Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 44.djvu/6

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

BIOGRAPHIE UNIVERSELLE

V

VLACQ (Adrien); mathématicien hollandais du 17e siècle, connu par ses travaux sur les logarithmes. On possède peu de détails sur sa vie; il était imprimeur et il dirigea lui-même avec beaucoup de soin la publication des ouvrages qu’il mit au jour. Les logarithmes venaient d’être inventés par l’Écossais Neper; l’usage en était devenu familier dans la Grande-Bretagne, grâce aux travaux de Briggs, de Gunther et de leurs émules, mais le reste de l’Europe les connaissait à peine. Vlacq voulut remplir cette lacune. En 1628, il lit paraitre à Gouda une édition de l' Arithmetica logarithmica de Briggs; elle contenait les logarithmes des nombres de 1 à 20,000 et de 90,000 à 100, 00, calculés à quatorze décimales. Il s’exerça ensuite sur les 70,000 nombres intermédiaires, et il mit au jour un volume écrit en français: l'Arithmétique logarithmique, où tous les logarithmes de 20,000 à 90,000 sont calculés à raison de dix décimales. Peu de temps avant sa mort, Briggs (voy. ce nom), avait achevé sa grande table des sinus et des tangentes pour chaque centième de degré avec quatorze décimales; son ami Gellifrand y joignit une préface et un exposé de l’application des logarithmes aux problèmes de la trigonométrie plane et sphérique. Vlacq s’entendit avec le savant anglais, et il fit paraitre ce grand travail à Gouda, en 1626, sous le titre de Trigonometria Britannica. in-fol. La même année il mit au jour un autre volume dont il était l’auteur: Trigonometria artificialis, sive magnus canon triangulorum logarithmiticus ad dena scrupula secunda, etc. On y trouve les sinus et les tangentes logarithmiques jusqu’à dix décimales, la table de Briggs pour les 20,000 premiers nombres et diverses explications utiles. Voulant populariser de plus en plus l’usage des calculs auxquels il dévouait son existence, Vlacq fit paraitre, en 1636, un volume d’un usage plus facile et d’un prix moins élevé que ses in-folio: c’était un abrégé de la Trigonometria artificialis; il l’ntitula Tabula sinuum, tangentium, et secantium et logarithmorum sinuum tangentium et numerorum ab 1 ad 10,000. L’utilité de ce livre fut constatée par diverses réimpressions et par des traductions en français et en allemand. On a même, en 1794, donné à Leipsick: une édi

XLIV..

tion nouvelle sous le titre de Thesaurus : logarithmiticus.

Z.


VLADIMIR LE GRAND, le premier czar qui ait embrassé le christianisme, est honoré par les Russes comme l’apôtre de leur nation, et l’un de ses plus glorieux souverains. Ce prince, que son père Swientoslaw avait eu d’une concubine, eut, du vivant de ce monarque, Novogorod pour apanage. Son frère, Oleg, ayant été mis à mort par Jaropolk, qui avait succédé au père, Vladimir se réfugia près des Varègues, peuples septentrionaux, connus aussi sous le nom de Norvégiens ou Normands. Ses ancêtres, Rurik, Sinéous et Trouwor étaient des aventuriers normands. Ayant pris part, pendant deux ans, aux entreprises de ces peuples guerriers, dont le nom portait la terreur dans toute l’Europe, il en réunit une troupe sous ses drapeaux, chassa les lieutenants de Jaropolk, et leur dit: « Allez avertir mon frère que je marche contre lui et qu’il se prépare à combattre.» La province de Polotzk avait pour gouverneur un guerrier varègue, appelé Rogwolod dont la fille, Rognéda, était fiancée à Jaropolk. Vladimir la demanda en mariage ; ayant essuyé un refus, il s’avança contre Polotzk, s’empara de cette ville, fit mettre à mort Rogwolod, avec ses deux fils, et épousa Rognéda. Après cet exploit il marcha sur Kiow, où Jaropolk s’enferma, n’osant tenter le sort d’une bataille. Le siège pouvait trainer en longueur; Vladimir eut recours à la perfidie. Un traître qu’il gagna persuada à Jaropolk que les habitants allaient le livrer; et ce prince se retira à Rodnia, petite place située à l’embouchure de la Rozs, dans le Dniéper. La capitale de l’empire se rendit à Vladimir, qui, par le même courtisan, fit engager son frère à venir le trouver. Un officier, dont les annales russes ont conservé le nom, Variajko, employa tous les moyens pour dissuader son prince ; au mépris de ses instances, celui-ci se rendit à Kiow. Vladimir l’attendait dans le palais de leur père, où. il le fit lâchement assassiner (980). Les Varègues, qui l’avaient aidé à commettre ce fratricide, devenaient trop puissants; ils auraient donné des lois à Vladimir ; mais ce prince avait su intéresser à sa cause les Slave-Novogorodiens, les Tchoudes et les Krivitches.