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BUB

entière paraissait attaché. Ce fut à lui que Louis XI attribua principalement le mérite de la victoire. Le roi traita avec une magnificence royale les douze députés suisses qui lui furent envoyés, et donna à Bubenberg, qui se trouvait a leur tête, des marques de la plus haute considération. Dans les affaires relatives a la succession de Bourgogne, le vainqueur de Morat fut de nouveau envoyé, l’année suivante, a la cour de Louis, ou l’objet de sa mission avait changé en haine et en froideur la reconnaissance et l’empressement qu’on lui avait montrés auparavant. Mais, fidèle à ses vertus et a son caractère, aussi inflexible d’incorruptible, Bubenberg, lorsqu’il vit fléchir ses collègues (Waldmann de Zurich, et Imhof du canton d’Uri), se déguise en ménétrier, revint à Berne en 1468, et y mourut en 1479. U-1.


BUBNA et LITTIZ (Ferdinand, comte de), général autrichien, était né à Zamersk en Bohême, d’une famille très ancienne, qui possédait le château de Littiz, devenu fameux sous George Podiébrad, par sa belle défense contre Mathias Corvin. Des orages politiques et des malheurs de famille l’avaient amené à un tel état de détresse, que, dans sa seizième année, se trouvant sans fortune et avec une éducation négligée, il fut oblige d’entrer au service comme cadet dans un régiment (l’infanterie. Il assista d’abord au siège de Belgrade, et quatre ans après (10 décembre 1788), il fut nommé porte drapeau. Mais le hasard et ses qualités personnelles lui procurèrent bientôt un avancement plus rapide. Un jour qu’il se trouvait à diner chez son colonel, le comte Kinski, frappé de sa tournure martiale, le lit entrer comme lieutenant dans le régiment de dragons qu’il commandait et qui vint peu de temps après à Vienne. Le jeune Bubna eut occasion de se faire remarquer par le sang-froid et le courage qu’il déploya lorsque, se trouvant de garde au Prater, un jour ou l’aéronaute Blanchard y faisait une ascension, il parvint à réprimer la multitude prête à se soulever. Bubna fit ensuite, avec son régiment, les premières campagnes de cette longue guerre contre la France. qui éclata en 1792 ; il se distingua à l’attaque de Manheim le 18 octobre 1795, et fut nomme capitaine en second. Dans la campagne suivante, le régiment de Kinski étant passé sous les ordres du prince Jean Lichtenstein, charge de protéger la retraite du prince Charles, il déploya encore une grande valeur, notamment le 5 aout, où il se distingue dans une affaire d’avant-garde près d’Arlon. Lorsque le prince Charles reprit l’offensive, Bubna fut chargé d’une expédition sur Neumarck, et contribua beaucoup à jeter le désordre dans les rangs de l’ennemi. Lors du dernier combat, ayant reçu l’ordre de lier les communications de l’armée et ayant complétement réussi dans cette mission, l’archiduc Charles, très-satisfait du compte qu’il en rendit, l’employa dans les postes les plus honorables. Après l’affaire du 5 octobre 1790, où Bubna avait déployé une si grande valeur, le prince Lichtenstein s’exprima ainsi dans son rapport au général en chef : à Les services que cet officier a rendus « pendant cette campagne sont si nombreux et si a importants qu’il a incontestablement des droits à a un avancement..." Bubna fut, en conséquence, nommé chef d’escadron, et, au commencement de l’année 1799, le prince Charles le prit à sa suite, d’abord comme officier d’ordonnance, puis comme aide de camp avec le grade de major. Pendant la suspension d’armes sur la Limath, il l’envoya en Italie, chargé d’une communication verbale pour le feld-maréchal Souvrarow. Bubna s’acquitta de cette mission avec beaucoup d’intelligence ; il rejoignit l’armée d’Allemagne au moment où elle venait de faire lever le siège de Philisbourg et marchait sur Manheim. Le 18 septembre, jour mémorable ou Passant fut donné à cette ville, l’archiduc confia in son aide de camp le commandement d’une des deux colonnes qui enlevèrent les retranchements de la Neclterau et pénétrèrent dans la ville. L’année suivante (mars 1800), le général Kray, ayant pris le commandement de l’armée, conserve Bubna au nombre de ses aides de camp, et lui donna la mission d’établir avec le comte Lehrbach et le ministre anglais Wickham les points de réunion, les dépôts, les magasins, etc. Le 5 mai au soir, veille du jour ou Moreau devait avec trois divisions, attaquer l’armée autrichienne près d’Engen et de Stockach avec intention de couper sa retraite ou de séparer ses différents corps, Buhna, dans une reconnaissance dont il fut chargé, remarque Pitnportance du défilé d’Ach sur la route d’Engen et de Stochach, et il y établit deux bataillons d’infanterie pour le défendre. Kray approuva cette disposition et envoya deux régiments de cavalerie pour soutenir ces deux bataillons. Les événements du jour suivant prouverent la justesse du coup d’œil de Bubna. Peu de temps après, il fut envoyé à Vienne pour faire connaître à l’empereur la position critique de l’armée. Des qu’il fut revenu avec de nouvelles instructions, le général en chef l’envoya, pendant la suspension d’armes conclue à Pardorf, visiter Ingolstadt, Ulm et Philisbourg abandonnées a leurs propres forces. Il fit approvisionner ces places et sut relever le courage des garnisons. L’empereur François s’étant alors rendu à son armée de Bavière, Bubna fut nommé lieutenant-colonel et attaché au comte Lamberti, premier aide de camp de l’Empereur ; puis, comme adjudant de l’archiduc Charles, il fut chargé de défendre la Bohème. Lorsque ce prince reprit le commandement de l’armée, Bubna devint son adjudant général et fut envoyé plusieurs fois au quartier général de Moreau comme négociateur. Après la cessation des hostilités, l’archiduc Charles étant chargé de la direction du conseil aulique, et spécialement du département de la guerre, y plaça Bubna qui avait été nomme colonel le 1er mars 1801, et qui, plus avide d’instruction que d’avancement, se rendit ai Berlin pour assister aux manœuvres d’automne et observer l’organisation de l’armée prussienne. Deux ans plus tard, il accompagna l’archiduc Charles aux camps de manoeuvres de Pest, Turas, près de Brunn, et Lupotin, près de Prague. C’est dans ce dernier voyage que, passant par Kœnigsgratz, il eut le malheur de se casser une jambe, ac