarante ans, curé de la paroisse de St-Merry à Paris. Il prêta, en 1790, le serment à la constitution civile du clergé ; mais il refusa d’être évêque constitutionnel de Paris, disant qu’il n’occuperait jamais un siège dont le titulaire était vivant. Il mourut en 1796, fort regretté de ses paroissiens. et après avoir fondé un hospice dans le cloître même de son église. — M. Jean-Pons-Guillaume VIENNET, auteur dramatique, membre de l’Académie française, est fils et neveu des précédents. M-dj.


VIERA Y CLAVIJO (don Joseph de), physicien et historien, né dans les Îles Canaries, vers l’an 1738, d’une famille noble, originaire de Madère, mais peu favorisée de la fortune, fut envoyé par ses parents à Madrid, pour y achever ses études. Il embrassa l’état ecclésiastique, et fut choisi, quelques années après, pour élever le marquis de Viso, avec lequel il voyagea en Italie et en France. Ils assistèrent à Paris, en 1780, au cours de physique expérimentale de Sigaud-Lafont, et Viera eut occasion d’y faire remarquer ses connaissances dans cette science. De retour à Madrid, où il fut nommé archidiacre de Fuente-Ventura, il s’occupa principalement de propager le goût et l’étude des sciences physiques et mathématiques, en formant des élèves qui s’y distinguèrent. Viera s’était fait connaître comme poëte et comme orateur, par un Poème didactique sur les vents non variables, en quatre chants, Madrid, 1780, in-4o, et par l’Éloge de Philippe V et celui de don Alfonse Tostado, qui, en 1779 et 1782, remportèrent les prix proposés par l’académie royale de St-Ferdinand. Chargé par le gouvernement, dès l’année 1770, d’écrire l’histoire des Îles Canaries, il la publia sous ce titre : Noticias de la historia général de las islas Canarias, ou description géographique de ces îles, origine, caractère et mœurs de leurs anciens habitants, avec les vies des grands hommes qu’elles ont produits, et une notice des événements opérés dans les derniers siècles, Madrid, 1772 à 1783, 4 vol. in-4o. Cette histoire estimable est écrite avec exactitude et impartialité. Viera mourut en 1799. Outre les ouvrages que nous avons cités, on a de lui : 1o un Poëme sur la machine aéronautique, Madrid, 1783 ; 2o Éléments de physique et de chimie, Madrid, 1784 ; 3o Éléments de géométrie et de mathématiques, ibid., 1788, in-4o ; 5o Traité de l’équilibre, ibid., 1788, in-4o ; 5o Histoire des îles Majorque et Minorque, Madrid, 1789, in-8o. Toutes ces productions annoncent une érudition aussi vaste que variée. L’auteur a laissé encore divers manuscrits.

VIÈTE ou de VIETTE (François), célèbre mathématicien, né en 1540, à Fontenay-le-Comte, fut doué d’un génie capable de pénétrer tout ce qu’il y a de plus obscur et de plus difficile dans les sciences abstraites. L’application avec laquelle il se livra aux mathématiques était si profonde, qu’il passait quelquefois trois jours de suite dans son cabinet, ne prenant de nourriture et de sommeil que ce qui lui était absolument nécessaire pour se soutenir, sans quitter pour cela ni son bureau, ni son fauteuil, ni même son attitude. Ce fut ainsi qu’il laissa promptement derrière lui tous ceux qui l’avaient précédé dans cette carrière. L’époque de ses travaux coïncida d’ailleurs avec l’introduction de l’algèbre, venue d’Italie dans le nord de l’Europe, avec les recherches de Cardan ; enfin avec il observations de Copernic, à quoi il faut ajouter que Napier, Harriot et Galilée étaient à certains égards les contemporains de Viète. Ses découvertes dans l’analyse mathématique, qui l’ont fait regarder comme l’un des principaux fondateurs de cette science, sont : 1o d’avoir étendu le calcul algébrique aux quantités connues qu’il désigna par des lettres ; 2o d’avoir imaginé presque toutes les transformations des équations, aussi bien que les différents usages qu’on’en peut faire pour rendre plus simples les équations proposées ; 3o d’avoir donné une méthode pour reconnaître par la comparaison de deux équations, qui ne