Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/107

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Priapus, je n’ai rien à vous dire que ce que nous lisons dans Strabon. « Priapus, dit-il, est une ville sur la mer avec un port ; elle fut bâtie selon les uns, par les Milésiens, selon les autres, par les habitans de Cisyque ; elle tire son nom du dieu Priape, qu’on y tient en grande vénération, soit que son culte y ait été transporté d’Orneae, ville voisine de Corinthe, soit que ce dieu étant né de Bacchus et d’une nymphe, on ait été porté naturellement à l’honorer dans un pays couvert de vignobles. » Les vignobles, qui couvraient la côte de Priapus, si on en croit les traditions anciennes, s’étendaient sur toute la rive, d’un côté jusqu’à Lampsaque, et de l’autre jusqu’à Cisyque. Le peu de vin qu’on recueille encore dans ces contrées est le meilleur de l’Orient ; on doit regretter qu’une terre si favorable à la culture de la vigne soit tombée sous la domination d’un peuple qui ne boit que de l’eau ; si la civilisation vient à faire quelques progrès en Turquie, et que la liqueur de Bacchus y soit appréciée, comme tout semble l’annoncer, il faut croire que les rivages que nous venons de parcourir retrouveront la gloire et les avantages qu’ils avaient dans l’antiquité, et que le dieu des vendanges y ramènera les plaisirs, et les joies célébrés par les poètes des anciens jours.

Quoique la journée fut avancée, nous avons voulu, nous rendre jusqu’aux étangs dans lesquels se perd le Granique : ces étangs sont à deux milles