Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 44.djvu/155

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N50 VOY de Frejus, Fleury, après l’exil de Villeroi. quitta subitement son royal élève, pour se retirer ir Issy, fuite qui embarrassa prodigieusement la cour. le comte d’Argenson prit sur lui réexpédier, en son nom, un ordre formel et absolu au prélat de revenir, comme si son départ eût été ignore du duc d’Orléans. Le précepteur fut intimidé, et revint sans se faire prier. Il était temps, car le jeune rel cassait les vitres de désespoir, et-l’on ne sait ce qui serait arrive si le public eût connu son impalierrce. La fermeté, qui n’creluait pas dans le lieutenant ile police l’esprit de conci iation, ne fut pas moins utile dans les querelles du jansénisrne, qu’il s’agissait de terminer. La mort de son illustre protecteur, arrivée en iiamiqre IT23, arrêta espérances de fortune, qui ne devaient se réaliser que vingt ans après. Il de meura chancelier du ducd’Orléans, fils du régent, chef de son conseil. et mit tous ses soins à rétablir les finances de cette maison, qui étaient dans un grand désordre. Chargé par la duchesse douairière d’aller demander pour son fils une princesse de l¥aden-lladen, il ne réussit pas dans sa (première tentative.’I.l tnt, à son retour de lia stadt. reçu à Weissegrhourg par le roi Stanislas, qui y était refnzie. et conçnt tout a coup lidée de marier plutôt le jeune duc d’Orléans avec Marie beczinslra ; mais les rlilll-ulte~ étant levées à la cour de Baden, l’union projetée d’abord eut lieu en 17’2i. Les éloges donnes par d’Argenson ir la fille du roi de Pologne sugg«’·rirent a madame de Prie. maîtresse de M. le duc, la première pensée d’élever cette princesse au trône, ce qui s’elTectua l’ann(•e suiv ante. Le chancelier du duc d’Orléans suivit à Strasbourg son patron, chargé d’épouser’par procuration la friture reine. Tandis que’ce prince, surnornnie le P«’«·u :, s’enfermait dans une retraite absolue a Ste-Geneviève, le comte rlltrgenson, qui aimait les sciences, les arts et les plaisirs, faisait de sn maison de Neuilly ·qui fut depuis celle du duc d’or|éans) le rendez-vous des gens du monde instruits et des savants ou littérateurs les plus aimables. La Fare, Clraulieu, le jeune Arouet v venaient faire des soupers et des vers. Il fut reçu en U26 membre honoraire de l’académie des sciences. S’étant rendu la jurisprudence familière, il coopéra, comme conseiller d’État, à la rédaction-des orrlonnances qui ont illustré la mémoir-e du chancelier dülgucsscau. Ce grand magistrat le choisit, en mars 1737, pour être directeur de la librairie. D’Argenson fit renouveler et exécuter les règlements, nomma des censeurs habiles. leur procura des récompenses, ranima leur zèle et leur exactitudefll encouragea les auteurs et les libraires. Cette place, qui embrassait la surveillance des livres étrangers, et de ceux qui s’imprimaient ou se répaudaient en France sans approbation de la censure, recevait une grande importance de la chaleur des querelles du jansénisme. D’Argensou la remplit de

VOY ’ manièreaobtenlrle sutlragedesgens delettœs qui se trouvèrent en relation avec lui. |l contraignit, en UIO, l’abbé Desfontaines à signer une rétractation de ses libelles. On a souvent cité sa réponse un peu dure à cet abbé, quand celui-ci cherchait à excuser la violence de ses satires, sur ce qu’il fallait bien qu’il vécut : — Je n’e» rois par la nécessité. Cette commission le mit en relation directe avec le cardinal de Fleury, qui le lit nommer, ir la fin de l7ll8, président du grand conseil. Il s’acquitta de cette charge de confiance avec l’approbation de la compagnie, sur laquelle il conserva depuis une grande influence. Au mois d’aoùt 17’i0, il fut appele à l’intendance de la généralité de Paris, et ce fut bientôt après qu’il se démit, en faveur de son frère ainé, de la chancellerie du duc d’Orléans. l.e 23 août l7t !, il entra au conseil des ministres, comme adjoint du cardinal de Tencin, que Fleury paraissait avoir désigne pour son successeur. Il n’avait alors aucune attribution speciale ; mais au commencement de l’anncel7’i3, il remplaça au ministère de la guerre le marquis de Breteuilç mort subitement et presque sous les yeux du cardinal, qui ne lui surveent que peu de jours. La surintendance des p0Slr-s fut jointe aux ümctious principales du nouveaux ministre. Frédéric II, dans ses mémoires. parle en ces termes du comte d’Argenson : ·· Qu’on se repré¤ sente un chancelier du duc d’tirléans, un robin plein de Cujas et de llarthole, qui devient ministre de la guerre au moment où l’Europe était toute en feu. et un capitaine de dragons, ~ nommé Orry. À la tête des finances. » Mais le robin en vint à son honneur ; et le roi de Prusse lui-même ne tarda pas à le reconnaître. On était au milieu de cette guerre de la succession d’, tutriche, si liillement engagée, si malheureuse par le concours de tous les fléaux. llelle-lsle. Broglie. Noailles, blaillebois, luttaient inutilement contre la mauvaise fortune ; et. rejetant amèrement l’un sur l’autre la cause de leurs revers, ramenaient successivement à travers mille obstacles les faibles débris de ces armées qui avaient du changer la face de l’Europe. Appanvrissement, désunion, découragement universel. prévoyance d’une invasion imminente, tels étaient les présents que le cardinal de Fleury léguait à son pays, pour (prix d’une trop longue confiance dans a sagesse e sa politique. Mais les années HH et [M5 amenèrent des prodiges ; l’armée française, épuisée par des conquêtes meurtrières, et que l’on croyait anéantie, reparut comme par enchantement. Louis XV sembla sortir de son apathie : il se rendit au camp, accompagné de son conseil et de la duchesse de Châteauroux, qui se montrait augüès de lui une nouvelle Agnès Sorel. Mais lors de maladie du roi, à Metz, en aout UM, les princes du sang chargèrent le comte d’Argenson du renvoi de madame de Chàteauroux et de sa sœur. Il s’en acquitta avec