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BIOGRAPHIE UNIVERSELLE.


B


BONGARS (Jacques), calviniste, conseiller et maître d’hôtel de Henri IV, l’un des plus habiles critiques de son temps, naquit à Orléans en 1546. Il étudia les belles-lettres à Strasbourg, sous un professeur anabaptiste ; et le droit à Bourges, sous Cujas. Henri IV, soit comme roi de Navarre, soit comme roi de France, l’employa pendant près de trente ans dans les cours d’Allemagne, en qualité de son résident ou de son ambassadeur, et en retira de très-grands services dans les négociations les plus importantes. On dit que, s’étant trouvé à Rome lorsque Sixte V fulmina sa fameuse bulle d’excommunication contre ce prince, Bongars y fit la réponse hardie qui est sous son nom dans le 1er volume des Mémoires de la Ligue, et qu’il eut l’audace de l’afficher lui-même au champ de Flore. Cependant il est certain, par son journal conservé dans la bibliothèque de Berne, qu’étant parti de Vienne en Autriche, au mois de mai 1585, pour se rendre à Constantinople, il n’y arriva que le 25 juillet suivant, de sorte que, pour peu qu’il y ait séjourné, il n’est guère vraisemblable qu’il ait pu faire à Rome la réponse qu’on lui attribue et qui est datée du 6 octobre de la même année. Bongars mourut à Paris, le 29 juillet 1612, a 58 ans, avec la réputation d’un très-honnête homme et d’un savant distingué. Il avait acquis une grande partie des manuscrits de la bibliothèque de St-Benoit-sur-Loire, dispersés lors du pillage de cette abbaye par les calvinistes ; plusieurs de celle de la cathédrale de Strasbourg, dissipés dans les mêmes troubles, et les restes de ceux de Cujas. Cette précieuse collection passa depuis dans la bibliothèque de Berne, qui possède en outre un recueil de plus de 12 vol. in-fol. de mélanges concernant l’histoire et les intérêts publics d’Allemagne, de Hongrie, de Bohème, de la succession de Juliers, fait par Bongars, dans le temps qu’il résida dans les diverses cours de l’Empire. J. Sinner, bibliothécaire

de Berne, a donné la notice de tous ces manuscrits, ainsi que du journal de son voyage à Constantinople, et d’un recueil de ses lettres inédites très-utiles pour l’histoire du temps. Ses ouvrages imprimés sont : 1° un recueil des historiens des croisades, sous ce titre : Gesta Dei per Francos, sive Orientalium expeditionum et regni Francorum Hierosolymitani scriptores varii coœtanei, in unum editi, Hanau, 1611, 2 t. en 1 vol. in-fol. ; ce recueil, que l’on joint quelquefois à la Byzantine, contient une mappemonde de Sanudo, et d’autres cartes intéressantes pour l’histoire de la géographie. Ludewig a consacré un des sept volumes de ses Reliquiæ manuscriptorum omnis ævi, Francfort, 1750, in-8°, à recueillir toutes les variantes et notes sur les divers auteurs réunis dans la Gesta Dei per Francos. 2° Jacobi Bongarsii Epistolæ, Leyde, 1611 ; Strasbourg, 1660, in-12. Cette dernière édition n’en contient qu’une partie ; les mêmes, traduites en français, avec le latin à côté, par les écrivains de Port-Royal, sous le nom de Brianville, pour l’éducation du dauphin, Paris, 1668, 1680, 2 vol. in-12 ; La Haye, 1695. Dans cette dernière édition, on a retouché le style de la traduction, rétabli divers passages retranchés dans l’édition de Paris, et ajouté trente-quatre lettres françaises, qui n’avaient pas été imprimées avec les latines. La 1re partie du recueil contient les lettres de politique adressées aux princes, aux ministres, etc. ; la 2°, celles de littérature, à Camérarius, ami de l’auteur. Son style est pur, correct, élégant, naturel, presque digne du siècle d’Auguste, quoiqu’il n’ait pas affecté, comme les Bembo et les Mauuce, d’en bannir toute expression qui ne se trouverait point dans Cicéron. 5° Collectio Hungaricarum rerum Scriptorum, Francfort,1600, in-fol. 4° Une édition de Justin, avec d’excellentes notes, Paris, 1581, in-8°. On a encore de ce savant homme des notes sur Pétrône, des variantes de Paul Diacre. Sinner a fait imprimer à Lausanne, 1759, in-8°, des Extraits de quelques poésies aux 12e, 13e et 14e siècles, tirées des manuscrits de Bongars.


BONGARS (Joseph-François-Marie, chevalier de), né le 11 mars 1758, lieutenant du roi de l’école militaire, avec titre de colonel, a publié une traduction française des Institutions militaires de Végèce, Paris, 1772, in-12. Il a aussi traduit en français l’Éloge de Philippe V, roi d’Espagne, composé par don Joseph Vieyra de Clavijo, Lodi, 1780, in-8°.

Auteur:Fabien Pillet


BONGARTEN (Anichius), gentilhomme allemand, chef de grande compagnie d’armes en Italie, rassembla, au milieu du 11e siècle, un grand nombre de ces aventuriers qui se mettaient à la solde des puissances belligérantes pour combattre en leur nom, et qui les quittaient ensuite pour vivre de pil-